
A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L i y r -e i y .
Defcription de la machine a chapeletsimaginée par
M . Francini.
1 191. Voici l’ingénieufe machine que M. Francini a exécutée
•en 1668 * par ordre de M. Colbert , dans le jardin de l’ancienne
-Bibliothèque du Roi. Pour en bien juger , on fçaura que dans lè
voifinage de la maifon , il y a une fontaine naturelle qui venoit
autrefois fe décharger dans un baffin fitué au milieu du jardin, 6c
que le-fuperflu de l’eau que ce baffin pouvoir contenir étoit conduit
par un canal dans un puits où elle fe perdoit. M. Francini
profitant du fuperflu de l’eau Sc de la profondeur du puits , a fait
naître un jet d’eau artificiel dans le milieu du jardin, qui produi-
foit-un fort bel effet.
La première 8c la feconde figure de la planche 6 , repréfentent le
profil Sc l’élévation de la machine dont il s’agit, compofée de deux
doubles chaînes fans fin , faites de petites barres de fer liées enfem-
ble par des charnières. A ces chaînes font attachés des godets for-
Plan. 6. mant deux chapelets d’inégale hauteur qui tournent fur un tambour
'Fig 1 FEDG, ayant des rainuresà. l’endroit des chaînes, afin quelescha-
8c 2.. pëlets foient toujours entretenus dans la même direction.; l’intervalle
des fufeaux de fer dont ce tambour eft compofé, eft égal à
la longueur des chaînons- qui forment les chaînes, pour que de
grand chapelet venant .à tourner avec le tambour, d’autre foit contraint
de tourner auffi..
L ’effien du tambour eft fou te nu par deux poteaux P , affermis
par des liens allemblés avec les femelles qui font fur le bord du
puits, 6c fortifiés par deux entretoifes QR , dont celle d’en bas
îèrt à foutenir la cuvette A , dans laquelle vieijt fe rendre le fuperflu
de l’eau du baffin.
QuilU doit 1193. Les godets B du grand chapelet font faits de plaques de
être U figure cuivre , formant un vailïèau plus large à l’entrée qu’au fond, pour
recevoir mieux l’eau de la cuvette A , qui coule fans ceflè par la
du grand. & du gargouille X ; cette .figure convient d’autant mieux à ces godets,
petit chapelet. que lorfqu’il y en a un de plein , le furplus ded’eau coulant le long
de la furface, va fe décharger naturellement dans le godet qui eft
au-dellous , de ce fécond dans le troifieme, ainfi de fuite de l’un
dansd’autre, fans.que l’eau puiflèfe perdre en jailliflànt de coté.
Les godets c du petit chapelet ont la même figure que les pré-
çédens, avec cette différence qu’ils font fermés de toutes parts, excepté
à l’endroit S où ils ont un petit goulot vers le fond Je plus
étroit
C h AP. I . DE LA MANIERE D’ELEVER L’E a U PAR UNE CHUTE. 1 f 7
é tro it, lequel fe trouve en haut, lorfque les godets, étant pleins
•d’eau, montent pour la décharger dans la cuvette fupérieure MI.
Pour plus d’intelligence , on a deffiné en particulier un godet du
grand 6c du petit chapelet, qui montrent la fituation où ils fe trouvent
, lorfqu’étant remplis d’eau, ceux du grand defeendent dans
le puits, 6c ceux du petit montent pour aller fe décharger,dans la
cuvette fupérieure.
Quoique la première figure ne repréfente qu’un chapelet vu de
c ô té , elle peut fervir à expliquer la manoeuvre de chacun en particulier.
Par exemple, on peut prendre les godets B pour ceux
du grand chapelet, lorfqu’ils defeendent dans le puits, 6C les autres
H du même lorfqu’ils montent à vuide. Que fi au contraire il
s’agit du petit chapelet, on jugera de la fituation de fes godets
H quand ils montent pleins d’eau, 8c du fens où ils fe trouvent en
B , quand ils defeendent vuides.
On a ajufté à l ’axe du tambour une roue dentée O , qui s’engraine
avec un pignon ou lanterne N , répondant à un volant pour
entretenir l’uniformité du mouvement de la machine, afin quelle
n’.aillepoint par fecouffes , 6c quelle ne fe reffente par des petites
altérations que pourroient cauler les obftacles qui fe rencontre-
roient en fon chemin.
1194. Comme le grand chapelet eft fuppofé defeendre dans le
puits à une profondeur un peu plus grande que la hauteur ou on
veut élever l ’eau ,au-deflùs du rez-de-chauffée, il y aura toujours
un plus grand nombre de fes godets qui defcendroiit pleins d’eau,
qu’il n’y en aura du petit chapelet qui la porteront au fommet du
tamhour ; par conféquent le poids de l’eau qui defeend fe trouvant
fupérieur à celui de celle qui monte, le grand chapelet fera
néceflàirement tourner le petit, dont les godets fe rempliront en
paflànt dans la cuvette A , qui doit pour cela avoir une certaine
profondeur, afin que l ’eau ait le tems de s’y introduire.
A l’égard de la vîteffe qui peut convenir au jeu de cette machine
, ce n’eft guere que par l’expérience qu’on peut le déterminer
, en augmentant ou en diminuant le nombre des godets
du grand chapelet, pour favoir à quel point la puiffànce doit etre
fupérieure au poids ; ce qui doit dépendre auffi de la dépenfe dont
l,a fource fera capable.
1195. Lorfque les godets du grand chapelet feront de meme
grandeur que ceux du petit, 6c que le premier chapelet fera un
peu plus que double du fécond , il montera un peu moins d’eau
dans la cuvette fupérieure, qu’il ne s’en perdra dans le puits ; c’eftr
il. Partie Tome II. K k
P ia n . 5,
Fig. 1 ,
Explication
du.jeu de cette
machins.
L e rapport
de la capacité
des godets du
grand & du
petit chape