
les Doéteurs
Horftius, Rul-
landus , In-
golfteturus,
Libavitis, ont
écrit l’hiftoire
de cette dent,
& le premier
dit qu’elle a-
voit été envoyée
de Dieu
pour la eon-
fblarion des
Ch retiens affligés
alors
par les Turcs.
llfero ità fou -
haiter qu'on é-
crivît l ’hiftoire
des préjugés
vulgaires ^pour
faire revenir le
Public des erreurs
que eau-
fe l ’amour du
merveilleux.
Plufieurs maniérés
de connaître
les bon-
nés 6* lesmau-
vaifes qualités
de Veau.
346 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v r e IV.
fertations phyfiques. La différence des opinions fie naître de grandes
difputes félon la coutume, 6c les écrits étoient déjà fort multipliés
, lorfqu’un Orfevre, fans fe mettre en peine du fentiment
des Philofophes, voulant en juger par lui-meme, découvrit que
la denrfi vantée ne différoit des autres que par une feuille d’or
artiftement appliquée. Il femble qu’on auroit dû d’abord favoir à
quoi s’en tenir, mais point du tout; on commence par faire des
Livres, & onfe garde bien de foupçonner la vérité du fait. Que
d’opinions reçues par la multitude fe trouveroient dans le cas de
la dent d’or , fi elles étoient approfondies ?
1361. L’amour que j’ai toujours fend pour la vérité m’a fait de-
firer depuis long-tems que quelque bonne plume prît la peine de
nous donner une hiftoirc des préjugés vulgaires, qui en fit voir
l’origine, les progrès & les égaremens où ils ont jetté les hommes
chez toutes les Nations ; cet ouvrage pourroit être rendu fort amu-
fant, étant fufceptible de tous les agrémens de cet heureux ftyle,
avec lequel on eft fûr d’inftruire & de plaire. Après cette digref-
fion, qui m’a conduit plus loin que je me l’étois propofé, je reviens
à mon fujet, Sc je vais rapporter les lignes par lefquels on
peut juger des bonnes Si des mauvaifes qualités de l’eau.
1362. La meilleure maniéré de connoître la bonne qualité de
l’eau, fuivant Vitruve Sc M. Perrault, fon Commentateur, eft de
voir fi les perfonnes qui en boivent ordinairement fon robuftes,
de bonne couleur, exemptes de fluxions fur les yeux, 8C de maux
de jambes. On voit en plufieurs provinces de France & de Savoie,
fur-tout dans la vallée de Morienne, des villages entiers, dont les
Habitans font incommodés du goüejlre, qui eft une groflèur qui
leur vient au col, &c qu’ils portent jufqu’au tombeau; quelques-
uns en ont depuis le menton jufqu’a la poitrine, ce qui les rend
extrêmement difformes ; il y en a qui ont la voix fi enrouée, qu’on
a bien de la peine à les entendre; la commune, opinion, qüi eft
aufli celle de Vitruve, eft que cette incommodité eft caufée par la
mauvaife qualité des eaux.
Pour connoître la bonté d’une fontaine nouvellement découverte,
Vitruve aflùre que fi l’on verfe de gouttes de fon eau fur
de bon cuivre & qu’elle n’y fafïè point de tache, c’eft une marque
qu’elle eft bonne à boire ; ou bien, fi en la faifant bouillir, les légumes
s’y cuifent promptement.
M. Perrault, dans fes notes, dit aufli que la légéreté de l’eau doit
être confîdérée comme la marque la plus certaine de fa bonté;
mais la difficulté eft d’en pouvoir juger, par la petite différence
C h a p . IV. d e la R e c h e r c h e e t C o n d u i t e d e s Eaux. 347
qui fe rencontre dans la pefanteur de plufieurs eaux de même volume.
Il ajoute qu’après plufieurs expériences on n’en a pas trouvé
qui réuffiflènt mieux que la diffolution du favon, parce que celles
qui le détrempent aifément & qui deviennent blanches comme du
lait, font plus légères 6c meilleures que celles dans lefquelles il ne
peut fe difloudre qu’en particules blanches qui nagent dedans.
Les fources qui fortent du fond des vallees font ordinairement
pefantes, falées, tiedes Sc peu agréables, a moins qu elles ne viennent
des montagnes : celles que l’on trouve dans la craie ne font
pas non plus de bon goût : celles qui fortent du fable mouvant
font ordinairement bourbeufes SC delagreables ; au contraire, celles
qui fortent du fable mâle, du gravier 6c de la pierre rouge, font
abondantes Sc de fort bonne qualité. .
1363. Quand on veut avoir beaucoup d’eau, on crcufe dans le
terrein où l’on foupçonne qu’il y en a, des petits puits éloignes les
uns des autres de 2 5 ou 3,0 pas ; on les joint par des tranchées qui reçoivent
les tranfpirations de l’eau Sc qui les conduifent vers le lieu
où l’on veut qu’elles fe rendent. Avant de commencer ce travail,
on fait un nivellement, afin de profiter de la pente que le terrein
pourra préfenter naturellement, ou pour en donner une au fond
de la tranchée, obfervant, autant que cela fe peut, de cotoyer les
montagnes, parce que les eaux qui en proviennent font abondantes
Sc faines ; mais il faut bien prendre garde, en approfondiffanc,
de percer les lits de tuf ou de glaife qui retiennent 1 eau, autrement
qn pourroit la perdre. Il y, a beaucoup de précautions a prendre
pour ne point faire d’ouvrage inutile que je pafle fous filence,
parce qu’un peu de pratique en apprendra plus que toutes les
inftructions que je pourrois donner fur ce fujet.
13 64. Après avoir creufé la tranchée à une profondeur convenable,
donné aux terres un talud proportionne a leur qualité ,
réglé la pente de-fond, 6c poulie de diftance en diftance, a droite
Sc à gauche des rameaux en forme de patte d’oye, pour raflèm-
bler le plus d’eau que l’on pourra, il faut faire une tranchée pour
perdre l’eau de chacun de ces puifards, afin den pouvoir faire un
autre autour de leur circonférence, avec un conroi de glaife d-environ
2 pieds d’épaiflèur. Enfuite on pratiquera au dedans un mur
de maçonnerie, enforte que l’eau s’eleve de ce puifard jufqu a une
hauteur capable d’en fortir par une pierrée de meme hauteur que
celle des autres puifards. Il eft bon d’obferver qu il faut une de-
charge , ou une tranchée à chaque puifard, pour perdre 1 eau quand
il en eft befoin, fans quoi il ne feroit pas poffible de travailler aux
Maniéré de
rajfembler les
eaux de fources
par des
tranchées de
recherches.
ConflruStioh
de pierrées ,
fervané à recevoir
& à conduire
les eaux
des fources.