A rchitecture H ydraulique 158 , L ivr e III.
Maniéré-fort fimple de faire mouvoir des piftons par le
pioyen d’une roue ondée.
Entre les différens moyens de faire agir des pompes refoulantes
parla force d’un cheval, je n’en connois point de plus fimple,
que celui que M. Defargues a tiré d’une roue qu’il a fait exécuter
au château de Beaulieu à huit lieues de Paris , 8c qui a été
renouvellé depuis par M. dt la Hire , qui en donne la dcfcrip-
tion dans fon traité des épicicloydes, avec le moyen de la perfec-
tionner. Comme ce qu’en dit cet Auteur m’a fait naître plufieurs
remarques utiles, j’ai cru devoir rapporter ici fon difcours à la lettre,
afin que ceux qui n’ont point ce traité , puiflènt voir les endroits
qui ont donné' lieu à mes réflexions.
» LMOI eft une grande roue faite de greffes pièces de bois
»s aflèmblées les unes avec les autres , laquelle eft pofée horifon-
» talement. L’axe otr l’arbre AB de cette roue eft une greffe piece
» de bois qui fe meut par le bas fur fon pivot P fur une crapaudine,
» étant feulement entretenu par le haut dans une moife, afin qu’il
demeure toujours à plomb. Cette roue eft dentée ou ondée par
m le bord à la manière des roues de rencontre des horloges ordi-
« naires ; & il n’y a que cinq dents comme OI qui agiffènt en
31 paflant par deffus la roulette RS, qui eft mobile fur fon aiffieu C.
33 Cet aiflîeu tient au bras DC qui eft aufli mobile autour de Ion
« aiffieu D , lequel eft arrêté ferme à quelque affemblage. Le bras
33 DC eft joint 8c attaché à la portion de cercle DEF , en forte
31 qu’ils ne peuvent fe mouvoir l’un fans l’autre. Sur l’epaiflèur de
31 l’arc E F , il y a une double chaîne platte HG attachée vers le
31 haut en E ; cette chaîne a deux anneaux à fon extrémité, qui
»3 foutiemjent l’anfe de fer qui porte le pifton d’une pompe rciou-
m lante. Le levier ou bras N de cette machine paflè dans 1 arbre
33 en B , 8c peut être arrêté fi l’on veut à la roue, pour être plus fer-
31 me. Il y a deux roulettes comme celle que je viens de décrire ,
31 qui font oppofées diamétralement fous la roue , 8e qui doivent
>3 toujours agir alternativement. Car par la difpofition des roylet-
« tes , lorfque l’une fe trouve dans le fond ou creux de l’onde ,
« l’autre fe trouvera fur le haut. JMais la roue tournant de O en I ,
•> la roulette defeendra dans la rencontre de la partie OQ de
31 l’onde , St elle remontera dans l’autre. On ne doit confiderer
»! que la partie OQ de l’onde , car il n’y a que celle-la qui tra-
CHAP. IV. UE LA THÉORIE DES POMPES. 159
»vaille pour faire abaiffer la roulette qui éleve le pifton de la
» pompe refoulante, 8c qui foutient tout le poids de l’eau. La roir-
>3 lette remontant dans l’autre partie de l’onde , ne fait aucun effort
» contre la roue, St elle fuit feulement la finuofité de la dent, n’é-
>1 tant élevée que par la pefanteur du pifton 8t de fon anfe , 8t du
»3 triangle D E F ,qui retombent en bas par leur propre poids, qu’on
»peutRendre à^peu-près égal à celui delà roulette. I
»Tout l’effort de la roue ne fe fait que par fa pefanteur , en-
forte que fi elle eft auffi pefante que le poids de la colonne d’eau
»qu’on doit foutenir dans le corps de pompé ,. la diftance des
»leviers étant compenfée , il eft évident quelle ne fera pas un
» frottement confidérable fur fon pivot P :■ mais il faut qu ellefoit
» toujours plus pefante , 8e qu’elle ne puiffé pas fomr de fa era-
»paudine, car autrement elle travailleroit iur les deux remettes
» tout-à-la fois , ce qu’il faut éviter, A .
»Le nombre des dents de cette roue doit être impair , afin
» qu’il y ait toujours une des deux roulettes oppofées qui travaille,.
» & que la puifïance qui meut le levier N , agiffe toujours:égale-
» ment, St non par fauts, comme il arrive à la plûpart des machr-
»nes qui n’ont qu’une ou deux roues. C ’eft en ccci que confilte
» la principale adreffè de la conftruction des dents , 8t de la po-
» fition des. roulettes :.car quoique Ion fuive toujours la réglé dans-
» la forme .des dents, il faut, avoir égard aux proportions de la
« hauteur ôc de la longueur des dents avec le diamètre de la
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»On doit remarquer qu’il n’eft pas poffible que la. race des-
93 dents ou des- ondes de la- roue travaille par-tout fur la roulette
.33 à égales diftances de l’axe de cette roue, à caufe que. lemou-
»vement de la roue eft circulaire 8i horifontal, 8t que celui de la
» roulette eft vertical ou à plomb. Car il arrive mie lorlque les;
« dents rencontrent la roulette dans leur fond & a leur pointe, lï
rîl’aiffieu de la roulette eft également éloigné de 1’axe de la roue *
» il en fera plus proche quand la roulette fera vers-lu-moitiede:1a
» defeente , ce qui fera facile à connoître dans le plan. Cette dit-
» férence d’éloignement caufera un peu de frottement de la tacc
»■ de la dent avec celle de la roulette : mais-ce font de ces defauts
33 qu’il n’cft- pas poffible d’é-viter entièrement dans- les machines ,
» & l’on doit regarder celles qui en ont moinsou de mains con
» fidérableS, pou;- les plus-parfaites.
33 Pour la conftrudtion des dents de la grande roue de cette ma-
» chine , on doit les confiderer comme fi elles étoient dans le me