Les réfervoirs
qui font dans
lesmaifons des
concefjionnai- .
res a peuvent
être d'un grand
fecours pour
éteindre les incendies,
JL Paris les
eaux font di-
vifees en deux
départemens
féparés , l’un
pour celles des
maifons Royales
? & l'autre
pour celles du
Public»
3 84 A rch ite cture H yd r aul iqu e , L ivr e IV.
branches qui pourroient répondre à la conduite principale, pour
empêcher que l’eau ne fe partage.
1411. On tireroic encore beaucoup de fecours des réfervoirs
qui font chez les conceflîonnaires, fi on ne leur accordoit de l’eau
qu’à condition qu’ils auront un tuyau fermé par un robinet pour la
conduire dans la rue à 3 pieds au-deflùs du rez-de-chaulfée, afin
d’y avoir recours dans les occafions quiintérefleroient eflèntielle-
ment le Public. Alors quand ces réfervoirs fe trouveront à portée
d’un incendie, non-feulement on profitera de l’eau qui pourra s’y
trouver, mais on aura encore la facilité, de les entretenir pleins,
en faifant palfer dans leur conduite autant d’eau qu’elles en pourront
foutenir ; c’eft pourquoi il faudroit obliger les conceflionnai-
res a ne point fe fervir de tuyaux qui n’ayent aü moins | pouces
dé diamètre ; il y va de la fageflè des Magiftrats de n’accorder des
grâces aux particuliers que relativement au bien public, qui doit
toujours.faire leur principal objet.
1413. A Paris, la conduite des eaux eft divifée en deux départemens
féparés; le premier, qui appartient au grand Fontainier
de France, embraflè généralement les eaux réfervées pour les Maifons
Royales, 8c les fonds deftinés à l’entretien de ces eaux fonc
pris fur le domaine du Roi. Le fécond, qui comprend tout ce
qui a rapport aux fontaines publiques 8c aux concédions qui en
dépendent, eft de la jurifdicfion de Meffieurs les Prévôt des Marchands
8c Echevins ; c’eft à eux feuls, comme difpenfateurs des
deniers communs de la Ville, qu’il appartient d’ordonner l’exécution
des ouvrages néceffaires pour la conduite des eaux, 8c de
voir fi tout fe pafle dans l’ordre, fuivant les réglemens de Police
qu’ils ont établis, pour que la diftribution des eaux ne foit point
interrompue 8c fe faflè judicieufement. Pour juger par eux-mêmes
fi ceux qui leur font fubordonnés s’acquittent exactement de
leurs devoirs, ils vont vifîter fouvent les machines, fontaines,
regards 8c cuvettes où il y a des diftributions publiques 8c particulières,
8c conftater les réparations ou les nouveaux projecs qu’ils
ont en vue. .
Comme il y a toute apparence que les grands deffeins qu’ils
ont formés, ne tarderont point à être mis en exécution, on a lieu
d’efpérer de voir un jour Paris égaler l’ancienne Rome par la magnificence
de fes eaux. Qu’il eft glorieux à des Magiftrats de mériter
le titre flatteur de Peresdu peuple, en manifeftant la fageflè de
leur adminiftration par des monumens qui annoncent à Iapoftérité
l’étendue de leur zele pour touc ce qui intéreflè les befoins 8c les
Commodités publiques ! 142.4,
C hap. I V . de la Recherche et C onduite des Eaux. 3 8 5
1414. Si les eaux publiques méritent une attention particulière,
il faut aufli que ceux qui font commis pour en faire la diftribution,
animés du même efprit,. foient uniquement'occupes a remplir dignement
leurs fonctions. Rien ne leur doit etre indiffèrent, cette
partie de l’Architecture Hydraulique préfentant tous les jours de
nouveaux fujets de réflexion dont ils peuvent tirer de grands avantages;
quand on eft appliqué aux devoirs de fon état, on profite
de tous les événemens, 8c même de fes fautes.
Il convient d’avoir un plan exad de la Ville pour y diftinguer
le chemin que tiendront les conduites, 1 emplacement des fontaines.,
regards, puifards, robinets, ventoufes, 8c que ce plan foit
accompagné d’une légende qui explique tout diftinétement, avec
un nivellement général qui donne non-feulement la fuperiorite
des cuvettes les unes à l’égard des autres, mais aufli la hauteur
des pentes 8c contre-pentes des rues, afin d’être inftruit dans le
moment,de tout ce qui peut intéreffèr.
Il faut bien de la prudence pour diftribuer les eaux avec économie,
félon l’étendue 8c les befoins des quartiers, étant naturel
d’en faire pafler davantage aux fontaines qui font éloignées de la
riviere, 8c dans les marchés, afin de les laver. Si on travaille fur
une conduite qui interrompe le cours de l’eau à fa deftination
ordinaire, il convient d’augmenter la dépenfe des fontaines qui
font le plus à portée de dédommager le quartier qui en manque ;
on doit obfervér aufli dans le tems .que le* eaux feront confidéra-
blement diminuées, foit par de grandes féchereffes, ou par l’interruption
des machines, d’en fufpendre le cours aux conceflion-
naires pour les tourner entièrement au profit du Public. La ville
de Paris a été autorifée d’en ufer ainfi par un Arrêt du Confeil du
Roi rendu le 16 Novembre 1 é66, fans que cgt Arrêt faflè mention
du terme où l’eau leur fera rendue. • _ ■
On doit avoir foin de vuider les conduites, cuvettes 8c réler-
voirs à la veille des grandes gelées, pour prévenir les dommages,
qu’elles pourroient caufer, 8c de ne jamais remettre les eaux en
voie fans ouvrir les robinets pour laiffèr échapper l’air. Il convient
aufli de ménager les réparations, de maniéré çiu’on ne fulpende
point le cours des eaux pour une feule affaire, à moins quelle ne
foit confidérable, 8c de prendre fi bien fes mefures, qu’on pmlle
profiter de l’occafion pour exécuter ou rétablir les differens objets
qui ont quelque rapport entre eux. _
Il importe extrêmement d’être bien inftruit des qualités 8c façons
de tous les matériaux qu’il faudra mettre en oeuvre, afin de
/. Partie. Tçme I I, C c ç
Maximes générales
fur ce
qui peut appartenir
à la
conduite des
eaux publiques
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