L e s réfervoirs
qui font fou-
tenus en l'air
doivent être
ifolés b entretenus
par une
carcajfe de
charpente.
Fabrique des
tuyaux de
plomb y & leur
préférence à
ceux de fer 3
lorfquils font
employés fous
le payé des
fues.
37S A rchitecture Hydraulique , L ivre IV.
tenir le fond 8c la hauteur par une carcafle de charpente, folide-
ment afTemblée, le pourtour compofé de poteaux diftans de 4 ou
5 pouces les uns des autres, afin d’appercevoir les fautes, 8c de
pouvoir les réparer fans tâtonner, 8c pour n’etre pas la dupe des
Plombiers, qui ne cherchent qu’à employer leur foudure. Quand,
ces tables feront pofées verticalement, il faut que la foudure qui
en fait la jonction foit appuyée contre les poteaux ; c’eft pourquoi
il convient, avant que de les établir, de régler leur diftance, relativement
à la largeur de ces tables, qui doit etre la plus grande
qu’il eft poffible ; obfervant de faire faillir en dedans du réfervoir
l ’arrête des 4 poteaux des angles 8c celles du chafiis de fond, afin
que ces arrêtes rabattues foutiennent les jonctions qui leur repondent,
qui ne doivent jamais porter à faux, parce qu’elles ne tardc-
roient guere à fe détacher, fi rien ne les aidoit a foutenir la pouuee
de l’eau. On obfervera auffi que les angles 8c le fond en foient bien
arrondis, parce que les Plombiers ne pouvant facilement ployer ru
aflùjettir leur plomb à angles droits, il fe forme un vuide entre le
plomb 8c les poteaux des angles, qui fait que le plomb fe déchire a
cet endroit par l’aétion de la pouffée de l’eau.
Je ne dis rien des équerres de fer qui doivent fortifier les angles,
ni des tirans qu’il faudra employer pour foutenir les faces oppofees
lorfque les réfervoirs auront beaucoup d’étendue, laiffànt a la discrétion
de ceux qui les feront conftrnire, de prendre toutes les
précautions néceflàires pour prévenir les accidens.
Cette maniéré de contenir les réfervoirs eft bien meilleure que
d’y employer du fer, parce qu’à moins que les barreaux ne foient
près à près, le poids de l’eau fait fouiller le plomb entre deux, qui
ne peut fléchir fans fe couper contre leurs arrêtes. Il eft çflèntiel
que ces réfervoirs foient ifolés 8e qu’on puifle manoeuvrer librement
autour ; il faut même, autant que cela fe peut, les élever allez
pour découvrir le delïous du fond, afin d’appereevoir les endroits
par où l’eau fe perdra ; c’eft ce qui n’eft point praticable, quand ils
font renfermés dans une caille, ou enveloppés de maçonnerie.
1415. Tous les tuyaux qu’on emploie à Paris font de plomb,
enterrés à 3 pieds de profondeur au-delîous du rez-de-chaullee des
rues ; on ne fe lèrt plus de ceux de fer coulé, parce que l’on a reconnu
qu’ils ne réfiftoient pas à la charge des voitures, qui les caf-
loient fréquemment, fans pouvoir tirer aucun parti des morceaux ,
au lieu que le plomb étant d’une matière moins aîgre, fléchit
lorfqu’il ne peut foutenir des fardeaux extraordinaires. Comme 11
y a plufieurs chofes elfentielles dont il faut être inftruit pour faite
C hap. TV. d e la R e c h e r c h e e t C o n d u i t e d e s Eaux. 3 7 9
un bon ufage des tuyaux de cette efpece, je vais expofer en peu de
mots ce qu’il importe le plus de favoir fur ce fujet.
Pour faire de bonnes conduites, il ne faut point employer de
plomb provenant des démolitions de vieux batimens, a moins de
le mêler par moitié avec celui d’Allemagne, 8c il en réfultera un
bon alliage. . .
On ne doit point employer le plomb d’Angleterre leul| non plus
que celui d’Allemagne, le premier étant trop aigre, 8c le fécond
trop flexible; mais les deux mêlés enfemble feront d’un fort bon
ufage, fi l’alliage eft compofé de trois quarts de plomb d’Angleterre
, fur un quart de celui d’Allemagne.
Les tuyaux de plomb fe faifoient autrefois avec des tables arrondies
8c foudées de long, emboîtées de iz pieds en 11 pieds,
8c raccordées par des noeuds de foudure; mais depuis qu on seit
avifé de jetter les tuyaux, en moule, on préféré ces derniers aux
autres, l’ufage en ayant paru beaucoup meilleur ; cependant la maniéré
dont on les fabrique ne les rend pas à beaucoup près âulîi
bons qu’ils pourraient l’être, parce que les moules n ayant que
trois pieds 8c demi au plus de longueur, on eft obligé de couler
ces tuyaux à plufieurs reprifes par des jets, dont les différens degres
de chaleur ne peuvent jamais former une auffi bonne liailon que
s’ils étoient coulés tout de fuite avec des moules de 10 ou i 1 pieds
de longueur, compofés d’un bon métal qui ne pût fe dépouiller
par la chaleur, comme cela arrive quand on les fait de potain.
Les tuyaux doivent être placés le long des maifons, pour les
éloigner de la route des voitures ; on obfervera de nen brancher
que le moins qu’on pourra, parce qu’ils rendent les faut« trQP
difficiles à découvrir ; cependant dans les cas indilpenlables, 1
faudra placer un robinet 8c un regard fur la branche près de la pnle
d’eau, afin d’en interrompre le cours quand il fera nécelfaire.
1416. Comme la mauvaife façon des tuyaux de plomb cauie
des réparations continuelles, le meilleur parti que peuvent pien-
dre ceux à qui appartiennent les eaux, eft d’avoir des moules en
propre avec lefquels on feroit de bons tuyaux, qui auraient toujours
les mêmes diamètres 8c les epaiflèurs qui doivent leur con
venir, eu égard à leur calibre 8c à leur charge, 8c qui ne pourraient
plus manquer que par les noeuds de foudure, laquelle doit etre
compofée de deux tiers d’étain fur un tiers de plomb, au lieu que
celle dont on fe fert pour le cuivre, doit etre de trois quarts d etain
fur un quart de plomb. '4* ,
» Il y auroit beaucoup de chofes à dire fur la maniéré d employer
. Bbbij
I l convient
que les Villes
ayent de s moules
en propre
pour la conf-
truClion des
tuyaux de
plomb. ,