
Ordre que Von
obferve en A l -
face & dans
les Pays-Sass
pour les incendies.
A rchitecture H ydraulique , L ivr e III.
la confttu&ion, fans fe mettre en peine de la longueur des bras
de levier.
Defcription des pompes pour éteindre les incendies.
1084. Perfonne n’ignore la néceffité d’avoir dans une ville plu-
fieurs pompes ambulantes pour éteindre les incendies, 8e de le
munir de longue main de tout ce qui peut donner un prompt fe-
cours, lorfque par malheur le feu prend dans quelque quartier ;
autrement il eft à craindre qu’il ne fe confume en peu de tems un
grand nombre de maifons, lur-tout quand fon activité fe trouve
fécondée d’un vent impétueux.
Il n’y a point de pays où la police foit mieux entendue en pareil
cas que dans les Pays-Bas 8c en Alface ; dans chaque ville il y a
une maifon où l’on renferme plufieurs pompes , avec un grand
nombre de fceaux de cuir , d’échelles , crocs de fer, cuves, 8cc.
Il y a auffi des fceaux répandus dans tous les differens quartiers ,
principalement dans les maifons des Mâgiftrats , où ils font accrochés
aux planchers de leurs veftibules , comme une marque
d’honneur. .
Lorfque le feu prend en quelque endroit, aufli-tot le guetteur
fou ne le toçfîn ; fi c’eft la nuit il expofeun flambeau allumé en dehors
du Béfroy , du côté où il apperçoit le feu, 8c fi c’eft pendant
le jour, il fe fort d’un drapeau rouge. Dans les villes de guerre,
au premier coup de la cloche, l’on bat la generale, la garnuon
prend les armes pour s’emparer des poftes marqués par celui qui
commande ; l’on pofe des détachemens fur toutes les avenues qui
répondent à l’endroit où eft le feu pour empêcher le détordre, 8c
pour prévenir les furprifes que les ennemis auroient tente lur la
place. Pendant ce tems-là tout eft en mouvement du cote de 1 Hôtel
de V ille , chacun ayant fon emploi marqué par le Magiltrat ;
pour exciter l’émulation, celui de Strasbourg a établi dans chaque
quartier des Officiers chargés de la direction des manoeuvres
qu’ils doivent exécuter en cas d’incendie : celui de ces Officiers
qui arrive le premier, à l’endroit où il faut donner du fecours eit
récompenfé d’une certaine femme payée par la v ille, celui qui arrive
le fécond en a une moindre , ainfi du troifieme ; mais celui
qui n’arrive que le dernier , eft obligé de payer une amende, qui
fait une partie de la récompenfe des plus d ilip is , à moins quil
lie foit dans l’impuiflance de fe trouver a fon devoir.
D ’un autre côté, tous les Religieux mendians, qui font d un
Chap IV. de l a théorie des P ompes. >88
gfand fecours en pareils cas, partent de leur Monaftere, munis des
fceaux qu’ils ont chez eux , 8c de ceux qu’ils rafTemblent en chemin
, fe rendent au lieu où eft le feu , pour y donner des marques
de leur zele, en s’expofant aux plus grands dangers. .
On place les pompes dans les endroits les plus commodes pour
y lancer l’eau; ÔC comme elles en confondent beaucoup , on
prend toutes les mefures néceflfaires pour qu’elles n en pui fient.pas
manquer. On fait ranger en file des deux cotes des rues qui abou:
tiflènt à l’incendie, tous les habitans , pour fe donner de main en
main des fceaux plein d’eau, ce que font les plus forts que Ion
range d’un côté , tandis que les plus foibles que 1 on met de 1 autre
1 les renvoyent vuides jufqu’aux endroits ou i on puile 1 eau. De
cette forte les pompes fe trouvant au centre de la manoeuvre U
leur vient de l’eau de toutes parts ; 8c comme elles font environnées
de plufieurs cuves,où l’on décharge celle quelles ne peuvent con-
fommer fur le champ ; il arrive q u i quelque eloignement quelles
foient de la riviere ou des puits, elles font toujours bien lervies.
Si malheureufement le vent vient à pouffer Ie vivement* ôc
qu’on ait lieu d’appréhender pour les maifons voifmes , °n abat
promptement celles qui font le plus à portée de l’incendie , atin de
lui couper le chemin. Après ce détail, voici la defcripuon des plus
belles pompes qui font venues a ma connoiflànce.
1085. La planche 13 comprend les développemens d’une pompe
exécutée à Strasbourg ; comme elle eft repréfentée dans tous
les fens, je me contenterai d’en donner une légère explication.
On voit quelle eft compofée d’abord d’un grand bac monte lur
quatre roues, accompagnées d’un train, pour etre voituiee par es
chevaux. Au fond de ce bac font attaches fur une plate- orme
deux corps de pompes D , de 4 pouces de diamètre , unis a une
fourche E , qui va aboutir au tuyau montant H , a 1 extrémité duquel
eft un autre tuyau I , fervant à diriger l’eau , comme nous le
dirons plus bas. Dans chaque corps de pompe joue un pilton lur
8 ou 10 pouces de levée, répondant à des verges de for lulpen-
pendues aux leviers ou balanciers F G , qui font afpirer 8c refouler
les pillons alternativement par l’action des hommes qui y font appliqués
; le bac eft partagé en deux parties par une cloilon percée
de trous , l’un fert à loger les corps de pompes 8t 1 autre a
recevoir l’eau qui doit être refoulée. Je pafîè fous filence es ou-
papes qu’on fuppofe placées dans le fond des corps de pompes
8c au bas de la fourche qui leur eft unie 3 je ne dis rien non p us
de la conftruction des pillons qui font maffifs 8c entoures de ban-
1 A a 11
Defcription
d’une pompe
pour les incendies
3 exécutée
à Strasbourg.
Pia n , fe*