
Dijfertation
fu r le pouce
d ’eau des Fon-
tainïtrs. .
A rchitecture H yd r a u l iq u e , L ivre IV.
Quant à la hauteur qu’il convient de donner aux parties d’une
cuvette, il faut que le tuyau montant en excede le fond de 14 pouces;
que la languette, pour calmer l’impétuofité de l’eau, ait 10
pouces au-deflùs du même fond, St que celle des jauges en ait S.
Il ne faut jamais envoyer l’eau d’une cuvette publique à une autre
que par des jauges que l’on puiffe fermer lorfqu’il y aura des
rétabliftemens à faire fur la conduite, ôbfervant de raccorder la
fuperficie des mêmes cuvettes aux tuyaux qui donnent 1 eau au
Public, afin que dans le tems qu’on fera obligé d’interrompre
une ou plufieurs conduites, l’eau qui y doit couler fe rende dans
le réfervoir.
A l’égard de la maniéré de fituer les jauges par rapport au niveau
de l’eau qui régnera dans la cuvette, pour en faire une répartition
judicieufe aux concefiionnaires, je vais faire enforte de
traiter ce lujet avec le plus de précifion qu’il me fera pofiible,
étant d’une extrême conféquence : mais comme il dépend de plufieurs
circonftances qui paroiffent n’avoir point encore ete bien
développées, il convient pour plus d’éclairciftèmens de reprendre
les choies d’un peu loin.
1 352. Quoique j’aye dit dans l’article 341 que le pouce d’eau
valoit 14 pintes, chacune pefant 2 livres de 16 onces, écoulées
dans une minute, je crois devoir faire remarquer que cette mefure a
été jufqu’ici fort équivoque, les Fontainiers n’ayant point eu egard
ni au tems de l’écoulement ni à la quantité d’eau écoulée ; ils font
feulement convenus d’appeller pouce d’eau la depenfe qui fe fe-
roit à gueule bée, par un trou d’un pouce de diamètre, pratique
dans une furface verticale, fans fe mettre beaucoup en peine à
quelle hauteur le niveau de l’eau devoit être entretenu au-deflits
du bord fupérieur de l’orifice. Ainfî lorfqu’ils veulent jauger la
dépenfe d’une fource, ils percent un ais de plufieurs trous d’un
pouce de diamètre, dont les centres fe trouvent fur une ligne hori-
fontale qu’ils ferment avec des chevilles ; enfuite ils fe fervent de
cet ais pour former un petit batardeau, afin que l’eau ne puilïè s’écouler
que par les jauges qu’ils ouvrent l’une après l’autre, jufqu’au
moment qu’ils voyent le niveau de la fource s’entretenir à peu près
à la hauteur du bord fupérieur.des jauges ; alors ils jugent de la
dépenfe par le nombre de celles qu’ilsTailTent ouvertes.
Pour avoir égard aux dépenfes qui feroient moindres que celles
d’un pouce, les Fontainiers percent encore dans le même ais d’autres
trous plus petits, comme de 1 1 , de 1 o , de 9, de 8, & c . lignes
de diamètre, dont les centres fe placent furie même alignement
C h a p . IV. de l a R echerche et C onduite des Eaux. 367
que celui des pouces. Pour eftimer la valeur de ces petites jauges,
ils ont divifé le pouce d’eau en 144 lignes, c eft-a-dire, en autant
de parties égales qu’il s’en trouve dans le quarré du diamètre d un
pouce, divifé en 11 lignes ; ils comptent que le niveau de leau
étant toujours entretenu à 6 ou 7 lignes du centre des orifices, les
jauges précédentes donnent 144, 121, 8 1 ,6 4 , &c. lignes d eau.
Ainfi lorfqu’après avoir ouvert plufieurs trous dun pouce, ils
voyent que le niveau de l’eau ne s’entretient plus a la hauteur con-
venable, ils en referment un, 6c ouvrent une ou deux des petites
jauges qui conviennent le mieux, pour arriver par degres a la me-
fure qu’ils cherchent. Par exemple, fi l’eau fort par 4 jauges dun
poncé, 8t par celles de 9 -St de 2 lignes de diamètre ; fis eftiment
que la fource donne 4 pouces & 8 5 lignes d’eau, fans qu ils fâchent
le rapport que cette dépenfe peut avoir avec une autre melure connue.
Il relie à examiner d’où l’on a tiré cette maniéré de jauger ,
pourquoi l’on s’en fert plutôt que d’une autre, Se fur quelle autorité
elle eft établie. . , , ,
1393. Ce n’eft que depuis que le Traite du mouvement des eaux
de M. Mariette a paru, que prefque tous les Mathématiciens le
font accordés à admettre une expérience, par laquelle cet Auteur
a trouvé que le niveau - de l’eau étant entretenu a une ligne au-
deflùs du bord fupérieur d’un orifice d’un pouce de diamètre, pratiqué
dans une furface verticale, il en fortoit environ 14 pintes dans
le tems d’une minute, d’où il a conclu la valeur du pouce deau
des Fontainiers. Je dis environ 14 pintes, parce que plufieurs autres
perfonnes, & M. Mariotte lui-même, ayant répété cette expérience,
en ont trouvé tantôt plus ou moins, mais le plus louvent
ï 3 pintes 1 ; cependant l’on s’en eft tenu à 14 pintes, pour plus de
commodité, parce que dans l’efpace d’une heure le pouce deau
donnera 3 muids de Paris, par conféquent j z en 14 heures, de
ceux qui contiennent 8 pieds cubes, St le pied cube 35 pintes.
Ainfi l’on peut par ce moyen mefurer bien plus ailement la depenfe
d’une fource, qu’en le fervant de la jauge des Fontainiers,
puifqu’il n’y a qu’à recevoir dans un baquet f eau qu elle fournira
lorfqu’elle fera toujours entretenue à fon niveau naturel ; eniuite
011 jugera de fon produit par le nombre de pintes écoulées dans le
tems d’une minute, qu’on n’aura plus qu a divifer par 14, pour
avoir des pouces St des lignes d’eau. Par exemple, fi on avoit
reçu dans le baquet 38 pintes en une minute de tems , la lource
aurait fourni 1 pouces i ; & pour avoir la valeur de la fraétion
en lignes d’eau, on dira, fi 14 pintes, valeur d’un pouce, donnent
«
Expérience de
M. Mariotte,
par laquelle il
a voulu dètei -
miner la valeur
du pouce
d’eau,