I l eft peu de
gens capables
de bien diriger
les ouvrages
qui ont rapport
aux eaux
publiques.
'Difeours préliminaire
f ur
la décoration
des fontaines
publiques.
386 A rchitecture Hydraulique , L ivre IV".
pouvoir en faire un bon choix, Sc de les employer de la maniéré
la plus avantageufe, en conduifant les ouvriers, fansfe repoferfur
eux de l’exécution des ouvrages qui mériteront quelque attention.
Si ces ouvrages ne font point ordinaires, il faut en communiquer
le projet à d’habiles gens pour profiter de leurs lumières, & n’en
point trop prendre fur foi, en confidérant qu’il eft des fautes
irréparables.
1415. Il y a peu de gens capables de bien faire exécuter les travaux
de cecte efpece ; cependant comme ils font d’une extrême
importance, c’eft aux Magiftrats à n’employer que des perfonnes
intelligentes, prévenues de bons principes de théorie & de pratique
: ces fortes d’emplois ne devant point s’acquérir par la finance,
& encore moins par la faveur. Un bon Fontainiern’eft point
un homme ordinaire, il eft peu de commiffion qui demande plus
de capacité & de prudence. Le jufte difeernement de Meffieurs les
Prévôt des Marchands SC Echevins de la ville de Paris eft bien
marque, dans le choix qu’ils ont fait de M. Sirebeau, pour remplir
dignement un pofte auffi épineux ; les fréquens entretiens que j’ai
eu avec lui fur les eaux, m’ont mis en état de juger de fa capacité
Sc de fes talens; je lui rends volontiers ce témoignage, que
c’eft à lui feul à qui je fuis redevable de toutes les connoiffances
qui me manquoient pour écrire ce chapitre d’une maniéré aufli
inftruchve.
1416. Il me refte à parler de la décoration qui peut convenir
aux fontaines publiques, félon leur fituation ; mais comme ce fu-
jet appartient entièrement à l’Architecture civile, je m’y attacherai
peu. J’aurois pourtant fort fouhaité que Paris m’eûtfourni
quelques,beaux morceaux, comme on en trouve dans la plupart
des villes d’Italie, principalement à Home; mais la décoration
de nos fontaines eft fi fimple, qu’excepté celle des Innocens, au
coin de la rue aux Fers, qui eft vraiment digne d’admiration par
la régularité de fon Architecture Sc la beauté de fes bas-reliefs, on
peut dire que toutes les autres n’ont rien qui les éleve au-deffus
jiu médiocre (*), c’eft pourquoi je n’en rapporte que trois prifes au
hafard qui pourront fervir de modèle, lorfqu’on voudra ufer d’économie.
Cependant, pour ne point m’en tenir là, j’ai enrichi ce
chapitre de quelques nouveaux deflèins de la cpmpofition de M.
Blondel, connu par le traité qu’il vient de donner au Public fur la
décoration intérieure & extérieure des Edifices.
(*) Ceci eft écrit en 1739, avant que la fontaine de la rue de Grenelle, par le cclebie Bou-
ehardon, fût commencée à bâtir. On peut voir les dellèins & la deferiprion de cette magnifique
fontaine dans le Recueil des plus beau* édifices de Paris, connu Ictus le titre de \'Architecture
Frdnçoifc, tome premier, pag. ziC.
C h a p . IV. de la R echerche et C onduite d e sEa u x . 387
142.7. Il n’y a guere que trois (mutions différentes qui puiflènt
convenir aux fontaines publiques ; la première eft de les enclaver
dans l’alignement des maifons d’une rue ; la fécondé, dans l’un des
angles droits ou coins d’un carrefour, qui eft le lieu le plus commode
pour la diftribution de l’eau, parce que quand il fe trouve
au fommet de la pente des rues, il peut fervir de point de partage
aux conduites qui partiroient de cette fontaine pour en entretenir
d’autres ; la troifieme eft dans le milieu des places publiques, parce
qu’on y rencontre ordinairement les mêmes avantages, & qu’elles
peuvent en faire, l’ornement.
142.S. La planche quatrième comprend les façades des trois
fontaines que j’ai dit avoir tiré de Paris, qui fe trouvent dans la
fituation qui convient au premier cas. La première repréfente la
fontaine de la porte faint Germain, ou des Cordeliers, dont nous
avons décrit la cuvette de diftribution dans l’article 1389; la fécondé,
celle de la Charité, rue Taranne ; Si la troifieme , celle
qui eft dans la rue S. Denis proche la porte : leurs plans font rapportés
fur la planche huitième.
142.9. La planche cinquième repréfente un des nouveaux def-
feins de fontaine que M. Blondel m’a fait pour être placé comme
les précédentes, dans l’alignement d’une rue; l’Ordre d’Architecture
qui y régné, eft Tofcan ruftique: en en trouve le plan fur
la planche huitième.
La planche fixieme repréfente une fontaine qu’on fuppofe placée
au. coin d’une-rue, félon la fécondé fituation. Ce deffein offre un
grand morceau d’Architedture, dont la compofition ne peut produire
qu’un bel effet, par la forme extérieure de l’édifice qui fait
diverfion avec l’intérieure, comme on en peut juger par une partie
du plan rapporté fur la planche huitième.
Enfin, la planche feptieme comprend l’une des quatre faces
d’une fontaine ifolée, félon la troifieme fituation. Son ordonnance,
qui eft des,plus riches, eft compofée d’un Ordre Dorique
parfaitement régulier, couronné d’un appui de pierre auquel on
n’a point mis de baluftrade, afin de rendre ce couronnement plus
mâle. On fuppofe que les quatre faces font lemblables, Sc que
chaque niche fournit de l’eau, comme on en peut juger par une
partie du plan rapporté fur la huitième planche. Pour donner a cet
édifice un air de grandeur, on l’a terminé par une pyramide dont
les tablçs qui la'compofent font deftinées à recevoir des inferip-
tions ou des bas-reliefs.
Comme il ne s’agit point ici de parler des proportions de l’Ar-
C cc ij
L es fituation s
différentes qui
conviennent
aux fontaines
publiques, fe
réduifent à
trois.
Explication
de\ façades de
trois fontaines
exécutées à
Paris.
P l a n . 4
& 8.
Explication
des trois nouveaux
dejfeîns
pour la décoration
des fontaines
publiques,
convenables
auxfitua-
tions précédentes.
Pl a n . 5,
7 &. 8»