
374 A rchitecture Hydraulique , Livre IV.
ligne de bafe pour dépenfer 4 lignes d’eau (1396) ; fi l’on en vouloir
6 , on fera la bafe d’une ligne & demie. En un mot, il eft clair
qu’une ligne de bafe donnant 4 lignes d’eau, une demi-ligne n’en
donnera que la moitié ; ainfi voulant une jauge qui dépenfe 11
lignes d’eau, il faudroit donner à fa bafe 1 J lignes.
La grandeur 1405. Il faut convenir que de toutes les maniérés dé diftribucr
feutêmdiur- l’eau) celle-ci eft la plus exacte & la plus commode ; car , comme
minée exalte- je l’ai déjà dit, les dépenfes feront toujours proportionnelles aux
ment que par bafesdes jaugés, à quelque hauteur que fe rencontre le niveau GH
ter. ex!”n‘n~ de l’eau, lors même qu’elle ne coulera pas à gueule bée. Je fai
bien qu’en faifant leur bafe de la grandeur qui leur conviendra
naturellement, les frottemens feront caufe que leur dépenfe fera
moindre que celle qu’elle devroit donner ; mais il fera aifé d’y
fuppléer en élargiflant les jauges par degrés, jufqu’a ce qu’on foit
parvenu à les rendre capables de ce qu’elles doivent produire, fans
jamais toucher à leur hauteur.
Quand on paflè de la théorie à la pratique, ce n’eft jamais fans
rencontrer des accidens qui ne peuvent être reétihés que par la
pratique même, auffi je compte qu’après avoir ébauché toutes les
jauges dont on aura befoin, on fera des expériences pour déterminer
leur véritable grandeur ; que là-deflus on conftruira un infiniment
qui comprendra tous les calibres qui auront été déterminés
par les mêmes expériences, & qu’on s’en fervira pouf pratiquer
des jauges convenablement à leur dépenfe.
Il fa u t que Us 1406. Comme les grandes jauges confomment beaucoup d’eau
petites jauges qui vient de toutes parts à l’endroit où il y a le plus de mouve-
gnéesdesgran- ment5 il eft ellèntiel d’obferver que, lorsqu'une petite jauge fe
d es , pour que trouve dans le vùifinage d’une grande, cette derniere abforbe en
‘pmnterfs ne* P?rt^ l’eau <3ui aurait dû couler par l’autre, qui fe trouve mal fer-
fo i t point al- vie-, quoique la charge foit la même. Pour éviter cet inconvénient,
il faut, autant que cela fe peut, lés éloigner, & même divifer les
grandes en plufieurs autres plus petites, qui foürnifTent enfemble
la même quantité d’eau. Par exemple, quand il fera queftion de
faire couler dans un baflinet un ou plufieurs pouces d’eau, foit pour
la fontaine où le fait la diftribution, ou pour quelque autre que
celle-ci doit entretenir, il faut faire le badiner allez grand pour
qu’un pouce d’eau puifle couler par quatre jauges de 9 lignes de
bafe, placées de front ; & lorfqu’il y en aura un grand nombre, il
convient que le baflinet foit fitué à un des côtés de la cuvette où
1 eau a le plus d’étendue, afin qu’il foit mieux fourni.
C hap. IV. de la Recherche et Conduite des Eaux. 57J
1407. Quant à la maniéré de fermer toutes ces jauges, dans les
occafions où il faudra interrompre le cours de 1 eau, on fera des
diaphragmes de feuilles de laiton, qui fe lèveront verticalement,
comme autant de petites vannes à coulifle, dont le jeu fera termine
par une .faillie attachée fur la languette de jauge,pour les mettre
hors de prife. , ,
Comme la dépenfe des jauges ne peut être proportionnelle a leur
fupérficiê, qu’autant que les bafes feront fur une meme ligne hori-
fontale C D , on voit de quelle conféquence il eft que le fond clés
cuvettes foit bien de niveau, Sc établi allez folidement pour qu aucun
côté ne fléchifle jamais, de crainte que.la charge ne devienne
plus forte en un endroit qu’à l’autre ; c’eft pourquoi il faut que ce
fond foit formé de tables de plomb d’environ fix lignes d epaiueui,
1408. La hauteur de la languette de jauge devant etre de 8 pouces
(1391}, on obfervera que la ligne horifontale fur laquelle doivent
régner les bafes des jauges, foit élevee de 5 pouces, afin de les
éloigner de la vafe que l’eau dépofera au fond des cuvettes : alors
il reliera une bordure de z pouces 8 lig. au-deflùs du fommet des
jauges, qui retiendra l’eau, lorfque quelquefois 1 air que renfeimc
la conduite la fera jaillir avec impétuofite: quant a lepaifïeur de
cette languette, il faut quelle foit la même pour toutes les cuvettes,
& égale à celle dont on fe fera fervi dans les expériences qui
auront donné la véritable grandeur des jauges, _ _
1409. Lorfqu’on veut conftruire des fontaines publiques , il faut*
avant que de déterminer la pofition des cuvettes, prendre de juftes
mefures pour les fituer à la plus grande hauteur qu il eft poflible ;
enforte que celles qui recevront leurs eaux immédiatement de la
diftribution générale, ne foient inférieures a la fource qu autant
qu’il convient pour que l’eau qui coulera dans leurs conduites,
comme dans un fyphon, puiffe remonter en quantité fufftfante.
On aura la même attention pour la faire pafler de ces premieies
cuvettes à d’autres plus éloignées, àc des fécondés aux troifiemes,.
ainfi de fuite, fans fe mettre en peine fi ces dernieres paraîtront
beaucoup plus élevées qu’il ne faut, eu egard a la fituation desp
quartiers où elles fe trouveront placées, parce qu on doit moins-
confidérer l’état préfent des choies que celui ou elles pourront arriver.
En effet, une ville peut recevoir des agrandifièmens êc fe?
trouver dans le cas d’établir des fontaines, bien au-dela des bornes
que l’on s’éroit prefcrites ; alors fi l’on n a pas ménagé a l^eaii
toute la fiipériorité qu’on auroit pu lui donner, on mérité le blâme?
de la poftérité d’avoir eu des vues trop bornées*
L e s jauge#
rectangulaires
doivent * être
fermées avec de
petites vannes
à coulijfe.
P l a n .
Fig.
A quelle hauteur
au-dcjfus
du fond des
cuvettes les
jauges doivent
être pratiquées
I l fa u t dans
les fontaines
publiques établir
les cuvettes
à la p lu s
grande hau- -
teur qu i l ejê
pojfible...