
Defcription
d'un pifton
fa n s frottement
, nouvellement
irnafn-
PtAN. 4.
Jm- i.
ï i o .. A rchitecture HyDrauiique , Livre III.
mais comme de cette adhéfion il en réfulte un plus grand frottement
, le cuir ne peut durer long.tems. C !eil pourquoi il convient,
pour ne pas le renouvcller li fouvent, d’en mettre plusieurs l’un
lur 1 autre , afin de fortifier la bourfe qui n’en fera pas moins flexible
à fe dérober en partie aux inégalités que Iç corps de pompe
pourrait lui oppofçr ; car le frottement dont il s’agit ici eft bien
différent de celui qui eft occafionné par la rencontre des furfaces
des Corps durs. Il faudrait donc, pour qu’un pifton ne laiflat rien
à délirer, qu’il eut la propriété du précèdent, mais qu’il fût exempt
de frottement,, ce qui n’eft pas impofîîble ; il faut feulement prendre
garde de ne pas acheter cet avantage trop cher , en tombant
dans quelque inconvénient qui en diminuerait le prix.
960. Meilleurs GoJJet 6c De la Deuille, en travaillant à la com-
pofition d’une machine hydraulique extrêmement ingénieufe, 8C
dont je donnerai la defcription par la fuite, ont imaginé un pifton
entièrement exempt de frottement, 8c qui peut s’employer indépendamment
de la machine , dont il eft une partie effentielle ,
comme ils l’ont fait au Jardin du Roi à Paris, à une pompe qui
éleve de l’eau pour arrofer les plantes du même Jardin,
Le pifton dont il s’agit peut fe faire aufîi grand qu’on veut, 8£
avoir jufqù’à 3 6 pouces de diamètre , mais je n'en donnerai que
15 a celui que je vais décrire , cette grandeur me paroiflànt fufK-
fante , pour les raifons qu’on verra par la fuite. Comme il doit
agir dans un corps de pompe qui n’a rien de commun avec ceux
dont j’ai parlé jufques i c i , je commencerai par faire voir en quoi
il confifte. Il eft compofé de deux plateaux de bois de chêne ou
d’orme , ayant % 8 pouces de diamètre fur 5 d’épaiflèur ; au
milieu de chacun on creufc un vuide cylindrique de 15 pouces
de diamètre fur deux 8c demi de profondeur, ce qui forme deux
boîtes , que l’on applique l’une fur l'autre dans un fens oppofé }
leur prpfil pris diamétralement çff repréfenté par chacun des rectangles
A B C D , 8c EFGH.
Le pifton eft compofé d’une planchette circulaire Y Z , d'un
pouce 4’epaiffèur , dont le diamètre doit être un peu moindre que
celui du vuide T O Q V , pour en faciliter le jeu. Cette planchette
s'applique fur un grand cércle de cuir , ou fur plufieurs quand un
feul n’eft pas affez fo r t , en forte qu’il déborde tout autour de
6 ou 7 pouces ; enfuite on loge la planchette Y Z dans le fond de
la boîte S T V X , 8c l’on replie l'excédent tout autour du bord
ESXG de la même boîte, On applique enfuite celui de l’au-
pre boîte ABC P fur le précèdent, 8c le cuir fe trouve ferré entre
deux,
C h AP. I I I . DE IA THÉORIE DES PoMPES. j I I I
deux. Afin qu’il le foit plus fortement, 8c que les deux boîtes n’en
faflènt qu’une, on les retient enfemble par le moyen de plufieurs
boulons de fer 17 , 18 , dont les extrémités, font taillées en v is,
pour s’ajufter dans des écrous. Ainfi le pifton compofé une efpece
de bourfe 3 , 4 , 5 , 6 , qui fe retourne toutes les fois que le fond
Y Z eft attiré vers le c ie l, c’eft-a-dire, que ce qui étoit intérieur
devient extérieur.
Au fond de cette bourfe eft un trou L , couvert d’une foupape K
qui vient s’appuyer , quand elle eft levée, contre l’anfe M VM ,
à laquelle eft attachée la tige N , fervant à faire monter 8c def-
cendre le pifton. Pour cela il y a un autre trou 9,10 dans le fond
de la boîte fupérieure, qui répond au tuyau montant 13, 14, dans
lequel paftè la tige N ; ce trou eft évafé pour que le plateau puiflè
venir s’appliquer contre le ciel OQ quand le pifton monte. Dans
lé fond inférieur de la boîte,. il y a un autre trou 19 , 10 ; qui répond
au tuyau d’afpiration 1 5 , 16 , qui trempe dans l’eau qu’on
veut élever 3 ce trou eft couvert d’une foupape I , comme à l’or4
dinaire.
Quand le pifton vient à monter , l’eau qu’on fuppofe dans le
tuyau d’afpiration ouvre la foupape 1 , 8c paftè dans le vuide qui
fe forme fur la hauteur de 4 pouces , qui êft le jeu que le pifton
doit feulement avoir , pour ne pas trop affoiblir le cuir qui ne fe
foutiendroit pas long-tems s’il avoit beaucoup de portée, au lieu
que 11’ayant tout au plus que 1 pouces { de 5 en X , il ne fatigue
gueres. Quand le pifton baiflc , la foupape I fe referme, l’autre K
s’ouvre, 8c l’eau qui eft renfermée entre le fond T V 8c le cuir
3 , 4 , 5 , 6 , paftè par le trou L , vient fe rendre dans l’efpace OP-
Y Z Q , 8c de-là eft refoulée dans le tuyau montant ; ainfî l’on voit
qufe le pifton flottant toujours entre deux- eaux, n’a nul frottement.
J’ajouterai que lorfqu’il eft fait de bon cuir, il peut travailler continuellement
pendant trois ou quatre mois, fans qu’on foit obligé
d’y toucher, comme l’expérienceT’a fait voir aux pompes que
Meilleurs Goffet 8c De la Deuille ont fait exécuter pour épuifèr
les eaux des mines de Bretagne.
Le feul défaut qu’on puiflè trouver dans ce pifton , eft que de-
quelque groffèur que foit le tuyau montant 13, 14 , la puiflànce
eft toujours chargée du poids d’une colonne d’eau qui auroit
pour bafe le cercle O Q , 8c pour hauteur l’élévation du réfervoir
au-deflùs de la fource. Il eft vrai qu’on peut augmenter le diamètre
de ce tuyau 8c diminuer celui du pifton , afin qu’étant égaux,
1, Partie Tome II. Q