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LE CHIEN LÉVRIER.
L orsque l’on compare les différentes races de Chien par un de leurs caractères
distinctifs les plus importants, la forme et les proportions de la tête, on voit que
le Lévrier termine la série de celles dont le front s’abaisse et dont le museau
s allonge, en prenant le Chien le plus voisin de l’état sauvage, pour le tvpe de
toutes les autres races.
Cet abaissement du front a pour cause l’oblitération des sinus frontaux, de
ces cavités qui se forment à la base du nez, et qui, étant en connexion immédiate
avec les cavités nasales, et revêtues des mêmes membranes qu’elles, accroissent
le sens de l’odorat; et il est ordinairement accompagné d’un amincissement
et dun allongement extraordinaire des jambes, ainsi que d’un grand rétrécissement
de l’abdomen : phénomène qui n’est point expliqué, et qui est d’autant
plus remarquable, qu’il est sans exception.
Cette oblitération des sinus frontaux, en affaiblissant l’odorat des Lévriers, a
contribué peut-être au développement de leurs autres sens, par la nécessité où
elle a mis ces animaux de les exercer exclusivement. En effet, ils ont la vue
excellente et l’ouïe très-fine; et quoique aussi domestiques qu’aucune autre race,
ils n’ont la conque de leur oreille qu’à demi pendante, et ils conservent, malgré
cela, la faculté de la redresser et de la mouvoir presque aussi facilement que les
races de Chien les plus sauvages. Leur pelage se compose essentiellement de poils
soyeux; et les races pures n’ont point le cinquième doigt qui se développe chez
d’autres Chiens. Enfin, leurs organes génitaux sont bien moins développés que
ceux de quelques autres races.
Ces Chiens sont peu susceptibles d’éducation; leur intelligence est assez bornée;
ils ne concevraient qu’avec peine ce que d’aütres races concevraient facilement:
mais, si leur intelligence est faible, leurs sentiments sont puissants; ils
sont, plus quaucun autre Chien, sensibles à l’affection qu’on leur porte, aux caressés
quon leur fait; un accueil bienveillant leur cause même une émotion si
vive, 'à en juger par les mouvements violents et irréguliers de leur coeur, que
l’on conçoit à peine qu’ils puissent la supporter. C’est à cette sensibilité exquise
pour les bons traitements, jointe au peu d’étendue de leur esprit, qu’il faut
attribuer sans doute le défaut assez général qu’ils ont de ne point éprouver
d’attachement exclusif, et de témoigner, sinon la même affection, du moins la
même bienveillance à tous ceux qui les traitent avec bonté.