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un jet d’eau de la groflèur du bras, qui s’élève à 2 5 pieds de hauteur.
On voit auflî fortir des rochers, quantité de bouillons d’eau
qui offrent un magnifique fpedtacle.
Je ne finirois pas, fi je voulois faire mention de tous les magnifiques
baflins que l’on rencontre à chaque pas, dont un des plus
beaux eft celui de l’Ifle d’Amour, ou l’ifle Royale, qui forme un
canal au milieu duquel eft une ifle environnée de 80 jets d’eau.
Des happes 1437- Les nappes d’eau font encore un bel effet dans les jardins,
£ * * mais il ne faut pas qu’elles tombent d’une grande hauteur , autre-
Je' ment elles fe déchirent & laiffènt des intervalles vuides ; les plus
belles font les plus garnies. Pour cela elles doivent dépenfer au
moins 2 pouces d’eau fur chaque pied de longueur; ainfi ayant une
nappe d’eau de 10 pieds, il faudra 20 pouces pour fa dépenfe. On
en voit une fort belle à Verfailles à la têce de l’allée d’eau, & une
plus belle encoreà Chantilly, qui fert à entretenir le canal fit la
plus grande partie des autres pièces du jardin,
’Définitiondes '1438. Dans les jardins où il y a des eaux jailliffantes, on nomme
fontaines pour fontaine plufieurs coupes de marbre ou de bronze allant en'dimi-
% s ‘jardfnT’111 uant:, pofées par étage-fur une tige commune qui fe termine par
un bouillon d’eau qui tombe fur la coupe du fommet, d’où elle
redefcend par cafcade dans les inférieures, en formant des nappes
d ’eau qui produifent un fort bel effet, Ces fontaines font toujours
placées dans lè milieu d’un baflïn qui leur fert de décharge ; telle
eft à Verfailles la fontaine de l’Etoile, compofée de 5 nappes,
formant enfembje une montagne d’eau.
Quelquefois c.es fontaines font terminées par une ftatue qui
vomit de l’eau, telle eft encoreà Verfailles la fontaine de la Renommée^
qui repréfente cette Hivinjté avec une trompette, d’où
fort un jet d’eau qui s’élève extrêmement haut ; cette figure a fous
fes pieds un globe qui donne lieu à une belle nappe. Le baflin eft
entouré d’une baluftrade de bronze dorée, foutenue de piédeftaux,
de chacun defquels il fort un bouillon d’eau qui coule dans une
rigole fur l’appui de la baluftrade, & qui de-là va fe répandre
dans le baflin en formarit une nappe.
Quand plqfieürs fontaines font placées de fuite fur une même
ligne dans un lieu avantageux, elles préfentent un fort beau coup-
d’oe il, & l’on ne peut voir fans admiration les trois fontaines de
l ’allée d’eau de Verfailles, qui eft un des plus beaux objets du jardin.
On voit auflî à Liancourt, fuperbe château à 10 ou 11 lieues
de Paris, une fontaine d’une grande beauté, de même que quan- (
tifé d’autres pièces qui rendent le jardin un de? plus magnifiques
&
C hat. V. de la D écoration des Jardins. 393
St des plus agréables, qu’il y ait après Verfailles Se Chantilly.
r»> "Les fontaines produifent auflî un fort bel effet, lorfqu’elles font
placées contre le fer à cheval de l’efcalier d’une terraffe de jardin.
Alors on en peut avoir deux l’une au-deflùs de l’autre, enforte que
la plus élevée fournifle la fécondé, comme on le voit repréfenté
fur la planche deuxieme, où l’on fuppofe que fur une terraffe au
pied d’une baluftrade eft une fontaine ifolée, placée au milieu
d’un baflin, d’où l’eau coule enfuite par la bouche d’un mafque
qui la fait jaillir dans la première coupe d’une leconde fontaine
adoffèe à un mur décoré d’une Architecture ruftique. Nous avons
cru pouvoir rapporter ici cet exemple, pour profiter de l’efpace
qui eft refté fur la derniere planche de ce volume, après y avoir
tracé le profil d’un baflin, dont nous donnerons la conftruétion à
la fin de ce chapitre.
1439. Ce que l’on appelle champignon cLeau, eft une efpece de
coupe renverfée, faite de marbre, taillée en coquille par deflùs,
portée par une tige qui donne à cette piece la vraie figure d’un
champignon. Au travers de la tige paffè un tuyau dont l’ajutage
vient aboutir au fommet; on en fait fortir un jet qui doit être gros
ôc de peu d’élévation : l’eâu en retombant bouillonne fie forme
■ une nappe circulaire qui caufe un agréable-effet. Quelquefois on
•pofe un champignon dans le milieu d’une grande coupe placée
dans un baflin ; alors l’eau tombant dans la coupe jaillit en deflùs
des bords, de-là dans le baflin ; SC forme deux nappes au lieu d’une.
1440. LeS buffets d’eau fe placent quelquefois dans les bofquets,
ou bien on les adoffè contre le mur du palier d’un efcalier à deux
rampes, cette piece ne devant point être ifolée, mais appuyée
contre un treillage de verdure qui la faffè valoir. Elle eft compofée
d’une grande table de marbre élevée fur une eftrade, où l’on monte
par deux ou trois marches: fur cette table font plufieurs gradins
en pyramide avec des garnitures de vafes de cuivre doré, dont le
corps de chacun eft formé par l’eau, enforte qu’ils paroiffent de
cryftal garni de vermeil ; il y a deux buffets dans ce goût là au
hofquet du marais à Verfailles. On les orne encore par des maf-
ques, dauphins de marbre ou de bronze', St autres figures qui vo-
miffent de l’eau ; quelquefois auflî le fond du buffet repréfente une
décoration d’Architeûure ruftique, ou une grotte compofée de
■ rocailles, congélations , pétrifications , coquillages Sc feuilles
d ’eau.
Il y a à Trianon le plus magnifique buffet d’eau que l’on puiffè
voir, pratiqué dans un enfoncement de charmille au bout d’une
I . Partie.. Tome I I . D d d
Plan . 2.
Définition des
champignons
d'eau.
Défini lion des
buffets d'eau.