
I l fa u t ]>rastiquer
des pui-
fards de dif-
tance en dif-
tance dans le
fond des tranchées
y pour
purifier l'eau.
348 A rchitecture H yd r a u l iq u e , L ivré IV .
pierrées. Il eft néceflaire de curer ces puifards deux fois l’année,
de crainte que les piélrées ou les tuyaux ne s'engorgent par les ordures
Apres avoir
poujfé le canal
de pierrée aujji
loin que vont
6c le limon que l’eau y auroit dépofé. On étend lur le fond
un lit de terre glaile bien battue, enfuite on conftruit une pierrée,
c’eft-à-dire, deux petits murs de pierres pofées à fec d’un pied d’é-
paillèur, fur 18 pouces de hauteur, régnant le long des berges pour
former un petit canal de 8 à 9 pouces de largeur vers la naiffance
de la tranchée qu’on élargit à mefure que la conduite cfb plus longue
St que les eaux deviennent plus abondantes. Car on n’eft point
le maître de donner à ce canal autant de largeur que l’on voudroit,
parce qu’étant enfuite recouvert avec des dalles ou pierres plates
qui doivent avoir fur leur piédroit au moins 3 pouces de portée,
on n’eft pas toujours à meme d’en avoir d’aflèz larges ; ainli les
eaux qui filtrent des berges ne trouvant point d’obftacle, paflent
par les joints de la pierrée St fe réunifient dans la conduite. On
pofe fur les dalles des gazons renverfés, pour empêcher qu’en recomblant
la fouille il ne tombe rien fur le fond. Un bon Ouvrier
St fon manoeuvre peuvent faire 7 ou 8 toifes de pierrées en un jour,
s’ils font bien fournis de matériaux.
1365. Il eft bon d’obferver qu’il faut de 50 toifes en 50 toifes
faire des puifards, c’eft-à-dire, des petits puits de 3 pieds de diamètre
fur 5 ou 6 de profondeur, mefuré au-deflous du fond de la conduite
; ces puits font deftinés à recevoir le fable St le limon que
les eaux entraînent avec elles ; c’eft pourquoi il faut les revêtir de
bonne maçonnerie de briques, enveloppée d’un conroi de terre
glaife, pour que l’eau ne s’y perde pas, 8t pour qu’en étant toujours
remplis, elle puifïe reprendre fon cours dans la pierrée fuivante.
Ces puifards font couverts d’une plate-forme chargée de terre;
comme ils doivent être curés deux fois l’année, pour en connoître
1 emplacement, il convient de les accompagner de bornes aux armes
de leurs propriétaires, 8t d’avoir un plan exact du chemin que
tiendra la -conduite.
Il eft eflèntiel de veiller qu’il ne foit creufé aucun puits le long
du chemin que fuivent les pierrées qui pourroient en détourner les
eaux, St qu on ne faflè aucune plantation dans le voifinage, de
crainte qu’à la longue les racines ne gagnent jufqu’à la conduite,
ne detruifent la pierrée, St ne faflènt refluer l'eau dans des canaux
étrangers.
1366. Apres avoir traverfé le terrein qui fournit de l’eau, on fe
fèrt de tuyaux pour continuer la conduite jufqu’à l’endroit où l’on
veut quelle fe rende, ce qui peut fe faire Amplement avec des
C hae. IV. de l a R echerche et C onduite des Ea u x . 349
tuyaux de bois ou de grès, lorfqu’on ne rencontre en chemin ni lesfiltrations,
fonds ni éminences confldérables, mais feulement des pentes St jBR
des contre-pentes douces, le long defquelles 1 eau n eft point allez avec des
forcée pour mettre ces fortes de tuyaux en danger de crever, au- tuyaux.
trement il faudroit en employer de fer coule pour former le refte
de la conduite, ou ne s’en fervir qu’aux endroits qui en demanderont
indifpenfablement.
1367. Pour faire des tuyauxde bois, on fe fert de troncs d’ar- Mf™“rre£s
bres de chêne, d’orme ou d’aulne, les plus longs 5c les plus tuyaux de
gros qu’on peut trouver j enforte qu’étant perces d un trou, dont le bois.
diamètre foit d’une grandeur convenable a la quantité d eau qui
doit y palier, le tuyau ait au moins un bon pouce a’epaifteur, fans y
comprendre l’écorce ni l’aubier. On perce ces troncs d arbres comme
les Charrons font les moyeux , en commençant d abord par un
trou d’un petit diamètre que l’on augmente enfuite , en fefervant
d’autres tarrieres d’un calibre plus fort. Un Ouvrier peut percer fix
toifes de bois d’orme ou d’aulne d’un trou de deux pouces de diamètre
en un jour, ôc feulement une toife de bois de chêne.
Pour joindre enfemble les tuyaux de bois, on affile le bout de
l ’un, ôc on aggrandit le diamètre de l’autre, afin de pouvoir les
encadrer enlemble fur une profondeur convenable, comme on le
peut voir dans le premier volume, livre fécond, fur la cinquième
planche du fécond chapitre. Pour plus de folidite, il convient de
fretter l’extrémité de chaque tuyau, qui reçoit celle de 1 autre, ôc
pour que l’eau ne (è perde pas, on les enduit de maftic a froid, qui
eft une compofition de graifïè de mouton battue dans un mortier
avec de la farine de briques, tant qu’on puifte en faire des pelotes
molles comme la cire dont fe fervent les Sculpteurs ; lorfqu il fur-
vient des trous ou fentes par ou s’échappe l’eau, on y chafle des
coins de bois entourés de filafle, enduits du même maftie.
1368. Les meilleurs tuyaux de grès fe font à Savigny, près de % ||||*
Beauvais ; ils ont ordinairement deux pieds de longueur, ôc s’em- tuyaux de**
boitent auffi l’un dans l’autre fur la profondeur de trois pouces ; grès.
leur calibre eft depuis fix pouces jufqu’à deux. Quand ces tuyaux
ont autour de 7 lignes d’épailleur, ils peuvent refifter au poids
d’une colonne d’eau de 25 pieds de hauteur.
Pour les aflembler, on prend du ciment pafte au tamis ou du
fable fin, ou du mâche-fer dépouillé de charbon que 1 on met en
égale quantité avec de la poix raifine ôc de la poix grafle fondue ;
lorfqu’elle commence à bouillir, on la remue fortement, en répan