U n e importante question a souvent été agitée par les naturalistes; on en retrouve
les traces dans la plus haute antiquité, et elle a servi de texte aux savants les
plus célebres de nos jours. Il s’agit de savoir: si les faits suffisent pour rendre
vraisemblable cette opinion: que la nature n’a originairement créé que des
germes qui se sont développés conformément aux influences qui les environnaient,
de manière à donner pour résultat les diverses espèces que nous connaissons.
Le développement des germes aurait été d’autant plus grand que les
influences, au milieu desquelles ils se seraient trouvés, auraient été plus favorables;
et les animaux, dont l’organisation est la plus simple, tels que les
polypes, seraient plus près de l’oeuvre immédiat du Créateur, que les animaux
moins imparfaits, l’homme et les mammifères. Ceux-ci ne sèraient que lè produit
de causes secondaires, et ne seraient arrivés à l’état de perfection, ou plutôt de
complication qu’ils ont atteint, qu’après avoir passé par tous les intermédiaires
qui les séparent des êtres simples.
Ce système, susceptible des plus brillants développements, et très-propre
il faut en convenir, à montrer la puissance qui créa l’ univers, telle que nous
devons la concevoir: c’est-à-dire, aussi simple dans ses moyens qu’immense
dans ses vues et qu’infinie dpns ses résultats, a cependant été combattu avec
assez de force pour le rendre douteux, et même pour le faire rejeter par ces
esprits sévères qui ne voient la grandeur que dans la vérité et ne permettent
jamais à l’imagination de suppléer l’expérience.- Les faits principaux qui servent
de base à ce système, les seuls même sur lesquels il s’appuie, sont les variations,
souvent considérables, que nous observons chez nos mammifères domestiques,
et que nous ne pouvons en effet attribuer qu’à des causes secondaires
et accidentelles. Il ne s’agirait que d’admettre des circonstances différentes,
que l’étude de notre globe rend très-vraisemblables, pour qu’il ne soit pas
plus difficile de montrer que l’orang-outang est de la même espèce que l’homme,
quil ne l’est de montrer que les différences qui caractérisent nos divers chevaux
, ou nos divers chiens , ne sont que des différences de races.
Malheureusement il est une difficulté que l’admission de ces influences, plus
fortes , plus actives , ne détruirait pas. Dans le système de la seule création