parties accessoires ; le nez dépasse de beaucoup les mâchoires, sans être toutefois
aussi avancé que celui des Coatis, et il est terminé par un appareil glan-
duleux au bout duquel sont ouvertes les narines qui se prolongent sur les côtés,
en remontant par une ligne courbe ; la langue est douce , et les lèvres sont
extensibles; les oreilles sont élliptiques et d’une.structure fort simple. La plante
des pieds pourrait être un organe du toucher : la peau en est délicate, et on
dirait qu’en effet ces animaux s’en servent quelquefois pour palper. La verge,
presque entièrement osseuse , et dirigée en avant dans un fourreau attaché à
l’abdomen, a.une forme assez particulière : son gland, très-arrondi, et divisé par
un sillon, se recourbe en enbas; ce qui semble motivé par le vagin qui n’a
l’apparence que d’une simple ouverture de l’abdomen où il semble pénétrer
perpendiculairement. Les testicules sont en partie cachés sous la peau ; il y a six
.mamelles. Les pieds de devant ont cinq doigts garnis en dessous de tubercules
épais, le plus court de tous est le pouce; le petit doigt vient après pour la
longueur; ensuite le doigt placé à côté du pouce, et les deux qui restent et qui
sont les plus grands sont égaux; ils ont tous des ongles fouisseurs, longs et
forts, et l’on voit à la paume cinq tubercules très-élastiques : un assez fort
vers le poignet, un autre à la base du petit doigt, un troisième à l’origine du
pouce, un quatrième vis-à-vis du second doigt, et le cinquième à la base des
deux plus grands doigts. Les pieds de derrière sont exactement conformés comme
ceux de devant pour les doigts, les ongles et les tubercules; seulement comme
le tarse est beaucoup plus long que le carpe, le premier tubercule est plus éloigné
du talon qu’il ne l’est du poignet.
Ces animaux sont plantigrades, cependant ils ne posent point, en marchant,
la plante entière des pieds à terre. Leur allure est lourde et embarrassée; ils se
dréssent facilement sur leurs pieds de derrière, et peuvent saisir avec les pieds
de devant; mais en les rapprochant l’un de l’autre, et non pas en empoignant:
les doigts ne se ploient pas assez en dedans pour cela. C’est souvent de cette
manière qu’ils portent leurs aliments à leur bouche ,-îaprès les avoir plongés
dans l’eau et les avoir roulés entre leurs mains, sans qu’on puisse juger à quoi
cette singulière action leur est utile. Ils ne voient pas très-distinctement les objets
dans une grande lumière; durant le jour ils restent courbés en boule,
assis sur leur derrière, et la tête ramassée entre les cuisses : c’est la nuit qu’ils
ont le plus d’activité et qu’ils cherchent leur nourriture dont les vers, les insectes,
les fruits et les racines font la plus grande partie; ils vont furetant partout,
et les coins les plus retirés, les trous les plus petits semblent sur-tout
exciter leurs recherches. Ils montpnt fort bien aux arbres où sans doute ils
vont surprendre ou dénicher les oiseaux. Ils boivent communément en humant,
et il paraîtrait que l’eau leur est très-nécessaire. On dit qu’ils recherchent
les bords des rivières et de la mer où ils vont prendre des mollusques et des
poissons qu’ils aiment beaucoup. Leur odorat est fort délicat; mais non pas leur
ouïe. Ils sont communément très-gras, ce qui, joint aux proportions des diverses
parties de leur corps et au pelage épais dont ils sont revetus, leur donne cette
forme arrondie, si éloignée de celle qui caractérise les carnassiers d’un ordrp
plus élevé, et si semblable à celle des ours. Leur queue, très-touffue , ne paraît
etre pour eux d’aucune utilité;
Ce sont des animaux qui s’apprivoisent aisément ; c’est-à-dire qui se fami-
hansent sans peine; ils vont même jusqu’à rechercher les caresses, mais non
pas jusqua obéir et à s’attacher. Aussi est-on obligé de les tenir à la chaîne
pour les empecher de reprendre leur liberté et de retourner à l’état sau v a i :
la captivité leur fait bien contracter des habitudes nouvelles , mais ils ne perdent
pas pour cela le sentiment de l’indépendance.
La couleur générale de leur corps est d’un gris-noirâtre, plus pâle sous le
ventre et sur les jambes, et résultant de poils annelés de noir et de blanc sale.
La queue a cinq à six anneaux noirs sur un fond blanc-jaunâtre. Les oreilles sont
blanches; le museau, blanchâtre en avant, a une tache noire qui embrasse l’oeil
et descend obliquement jusque sur la mâchoire inférieure; entre cette tache
et oreille, sur les joues et les sourcils, les poils sont presque tout-à-fait blancs
et assez longs, et ils se dirigent en enbas; le chanfrein est noir; sur tout le reste
du museau les poils sont très-courts ; mais de longues et fortes moustaches garnissent
la levre supérieure. Les quatre pieds ne sont aussi couverts que d’un
poil très-court. *
glplès animaux ont deux sortes de poils; le laineux est gris foncé et très-épais, le
soyeux annelé, comme nous l’avons dit, de noir et de blanc sale. Le pelage
qui en résulte est très-fourré, et doux, ce qui doit en faire une pelleterie assez .
bonne. Ils se trouvent fort avancés vers le nord, dans l’Amérique septentrionale:
M a c k e n z i e dit en avoir trouvé sur les bords de la rivière Rouge', c’est-à-dire
du 45 au 5o° degré de latitude. D’un autre côté, ils descendent assez bas vers
le midi : d A z a r a le décrit comme un animal du Paraguai.
Le R a t o n a été apporté très-fréquemment en Europe. C’est un des animaux
les mieux connus quant à l’organisation et au caractère. Cependant il ne l’est '
guère quant à ses habitudes naturelles. Nous, ne connaissons sur ce sujet qu’une
lettre écrite à B u f f o n , o ù l’on trouve quelques détails, curieux, et qui est insérée
dans le 3" 'volume in-4° de‘ses Suppléments; mais on- n’a-encore aucune notion
des circonstances dans lesquelles il se reproduit et se développe; on ne sait pas
précisément quels sont les moyens qu’il emploie pour se procurer sa nourriture
ou pour se défendre contre ses ennemis; en un mot, son histoire physique
est connue, mais son histoire naturelle l’est assez peu. Les femelles sont un
peu plus petites que les mâles; du reste, elIesTeur ressemblent.
Tout ce que j’ai dit dans cet article, comme propre à l’espèce entière, est le
résultat de ce qui a été observé sur un assez grand nombre de R a t o n s que
notre ménageiie a possédés ; et c’est exactement ce qui avait déjà été” dit plusieurs
fois. C’est que l’esclavage où nous sommes obligés de tenir ces animaux
étant toujours très-étroit et à-peu-près le même, ils se présentent nécessairement
toujours à nous de la même manière. Pour les juger à d’autres égards, il faudrait
les voir dans d’autres conditions, c’est-à-dire assez libres et dans des rapports
assez étendus pour que leurs facultés puissent recevoir quelque dévelop-
pement.