en maîtres dans les contrées où ils s’établissent. Réunis en troupes nombreuses
ils couvrent les arbres des forêts, attaquent ouvertement les ennemis qu’ils se
sentent la force de combattre , et éloignent par leur nombre et l’importunité de
leurs cris, ceux qu’ils pourraient redoutèr ; ils n’ont à craindre que les espèces
de chats de taille moyenne, qui, en montant aux arbres comme eux, viennent
les surprendre dans le silence et l’obscurité de la nuit. Cependant, malgré ses
nombreux moyens de conservation , cette espèce ne paraît pas occuper une
grande étendue de pays; rien ne prouve encore qu’elle soit sortie des limites
de la Barb arie et de l’Egypte, et des parties méridionales de l’Espagne. Si l’on
a assuré le contraire, c’est-à-dire qu’elle se rencontre dans toute l’Afrique, à la
Chine, aux Indes, on l’a fait, il nous semblé, sans preuve suffisante; et jusqu’à
ce que des notions plus précises aient été acquises sur ces animaux, on doit regarder
les contrées septentrionales de l’Afrique comme leur patrie principale.
Le M a g o t appartient à un groupe très-naturel auquel le Macaque a donné
son nom, et qui contient encore quatre ou cinq autres espèces. Son museau
large et saillant, ses yeux rapprochés et enfoncés sous d’épais sourcils, le peu
d’étendue de son front, la brièveté de son cou, ses fortes canines et son corps
épais et ramassé, font deviner au premier aspect son naturel grossier et sauvage.
Tous ses sentiments, peut-être, se manifestent sur sa figure par une seule grimace
dans laquelle, en tirant ses joues, il-rétrécit ses lèvres et montre ses dents,
seulement on le voit quelquefois témoigner son contentement en remuant la mâchoire
inférieure et en faisant un petit bruit avec sa langue.
Cet animal a huit incisives tranchantes à chaque mâchoire , deux canines
et cinq molaires. Les deux premières de ces dernières dents ont deux tubercules
à leur couronne, les trois autres en ont quatre, excepté la dernière de
la mâchoire inférieure qui en a cinq : elle est terminée par un talon qui
l’agrandit sensiblement. Leurs yeux, dans toutes leurs parties, sont semblables
à ceux de l’homme, ainsi que l’oreille, dont là conque cependant s’allonge en
pointe, sans toutefois se ployer encore en cornet. Le nez n’a presque rien de
saillant, et les narines, semblables à deux fentes, forment entre elles à-peu-près
un angle droit. La langue est douce, les lèvres minces, mais très-extensibles, et
les joues ont, en-ded,ans de la bouche, les poches que l’on connaît sous le nom
d’abajoues. Les fesses ont des callosités, mais elles ne sont point nues comme
celles des cynocéphales, et il n’y a point de queue. Les mains et les pieds ont
cinq doigts avec des ongles plats et des pouces distincts, très - développés aux
pieds, et très-petits aux mains. La verge est terminée par un gland piriforme,
et dans son état ordinaire elle rentre entièrement dans le scrotum qui devient
fort grand dans les individus adultes. La vulve consiste dans une ouverture
longitudinale très-simple, au bas de laquelle se trouve le clitoris. Les mamelles
sont sur la poitrine, il y en a deux.
Le M a g o t marche habituellement à quatre pattes, mais sans aisance; il est
sur-tout conformé pour grimper, comme tous les autres quadrumanes, aussi
monte-t-il aux arbres avec une étonnante facilité; pour se* reposer il s’assied, et
lorsqu’il veut dormir il se couche sur le côté, ou, restant assis, il laisse retomber
sa tête entre ses jambes de derrière; il porte ses aliments à sa houche avec
LE MAGOT. 3
ses mains, ou bien il les ramasse avec ses lèvres; et il approche de son nez, pour
le flairer, tout ce qu’il ne connaît pas, ou tout ce qui lui est suspect; il s’habitue
à toutes les nourritures ; dans son état de nature il vil principalement de
fruits et de feuilles. Les aliments qui lui conviennent le mieux en esclavage ce sont
les fruits, le pain et les légumes cuits, sur-tout les carottes et les pommes-de-terre;
il boit en humant. Lorsqu’il est en colère, ses mâchoires se remuent avec une
etonnante rapidité, ses mouvements deviennent brusques, et il fait entendre une
voix forte et rude qui devient assez douce quand il éprouve un sentiment plus
calme. N’ayant besoin d’aucune arme offensive il a, pour se défendre, ses fortes
canines et ses doigts, dont les ongles épais et longs font, quoique plats, de
profondes blessures. Le penchant naturel qui le porte à vivre en troupe le
porte aussi, lorsqu’on le tient en esclavage, à adopter les petits animaux qu’on
lui donne; il les transporte par-tout avec lui, en les tenant fortement embrassés,
et il se met en colère dès qu’on veut les lui ôter; il se plaît sur-tout à chercher
dans leurs poils les moindres saletés, qu’il porte aussitôt à sa bouche, et ce soin
paraît beaucoup lui plaire; lorsqu’un M a g o t éprouve quelque bienveillance pour
son maître, cest en épluchant ses mains ou sa tête, qu’il le lui témoigne. On
assure que ces animaux ont pour leurs petits une tendresse et des soins remarquables,
qu ils ne les quittent jamais et les tiennent d’une grande propreté. Il est
arrive souvent aux M a g o t s de se reproduire en esclavage; mais ce phénomène
n’a eu lieu que chez, des montreurs d’animaux qui n’en ont point examiné les
circonstances. Nous ignorons donc encore tout ce qui a rapport à la reproduction
chez ces animaux.
Les plus grands M a g o t s , ne dépassent jamais la taille d’un chien de moyenne
grandeur. Voici les proportions de celui que nous avons fait représenter, et qui
était fort beaü.
Hauteur au train de devant, . . . . ...................... . i pied. 7 pouces.
de derrière, ....................................... 1 5 9 lignes.
Longueur du corps, de la nuque aux fe s s e s , 1 7 9
— de la tête, de l’occiput au bout du museau, » 7 »
Il avait le sommet et les côtés de la tête, les joues, le cou, les épaules et la
partie du dos qui leur correspond, le devant des membres antérieurs, d’un jaune
doré assez vif, mélangé de quelques poils noirs; chaque poil était gris-foncé
à sa base et annelé de jaune et de gris dans le reste de sa longueur; les autres
parties supérieures du corps étaient d’un jaune beaucoup plus grisâtre. Sur ces
dernières parties on voit des bandes transversales noirâtres, très-apparentes, mais
accidentelles , et qui sont dues , en grande partie; à ce que les poils se séparent
par bandes et laissent voir leur partie inférieure qui est d’un gris foncé, et aussi
à ce ■ que des poils noirs qui sont mélangés avec le pelage , se développent surtout
par bandes. Toutes les parties inférieures ainsi que la face interne des
membres étaient d un gris-jaunâtre, et il en était de même des poils qui garnissent
les joues , sur les mâchoires inférieures. Quelques poils noirs, avec le bout
jaune, se montrent à 1 angle interne de l’oeil, et forment là une petite tache noirâtre,
qui descend obliquement sur la joue. La face était nue et entièrement d’une
couleur de chair livide, ainsi que les oreilles dont les bouts étaient couverts de