Un certain
volume d'air
pefe une fo is
p lu s en hiver
qu'en été.
Fig. }.
1 4 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v r e III.
808. On fe fert auffi de la machine du vuide, pour connoî-
tre là pefanteur d’un certain volume d’a ir, afin de la comparer à
celle d’un pareil volume qui ferait plus ou moins dilaté ; on prend
un ballon de verre ou une bouteille, dont on adapte bien lé goulet
avec le tuyau de la feringue, afin d’en pomper Pair, comme l ’on
vuide celui du récipient ; St après qu’on en a affoibli le ref-
fort autant qu’il eft poffible, on ferme le tuyau, St on le fépare
de la feringue. On pefe la bouteille en cet état dans des balancés
fort juftes , après quoi on ouvre le tuyau pour laiflèr
rentrer l’air naturel, on pele encore le tout une fécondé fois, la
différence des deux poids donne celui de l’air greffier de la bouteille,
dont il eft ailé de connoîtré le volume par le poids de la
quantité d’eau quelle peut contenir (616). C ’eft ainfi que M. Hom-
berg a trouvé, par des expériences faites avec beaucoup d’exactitude,
qu’un pied cube d’air pefoit en été 7 gros 9 grains, & en hiver
14 gros & environ 19 grains; c’eft-à-dire , un peu plus d’une
once, fîx gros, qui eft le même poids que nous avons trouvé par
le calcul du baromètre dans l’article 791 ; àinji l’on peut conclure
, qu'en France l ’air ne pefe en été que la moitié de ce qu'il pefe en
hiver. Une fi grande différence vient, félon M. Homberg, d’un
plus grand mouvement de la matierê fubtilè qui produit une
chaleur plus grande, Se fépare en été les molécules de l’air les
unes dès autres, Se leur donne un moyen de déployer leur ref-
fort ; au lieu qu’en hiver y ayant une moindre quantité de cette
matière répandue dans l’air, ou celle qui s’y trouve ayant moins
de mouvement, ies molécules fe rapprochent les unes des autres »
Se il s’en trouve par conféquent davantage dans un même volume.
Ainfi Pair pefe plus ou moins félon la quantité de matkre
étrangère dont il eft chargé ; dans les grandes chaleurs il efbplus
léger, parce qu’il contient plus de matière fubtile, 8e en.-hiver il
pefe davantage, parce qu’il en contient beaucoup moins. Il fuit de
ce raifonnement Se de l’article 807, que la poudre à canon doit
avoir beaucoup moins de force en été qu’en hiver, parce qu’elle
trouve beaucoup moins dé parties d’air à raréfier, 8e c’eft ce que
j ’ai éprouvé dans un grand nombre d’expériences.
Cependant le mercure du baromètre ne laiffe pas d’être toujours
élevé à 27 ou 28 pouces dans une faifon comme dans l’autre,
au lieu qu’il devroit, ce fèmble , être élevé en hiver du double
de ce qu’il eft en été. Cela vient de ce que la colonne d’air
qui pefe fur l’orifice de la fiole du baromètre, eft toujours, dans
fa totalité, d’un poids à-peu près égal dans quelque - faifon que ce
C h a p . I. d e s P r o p r i é t é s d e l ’A i r . i y
foit; mais qu’elle eft plus dilatée environ du double, en été de ce
qu’elle eft en hiver, ainfi qu’il arrive à des liqueurs, dont une certaine
mefure ne laiffe pas d’égaler fon même poids, quoiqu’elle fe
foit toute mife en moufle.
809. On peut conclure de ce qui précédé, qu’on n’a jamais le
véritable poids des corps qui ont beaucoup de volume, tels que
les ballots de laine, de coton, de crins, Sec. puifque ces ballots
pefent moins dans l’air que dans le vuide, de tout le volume d’air
dont ils occupent la place, Se d'autant moins que cet air eft lui-
même plus pefant; ainfi il eft plus avantageux d’acheter ces fortes
de marchandifes en hiver qu’en été.
8 ro. On a un pareil intérêt, s’il s’agit de liqueurs qui fe vendent
à la mefure, de les acheter plutôt l’hiver que l’été, puisqu'un
même vafe en contiendra davantage ; par exemple, on voit
dans la table de l’article 339 que le pied cube de vin de Bourgogne
pefe en été 66 liv. 9 onces, & en hiver 68 liv. 1 once, qui eft une
différence de 24 onces par pied cube ; 8c comme le muid en contient
8 , il fuit qu’il contiendra en hiver 12 livres de vin , ou environ
6 pintes de Paris plus qu’en été : je laiflè à penler à bien des
gens, fi la Phyfîque eft une fcience purement curieufe.
811. La raréfaftion de l’air peut devenir très-confidérable, fi
l’on en juge par les conféquences qu’on a tiré de plufieurs expériences.
M. Mariotte, qui en a fait plus que perfonne, rapporte
qu’un certain volume d’a ir, tel que celui que nous refpirons, doit
être dilaté quatre mille fois , pour être dans fon étendue naturelle ;
c’eft à-dire, que s’il étoit poffible de porter un pied cube d’air de
deflùs la furface de la terre au haut de l’atmofphere, il oe'euperoit
un elpace de 4000 pieds cubes.
812. Par tout ce qui précédé, on a dû voir que le reflort de l’air
diminuoit à mefure qu’il étoit plus dilaté, 8c il eft naturel de conclure
qu’il doit au contraire augmenter à mefure qu’il eft plus
condenfé. En effet, fi l’atmofphere étoit preffée par quelque eau fe
que ce fu t , les molécules de l’air s'approcheraient davantage
les unes des autres, 8c feraient plus d’effort qu’elles n’ont coutume
d’en faire pour fe remettre dans leur état naturel ; c’eft-à-dire,
quelles auraient une plus grande force de reflort, 8c foutien-
droient une colonne de mercure plus haut que de 2 8 pouces. M,
Mariotte, 8c plufieurs autres après lui, ont fait des expériences pour
voir fi le reffort de l ’air augmentait à proportion des poids., dont il était
chargé, comme on avoit lieu de le préfumer, 8c ils ont trouvé que
cela étoit.
On n’a ja mais
exactement
la pefanteur
des corps
qui ont beaucoup
de volu-
me.
L e reffort de
Vair augmente
dans la raifon
des poids dont
i l ejl chargé.