
fonte des nei-
ges.
Remarques de
hi. Mariotte
four confirmer
cette opinion.
'Æxpérlince de
■ M. le Maréchal
de Vau-
ban fur ce fu-
BSJ
Dans quel
tcau i l fa u t
340 A rchitecture Hydraulique , L ivre IV.
rencontre des lits continus de glaife ou de pierres qui l’arrêtent ■
qu’enfuite elle force vers l’endroit le plus bas pour fe faire un paf-
lage, 8c forme une fontaine qui eft plus ou moins abondante, fui-
vant l’étendue du terrein qui lui fournit l’eau; ce qui eft caufe’qu’il
s’en rencontre ordinairement au pied des grandes montagnes.1
L’eau des pluies & la fonte des neiges fourniroient donc celle
des fontaines; pour le prouver, ons’appuye fur l’expérience, qui
inontre quelles groflilfent après des pluies abondantes, St qu’elles
diminuent fenfiblement, 8c tariflènt quelquefois quand il eft un
tems conlidérable fans pleuvoir. D ’ailleurs on fait que dans les
pays chauds on voit peu de fontaines, au lieu que dans les Alpes
&; les Pirenées, ou il pleut Si neige très-fouvent, on en rencontre
a chaque pas.
1351. Les fontaines fourniflant l’eau des courans, M. Mariotte
donne un calcul pour prouver que celle des pluies qui tombent pendant
un an aux environs de la Seine 8i des autres rivières qu’elle
reçoit depuis fa fource jufqu’à Paris, eft plus que fuffifante pour la
quantité d’eau qui pallè fous le pont royal. Mais fans entrer dans
ce détail, on fait par les remarques que l’on fait continuellement
a 1 Obfervatoire royal de Paris, que quatre toifes quarrées de couverture,
mefurée de niveau, reçoivent communément une toife
cube d eau pendant le cours d’une, année. Ainft lùppofant la lieue
ordinaire de 2400 toifes, la lieue quarrée aura 3760000 toifes
quarrées, qui étant divifées par 4 , donnent 1440000 toifes cubes
d’eau pour la quantité que les pluies répandent fur une lieue quarrée.
Que fî l’on fuppofe que de cette même quantité les deux tiers
fe réduifeut en vapeur, après avoir abreuvé la terre, le tiers qui
reftè fera plus que fuffifant pour entretenir l’eau des fontaines qui
pourrontiè rencontrer dans l’étendue de cette lieue.
1352. Le raifonnement de M. Mariotte femble être confirmé
par une expérience de M. le Maréchal de Vauban, qui a fait rapporter
fur une place de grande étendue, dont le terrein étoit ferme
;& difficile à pénétrer, un lit de terre de 5 ou 6 pieds de hauteur, au
bas duquel il s eft forme à la longue une fontaine par la feule filtration
des eaux de pluies. Au refte, quoique jepenche beaucoup pour
cette derniere opinion, je ne prétends point foutenir qu’elle foit
l’unique caufe de l’origine des fontaines, ne voulant point m’en-
gager dans une diflèrtation qui appartient plutôt àla Phyfique qu’à
mon fujet.
13 33. Le tems le plus propre pour faire la recherche des eaux
fouterreiries, eft dans les mois d’Août, Septembre 8c O&obre, parce
C hap. IV. de l a Recherche et C onduite des Eaux. 341
que li l’on en trouvé alors, on eft sûr d’en avoir dans les autres fai- faire U ncher-
lons; d’ailleurs la terre étant feche, fes pores font plus ouverts, &
laiflènt un libre pallage aux exhalaifons qui indiquent des ^veines 5. u mamm
d’eau. 8g découvrir
C ’eft principalement le long du pied des montagnes qui regar- Usf°ure,s-
dent le leptentrion qu’il faut chercher les fources ; on peut efpérer
d’en trouver auiîï le long de celles qui font expofées aux vents humides,
tels que font en France ceux qui viennent de l’Occident.
Sur quoi il eft bon de remarquer que les montagnes fort efearpées
fourniffent moins d’eau que les autres, 8e qu’au contraire celles qui
ont une pente douce 8c qui font couvertes de verdure, renferment
d’ordinaire quantité de rameaux dont les eaux font abondantes,
froides 8t faines, parce que les pluies 8t la fonte des neiges y en
font un grand amas qui fe confervent 8t fe filtrent.
Pour découvrir les eaux fouterreines, il faut avant le foleil levé,
fe coucher fur le ventre, enforte que la vue s’étende fur l’horifon ; (I
l ’on voit une colonne de vapeurs s’élever en ondoyant dans un endroit
où il n’y a point d’humidité caufée par des eaux fauvages, c’eft
une marque qu’en fouillant on y trouvera de l’eau, Si l’on pourra
avoir le même fentiment, fi l’on apperçoit des tourbillons ou nuées
de petits moucherons voler près de la terre toujours à la mêmeplace.
On peut encore, dans les endroits où l’on foupçonne y avoir de
l’eau, creufer un petit puits de 3 pieds de diamètre fur 5 ou 6 de
profondeur, pofer au fond un chauderon renverfé, dont l’intérieur
foit frotté d’huile, enfuite fermer' l’entrée de ce puits de quelques
planches couvertes de terre ; fi le lendemain on trouve des gouttes
d ’eau attachées au-dedans du chauderon, c’eft une marque indubitable
que ce lieu comprend des veines d’eau ; pour plus d’afiù-
rance, on peut mettre fous le chauderon quelques poignées de laine,
afin de voir fi en la preflànt il en fort beaucoup d’eau.
On fe fert quelquefois d’une aiguille de bois , compofée de deux
pièces, dont l’une doit être poreufe & facile à s’imbiber, comme
l’aulne, qu’on place le matin en équilibre fur un pivot ou aiffieu au-
deffus de l’endroit où l’on conjecture qu’il y a de l'eau ; alors, s’il
s’en trouve effectivement, les vapeurs pénétreront le bout de l’aiguille
, 8t la feront incliner vers la terre.
Enfin les lignes les plus fimples qui indiquent les veines d’eau, .
font les joncs, les rofeaux, le baume fauvage, l’argentine, le
lierre terreftre, 8t les autres herbes aquatiques qui croiflènt dans
certains endroits, fans que les eaux fauvages les nourriflènt.
1354. Voici l’occafion de défabufer les admirateurs du mer- Difioursfw