
Inconvénient
de changer la
valeur du pou~
ce d’eau.
370 A rchitecture Hydraulique , Livre IV.
n’a voit, dans fon expérience, qu’à augmenter un peu la charge de
l ’eau, en cherchant de combien de lignes fon niveau devoit fur-
monter le centre de l’orifice pour dépenfer 18 pintes en une minute.
D ’ailleurs, comme on ne fait point de concellion pour une
feule ligne d’eau, 8c que l’on n’en donne guere moins de quatre,
je ne vois pas la néceffité de divifer le pouce en 144 lignes ; ir ferait
bien plus commode que cette divifion ne fût que de 36; alors une
ligne en valant 4 des anciennes,.fera vendue le quadruple, 8c
pourra fe rapporter plus aifément à une mefure d’ufage.
1397- S’il s’agifloit d’établir pour la première fois des fontaines
dans une ville, dont les eaux feroient à la difpofition des Magif-
trats, il conviendroit qu’ils affignaflènt au pouce d’eau une valeur
qui fût auffi commode qu’il eft polîible dans fes divifions, relativement
à celle d’une autre mefure connue; mais lorfque les chofes fe
trouvent établies par un long ufage, on rencontre fouvent plus d’in-
convéniçns pour les réformer, qu’il n’en réfulceroit d’avantages;
Sc voilà, ce me femble, le cas ou le trouvent Meilleurs de la ville
de Paris. Car quoique la valeur de leur pouce d’eau ne paroifle pas
déterminée, il faut pourtant convenir que n’étant autre chofe que
celui des anciens Fontainiers, la valeur que lui a donné M. Mariette
, approche plus qu’aucune autre de celle qui peut lui convenir ,
parce qu’il n’y a point de doute, que quand on a commencé à fe
fervir de cette mefure pour jauger l’eau des fontaines publiques,
l’on n’ait eu pour objet de laiffer fortir l’eau continuellement à
gueule bée par un trou vertical d’un pouce de diamètre, fuffifant
pour cela que fon niveau furmontât. tant foit peu le bord fupé-
rieur de l’orifice ; 8c c’eft ce qu’a fait M. Mariotte, en le fixant à
une diftance de 7 lignes du centre. Si l’on remarque à Paris un
grand nombre de fontaines où l’eau foit entretenue à une plus
grande hauteur, cela vient de ce que la fource en fournit plus que
les jauges n’en devroient dépenfer naturellement, ou que la décharge
de fuperficie eft trop haute, 8c ne reçoit pas le fuperfiu qui
devroit tourner au profit du Public. Ainfi fondé fur pluïieurs autres
remarques qui feroient trop longues à rapporter, je préfume
avec beaucoup de vraifemblance, que-dans les fontaines, le niveau
de l’eau devroit toujours être entretenu à 7 lignes au-deffùs du
centre des jauges; alors le pouce, fur lequel on compte, vaudra
environ 14 pintes. Les chofes étant ainfi, on ne pourroit en augmenter
ou diminuer la valeur fans de grandes difficultés, parce
qu’il faudrait, pour continuer à donner aux conceffionnaires h
même quantité a’eau qu’ils ont touj ours eue , renouveller leur con-
C h a p . IV. de la R echerche et C onduite des Ea u x . 371
trat d’acquifition pour les mettre fous des expreflions différentes,
13 98. Suppofant que la valeur du pouce d eau foit fixee à 14.
pintes de Paris, écoulées dans une minute, pour que le niveau EF
de l’eau foit entretenu à 7 lignes au-deftus de la ligne C D , fur laquelle
fe trouve le centre des jauges I , K , L , M , N , O , P , Q ,
leur diamètre allant de fuite en progrefïion arithmétique depuis
12 jufqu’à 2 lignes, chacune pratiquée dans la languette qui répond
à fon baffinet, il ne s’enfuivra pas que la répartition de 1 eau
fe fa fie exactement ; parce que les dépenfes de ces jauges, ou la
fomme des différentes vîtefïès de leurs filets d’eau, & les dechets
caufés par les frottemens, ne feront point dans la raifon des quar-
rés de leur diamètre: (491 ) le raifonnement confirmé par l’expérience
faifant voir que les petits orifices donnent beaucoup moins
que les grands, à proportion de leur fuperficie.
Si le niveau EF de l’eau étoit toujours entretenu a la meme hauteur,
on pourroit, après avoir pratiqué dans une languerte un
orifice d’une grandeur déterminée, eu égard à ce qu’on veut qu il
dépenfe, l’augmenter tant foit peu pour arriver par degrés a la
grandeur qui lui convient, fuppléer aux frottemens, Sc faire que
la dépenfe effective égale la dépenfe naturelle. Ayant trouve par
des. expériences exa£tes le diamètre qui convient aux grandes Sc
aux petites jauges, pour qu’elles dépenfent precifement la quantité
d’eau qu’on veut qu’elles fourniflènt, d’après ces connoifïances
on pourroit établir un inftrument qui ferviroit à déterminer le calibre
de toutes les jauges, pourvu que les languettes aient la meme
épaiilèur que celle qui aura fervi aux expériences, n y ayant point
de doute que les plus épaifles caufent plus de frottement, par con-
léquent plus de déchet, Sc au contraire: c’eft pourquoi il ne faut
jamais faire de canons aux orifices, parce qu’ils retardent confide-
rablement la vîteftè de l’eau. ,
13 99* Voilà fans doute le meilleur parti qu’on pourroit prendre,
fi, comme je viens de le dire, le niveau de l’eau pouvoit etre toujours
entretenu à la même hauteur ; mais c’eft ce qui n eft guere
poffible. Car fi les cuvettes reçoivent des eaux de fource, il arrivera
dans les tcms de fécherefïè que leur niveau baillera infenfîble-
ment; 6c fi ces eaux font élevées par une machine compofee de
plufieurs équipages de pompes, fujettes à de frequentes réparations,
L es dépenfes
des jauges circulaires
l’eau baifïera tout-à-coup quand on fera oblige d'arreter un
ou plufieurs équipages. Alors le niveau EF defcendant jufquen
G H , comme cela fe rencontre fouvent, il arrivera que les grandes
jauges I , K , L , M , donneront toujours de l’eau, Sc d’autant
ne
font pas dans
la raifon des
quarrés de leur
diamètre.
Plan 3.
Fig. 2.
Inconvénient
des jauges circulaires
, dont
les centres fon t
placés fu r une
même ligne ho-
rifontale,A