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LE COUGOUAR.
L e s premières relations que les Européens donnèrent de l’Amérique, après sa
découverte, offrent un exemple remarquable de l’influence du langage et des idées
sur le jugement; exemple qui se renouvelle au reste chaque jour, mais qui nulle
part ne s est montre d’une manière plus manifeste qu’à l’époque de cette grande
découverte, parce que nulle part on n’a eu à apprécierà-la-fois toutes les productions
dun nouveau monde. Il semblerait que l’esprit a d’autant moins d’indépendance
que ses idees sont mieux acquises, et que pour éclairer les hommes il faudrait
autant les tirer de- leur savoir que de leur ignorance. En effet, les Espagnols ne
virent dans les animaux qu’ils rencontrèrent en Amérique que ceux qu’ils avaient
vus en Europe, et ils leur appliquèrent les mêmes noms. Le pécari fut un cochon
e lama un mouton, le sangue un renard, le jaguar une panthère,et le C o u g o c a e fut
le bon, e tc, etc Mais ce qu’il n’est peut-être pas. hors de propos de faire remarquer
ici, cest la différence qui se trouve entre la description de ces objets nouveaux
par les nations européennes, et celle que nous donnèrent les Anciens des objets
inconnus qui s’offrirent à eux lorsqu’ils pénétrèrent dans l’Afrique et dans l’Inde
Les premiers appliquèrent faussement des noms, ou les employèrent d’une manière
figurée, sans rien ajouter d’imaginaire à ce qu’ils voyaient; les autres par
contre, exagérèrent tout ce qu’ils eurent à faire connaître, et composèrent ordinairement
leurs animaux de l’assemblage le plus bizarre et le plus monstrueux
comme le témoigné sur-tout le monument que Pline nous en a laissé dans sa riche
et précieuse compilation.
L’erreur que l’on commit en prenant le Cougouar pour un lion n’a rien au reste
de fort étonnant. Le genre des chats est si naturel, les espèces qui le composent
ont une organisation tellement semblable, que toutes les fois qu’un de ces
animaux a à-peu-près la taille et les couleurs d’un autre, les naturalistes eux-
memes se trouvent embarrassés pour les distinguer. Or, le Cougouar approche
de la taille d une petite lionne, et il en a la couleur générale. Toutes les parties
supérieures de son corps sont d’un roux sombre, qui résulte de poils roux avec
le bout noir, et qui est plus foncé sur le dos, la tête et le dessus de la queue
que sur les côtés; le ventre est d’un roux pâle; la poitrine, l’intérieur des cuisses
et. des’ jambes sont d’un blanc-roussâtre; et la mâchoire inférieure et le dessous -
de la gorge entièrement blancs. L’intérieur de l’oreille est blanchâtre, et l’extérieur
noir, excepté le petit lobule externe qui est gris-roussâtre. Le bout de la queue
est noir, et le museau couleur de chair-et il y a beaucoup de gris dans les poils
e a tete. Les moustaches de la lèvre supérieure des côtés des joues sont blanches,