
T.*air a du
reffort y & peut
être condcnfé.
L e reffort de
V air agit en
fout Jens avec
une force égq* fe
■ 6 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v r e I I I .
quels il s’appuie , le mercure defcend. Sur quoi il eft à remarquer, que
comme il arrive fouvent que les parcelles de l’eau les plus élevées,
en tombant fort lentement, mettent un tems confidérable avant
que de fe joindre aux inférieures, la pefanteur de l’air diminue
avant qu’il pleuve , 8c le baromètre prédit le tems qu’il doit faire.
79y?Une des principales propriétés de l’air, eft de pouvoir etre
extrêmement condenjê, 8c de conferver toujours une vertu de rel-
fort, par laquelle il fait effort pour repoufTer les corps qui le prel-
fent; car l’air qui répond à la furface de la terre , eft fort éloigné
d’être dans fon état naturel ; étant chargé du poids de toute Tat-
mofphere, il eft plus condenfé que celui qui eft le plus éleve.
Pour donner une idée de ceci, fuppofons un grand amas de lainp
cardée, d’une hauteur confidérable ; il eft confiant que la laine qui
eft en-bas étant chargée du poids de toute celle quelle porte,
ne fera pas fl étendue que celle qui eft au fommet ; c eft pourquoi
celle de deffous fera autant d’effort pour fe remettre dans fon état
naturel, que celle dont elle eft chargée en fait pour la comprimer.
L ’air eft précifément dans le même cas à quelque hauteur qu on
le prenne : la colonne qui eft deffous une Table, par exemple, fait
autant d’effort pour l’enlever de bas en haut, que cdle qui eft
deflus la table en fait de haut en bas pour la preffer ; autrement
fi les deux colonnes n’étoient point en équilibré, Se que
l ’aéfion de la fupérieure pût agir feule , la table ayant feulement
ao pieds quarrés de fuperficie, ferok chargée d’un poids de plus
de 44000 liv. qu’elle ne pourrait foutemr fans fe rompre. De meme
les toits des maifons Se les planchers des appartemens ne réfil-
teroient jamais au poids immenfe dont ils font charges, s ils ne
fe trouvoient toujours entre deux colonnes d’air, dont celle de
defTous eft en équilibre par fon reffort avec celle qui la prefle.^
Il eft à remarquer que le reffort de T air agit en tout Jens avec une égalé
force, de même que les liqueur?: (343) que cette force étant toujours
égale au poids de la colonne d’air correfpondante , ou au
poids d’une colonne de mercure équivalente, qui aurait la meme
bafe, 8c pour hauteur environ 28 pouces, ou à une colonne deau
de u pieds, l’on connoîtra toujours la force de ce refTort, qui
fera égale au poids de cette colonne dont la bafe eft déterminée
par la furface du corps contre lequel il agira. Par exemple , fair
naturel renfermé dans une çaiffe cubique, dont chaque face aurait
intérieurement un pied quarré, pouffera chacune de es aces
pour les féparer avec une force de refTort équivalente a 1*05 liv.
lorfque le baromètre eft à fc hauteur moyenne ; Sc les lepareroiï
C h a p . I. d es P r o p r i é t é s d e l’A ir . 7
en effet fi l’air de dehors étoit anéanti, ou que fon reffort fût beaucoup
moindre que celui de dedans; ainfi à l’avenir nousprendrons
indifféremment la pefanteur de l ’air pour exprimer la force de Jon rej-
fort, ou fon reffort pour fa pefanteur. Quand on fera dans un lieu
plus élevé ou plus bas que le niveau de la mer, l’on pourra tou-
jours juger à-peu-près de la force du reflort de 1 air en cet endroit
par l’élévation du baromètre qu’on y aura porte.
796. Prévenu de la pefanteur 8c du reflort de la ir , il eft aite
d’expliquer plufieurs effets de la nature, que les Anciens attribuoient
à l’horreur du vuide : par exemple, l’experience fait voir que fi 1 on
a deux corps fort polis, comme deux glaces de miroir, appliquées
l ’une contre l’autre, 8c qui fe touchent dans toutes les parties de
leurs furfaces, on trouve beaucoup de difficulté a les feparer,
parce que n’y ayant point d’air entre-deux, dont le reffort puifle
faire équilibre avec la colonne qui preflè par fon poids les deux
corps, il faut furmonter la pefanteur de toute la colonne qui aurait
pour bafe la furface qui touche l’autre.
De même, fi l’on a un foufflet fermé, dont le canon 8c la fou-
pape foient bien bouchés, 8c qu’on attache une des ailes contre
line furface verticale ou horizontale ; on ne peut ouvrir le foufflet,
c’eft-à-dire j écarter l’autre aîle de la précédente, fans furmonter la
réfiftance d’une grande partie de la colonne d air qui aurait pour
bafe une des ailes du foufflet ; car comme il ne refte dans l’ame que
très-peu d’air lorfqu’on enfle le foufflet, celui dont il veut occuper la
place ne pouvant rentrer dans la capacité intérieure, refifte avec une
force qu’on aurait peine à croire fi l’experience ne le confirmoit.
797. Pour expliquer comment la pefanteur de 1 air fait palier
l ’eau d’un vaiflèau dans un autre, à l’aide d un fiphon , il faut etre
prévenu que le vaiflèau D où il y a de l’eau, doit etre un peu plus
élevé que l’autre E où elle doit fe rendre; 8c que le fiphon A , que.
îi’eft autre chofe qu’un tuyau de cuivre ou de fer-blanc, a une de
fes branches B plus courte que l’autre C. Pour en faire ufage, on
remplit le fiphon avec de l’eau afin d’en chaflèr 1 air ; enfuite on
en bouche les deux trous bien exactement, on retourne le fiphon
mettant la plus courte branche tremper dans le vaiflèau D , 8c on
la débouche dans l’eau même ; on débouche aulli 1 autre C , alors
on voit toute l’eau d’un vaiflèau paflèr dans 1 autre, ce qui viene
de ce qu’il y a plus de hauteur d’eau dans la branche C que dans
l ’autre B. Car d’abord l’air agit de part 8c d’autre pour faire monter
l’eau plus haut que le fommet A du fiphon , mais il eft rcpouile
avec plus de force par l’eau de la branche C , que par celle de
L a force du
reffort de l ’air
ejl caufe de la
difficulté
qu’ on éprouve
à féparer deux
corps polis.
Fie. 1.
Ralfoit pQttr~
quoi on se
peut ouvrir j
fans un grand
effort s un
foufflet dont
toutes les ouvertures
fo n t;
bouchées.
Fig. 15 Sc
ï | l
Que ta pefanteur
de
l ’ait ejl caufe
de la propriété,
du fip hon.
Fig, 14,