LE DROMADAIRE BRUN.
c. serait un sujet de recherche curieux et utile que celui qui aurait pour objet
l’histoire de l’introduction des animaux domestiques parmi nous. Il en est peu
qui soient originaires des pays où ils se trouvent aujourd’hui. La plupart sont
sans doute descendus dans nos régions occidentales dès contrées d’où notre
espèce est descendue elle - même. Mais pourquoi n’a-t-elle été suivie dans son
émigration que par un petit nombre des races qu’elle s’était soumise? pourquoi
le Dromadaire et le Chameau ne l’ont-ils pas accompagnée, ne lui ont-ils' pas
prêté leurs secours, comme l’âne et le cheval? car il n’est pas possible de supposer
que les uns ne soient pas d’une origine aussi ancienne que les autres, que
les premiers n’aient pas été domestiques comme les seconds , lorsque les nations
caucasiques se dirigèrent vers les parties occidentales de l’Europe. Les monuments
de l’histoire les plus anciens ne laissent sur ce point aucune incertitude, et
c’est incontestablement à d’autres causes qu’il faut attribuer la différence que
ces animaux nous présentent dans leur répartition sur la surface de notre
continent. La température, qui a. une si grande influence sur la vie, ne peut
cependant être admise au nombre de ces causes ; car nous voyons le Chameau
et le Dromadaire s’avancer en Asie, très-loin dans le Nord, avec les peuples qui les
possèdent, et supporter, sans souffrir, un froid beaucoup plus grand que celui
qu’ils éprouveraient chez nous ; nous les voyons même, lorsqu’un hasard nous
en procure, se conserver et se reproduire dans nos provinces, comme nos
autres animaux domestiques. Une force différente les a donc repoussés de nos
contrées, tandis qu’ils se sont étendus sous la zone torride jusqu’aux rives
occidentales de l’Afrique, où les déserts sont devenus pour eux une nouvelle
patrie. En considérant ce qu’ont de commun les stèpes de l’Asie, où le Chameau
et le Dromadaire semblent avoir existé de tout temps, et les plaines
sablonneuses et arides de l’Afrique, et en quoi ces contrées diffèrent des nôtres,
nous sommes conduits à penser que les terrains secs et unis sont essentiels à
l’existence de ces animaux ; et en effet il paraîtrait qu’ils ne peuvent marcher
qu’avec beaucoup de peine l’un et l’autre dans les terrains humides ou rocailleux ;
leurs pieds ne s’attachent point à un sol mobile, ils glissent, leurs longues
jambes de derrière s’écartent, et il en résulte pour eux de si grandes fatigues,
de si graves accidents, qu’ils finissent par succomber : c’est un point sur lequel
tous les voyageurs s’accordent ; et si cette difficulté n’était plus insurmontable
aujourd’hui que nos moyens industriels se sont accrus, que nos routes sont construites,
elle devait l’ptreabsolument pour des peuples grossiers qui pénétraient
dans des pays sauvages, où de vastes forêts entretenaient une constante humidité.
Le cheval et l’âne, au contraire, semblent mieux faits pour les sols humides.