28 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v r e III.
Pendant cette agitation, les parties du feu qui demandent toujours
à s’étendre, enlevent avec elles quantité de parties d’eau,
Sc ce compofé de parties de matière éthérée Sc d’eau étant plus
léger que Pair qui répond à la furface de la terre, ce dernier les
chafïe au-defliis de lui, Sc les tient fufpcndues en vapeurs, brouillards,
ou nuées, jufqu’à ce que les vents les pouffent les unes
contre les autres ; 8c lorfqu’en s’épaiffiffant elles deviennent plus
pefantes que l’air qui les loutient, elles retombent en pluie.
833. L’air contient en tout tems beaucoup de ces vapeurs
ou petites gouttes d’eau fufpendues, comme cela fe prouve par
l’expérience fuivante : fi l’on trempe une feule fois une vieille corde
dans de l’eau falée, Se qu’on la fufpende en cet état, elle dégoûtera
toute l’année des; gouttes d’eau. On fait auffi que quand on
commence à pomper l’air de la machine du vuide, il s’y forme
comme un brouillard qui ne peut venir que des vapeurs qui retombent
les unes fur les autres n’étant plus foutenues par l’air
comme auparavant.
Mais rien n’eft plus admirable qu’une corde fufpendue a une
poutre ; on attache à l’extrémité de cette corde un poids auffi
grand que l’on veut, comme de 1 oobo livres, enforte qu’il pofe lé gèrement
à terre pendant un tems fec ; auffi-tôt que l’air devient
humide, on voit ce poids monter peu à peu, 8e redefeendre de
même quand l’air devient plus fec. Pour expliquer ce phénomène
il faut confidérer les parties de l’eau comme des grains de
fable trèsffins , extrêmement polis, fort durs, Sc fans angles, qui
pénétrent les pores .des différons corps, comme feroient des petits
coins qui gliflènt les uns contre les autres , Se s’inlïnuent dans
les pores de la corde, où elles ne trouvent par un air auffi greffier
St auffi embarraflant, à pénétrer que celui qui les contient ;
quand elles font une fois dans ces pores, elles font forcées de
pénétrer plus avant par l’acfion du reiîbrt de l’air environnant:
alors la corde s’enfle, par conféquent fe raccourcit St enleve le
poids.
La même choie arrive lorlque cette corde étant feche, on
l’arrofe avec de l’eau ; on voit monter le poids dans le moment, ce
qui prouve que la corde s’eft renflée par l’humidité qu’elle a bue ,
puifqu’elle s’eft raccourcie. Mais fi cette élévation du poids vient
de la preffion de l’air extérieur, comme nous le fuppoibns, il faut
que la colonne d’air qui environne la eorde, trouve lieu de defi-
cendre un peu, à mefure qu’elle- éleve le poids, puifque dans l’état
de l’équilibre le poids doit toujours être à la force motrice re