
L a vîte jfe du
vent doit être
x 4 'fois p lus
grande que celle
de Veau ,
pour choquer
une même fu r -
face avec une
égale force.
Autre manier-
re à e(limer le
rapport du
choc de l ’air s
à celui 4s -
l ’eaq?
32 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v r e III.
ayant fait équilibre par fon choc avec un poids qui étoit au f)oids
P , comme l'ouverture K a toute la bafe B C ; lùr quoi il eft a re -
marouer que le poids de l’eau.renfermée dans le cylindre, nepou-
voit pas contribuer à la force du jet, puifque s’appuyant fur la bafe
B C , elle étoit prefque toute au-deffous de l’ouverture.
Il fuit donc que l’air ôc l’eau qui fortent fucceflîvement par la
même ouverture , quelque poids quon mette fur la bafe, foutien-
nent le même poids par leur choc , quoique leau foit dune matière
beaucoup plus denfe & plus pelante que celle de 1 air , ce
qui vient de ce que l’air fort beaucoup plus vite que 1 eau. -
838. On a trouvé par plufieurs expériences, que quand le cylindre
étoit plein d’eajj, il lui falloit un tems vingt-quatre fois plus
grand pour fe vuider que quand il etoit plein d air ; c efl-a-dirc,
que quand il falloit vingt-quatre fécondés a 1 eau pour fe vuider,
if n’en falloit qu’une à l’air : d ou 1011 peut conclure, qu afin qu un
jet d’air fa lie le même effet par fon choc qu un jet d eau qui auroit
un même ajutage, il faut que la vîteffe de l’air foit vingt-quatre
fois plus grande que celle de l’eau.
Puifque les forces ou ies impreflions de l’air font comme les
quarrés des vîteflès, il fuit que quand il a 24 degres de vitclfe, il.
fait une impreflion cinq cens foixante-feize fois plus grande que
s’il n’en avoit qu’un. Or comme fa vîteffe doit être vingt-quatre
fois plus grande que celle de l’eau pour faire une impreflion égale 5
on voit que quand l’air 6c l’eau vont également v ite , l’eau a
cinq cens fôixante-feize fois plus de force que. 1 air ; c eft-a-dire,
que les impreflions de l’air 6c de 1 eau font comme les, quarrés dejç
& de 24 , puifque ces-deux nombres expriment le rapport des vî-
teflès qui rendent leurs forces égales. (
839, On peut encore juger du rapport du choc de l’eau a celui
de l’air indépendamment de l’expérience precedente, car félon
l’article 792, on a trouvé que le poids de l’eau etoit a celui de
l’air comme 640 eft à 1. Or s’il s’agiffoit de deux corps folides
dont l’un fût fix cens quarante fois plus léger que 1 autre, il faudrait
que le plus léger allât fis cens quarante fois plus vite que le
premier, pour que leur choc fût égal, parce qu’alors leur.quantité
de mouvement fera la même ; mais étant queftion de deux flui-
des, leurs quantités de mouvement feront en raifon compofee dç
leurs maffes, 6e des quarrés de leurs vîteffe?. Ainfi, pour que la quantité
de mouvement de l’air 8£ celle de l’eau foit la même, il faut que
les pefanteurs d’un égal.volume d’eau 8e d’air, qu’on peut prendre
pour leurs maffes, foient dans la raifon réciproque des quarrés dp
‘ leurs
C H A P . I I . DE LA MESURE DU CH O C DU V E N T . 33
leurs vîteflès. Prenant donc l’unité pour la vîteflè de l’eau, 640 pour
fon poids, celui de l’air fera auflï exprimé par l’unité, 6c nommant«,
fa vîteffe, on aura 1, quarré de la vîteffe de l’eau, eft à x x , quarré
de la vîteflè de l’air, comme 1 liv. poids de l’air, eft à 640, poids
de l’eàu ; d’où l’on tire 640— x x , ou 2 5 Ÿ = . r , qui fait voir que
la vîteffe dé l’air doit être au moins vingt-cinq fois plus grande
que celle de l’eau, pour choquer avec une égale force une même
furface. Ce calcul ne cadre point exactement avec les expériences
dont nous venons dé parler, mais il ne faut pas s’en étonner, vu
les frottemens que l’air 8c l’eau ont effùyés en fortant du troii ;
d’ailleurs l’air étant beaucoup plus dilaté en été qu’en hiver, (808)
doit avec la même vîteffe, Choquer avec d’autant moins de force
, qu’il fera plus dilaté, 8c au contraire : ainff l’on ne peut efti-
mer a la rigueur le choc de l’air par le quarré de fa vîtefle feulement
, à moins d’avoir égard à l’état où il fe trouvera alors. Cependant
, pour nous arrêter à un point fixe, 8c nous conformer à
la réglé la plus fuivie dans les Mémoires de l'Académie Royale des
Sciences, nous nous en tiendrons à l’expérience de l’article 838.
• 840. Puifqu’il faut que la vîteflè du vent foit vingt-quatre fois
plus grande que celle' de l’eau, pour que le choc du vent foit
égal à celui de l’eau, il fera aifé de mefurer le choc du vent comme
on mefure celui de l’eau, en divifant la vîteflè du vent par 24,
pour la réduire à celle de l’eau qui fer oit la même impreflion, ou
en quarrant la vîteflè du vent, 6c en divifant le produit par 576 ;
le quotient pourra être confidéré comme^le quarré de la vîteflè
d’une eau dont le choc feroit équivalent à celui du même vent.
Enfùite il fera aifé par la réglé (602) de connoître en livres ou en
onces la force du choc du vent ; par exemple, s’il s’agiffoit d’un
vent dont la vîteflè fût de 24 pieds par fécondé, fon quarré fera
encore 576, qui étant divifé par le même nombre, le quotient
fera 1 , qu’on peut regarder comme le quarré de la vîteflè d’une
eau qui ne feroit que d’un pied par fécondé, qu’il faut divifer par
é o , pour avoir ^ multiplié par la furface choquée. Si l’on fuppofe
cette furface d’un pied quarré, le produit fera encore ^ , qui
étant multiplié par 70, pefanteur d’un pied cube d’eau, l’on aura
jpj ou \ pour le poids de la colonne d’eau, équivalent au choc
d’un courant’ dont la vîteflè feroit d’un pied par fécondé, ou d’un
vent dont la vîteflè, dans le même tems, feroit de 24 pieds. Multipliant
7 par .16, pour réduire les livres en onces, on aura 112, qui
étant divifés par 6, le quotient donnera 19 onces, pour le choc du
vent contre la furface d’un pied quarré; c’eft-à-dire, qu’ayant une
Pan, 1. Tome II. E
Maniéré d‘ef-
timer le choc
du vent en livres
y comme
on fa it celui
de Veau.