
I l fa u t le long
d es.conduites,
pratiquer des
regards 6* des
ventoufes.
351 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v r e IV.
à une conduite de tuyaux de bois, de grès ou de fer, on ne peut
fe difpenfer de fe fervir d’un tuyau de plomb, auquel on donne
le contour néceflàire pour former la jondlion des autres, par le
moyen des rebords 6c des brides.
1371. De quelque efpece que foient les conduites, il faut les
accompagner de regards de diftance en diftance, pour éprouver
les parties qui tiennent ou qui perdent l’eau ; ces regards ne font
autre chofe que des petits puits ou cheminées, par lefquels on découvre
les tuyaux pour mettre l’eau en décharge. On pratique dans
le fond un puits perdu pour la recevoir quand on veut mettre une
partie de la conduite à iec ; c’eft pourquoi il convient, lorfque les
tuyaux fuivent des pentes 6c des contrepentes, de faire les regards
dans les lieux les plus bas par préférence aux autres. Nous reprendrons
ce fujet par la fuite.
Comme l’air que l’eau entraîne avec elle, caufe fouvent la rupture
des tuyaux, on a foin de pratiquer des ventoufes dans les
endroits éminens pour le laiflèr échapper ; ces ventoufes ne font
autre chofe qu’un petit tuyau vertical enté fur la conduite, qu’on
appuie contre un arbre, un poteau, ou un mur. On la laide toujours
ouverte, 6c l’onobferve feulement de recourber fon extrémité
pour empêcher qu’aucune ordure ne tombe dedans, 8c on l’é-
leve dé quelque pieds plus haut que le niveau de la deftination des
eaux. Mais lorfque cette élévation eft par trop grande, on fe contente
de placer le-long de la conduite des robinets qu’on ouvre,
lorfque les eaux ayant été mifes en décharge pour quelque réparation
, on veut les faire couler tout de nouveau, 6c on les ferme l’un
après l’autre, à mefure que l’eau y parvient, Ainfi l’air eft chaffé
en avant fans pouvoir rédfter au courant de l’eau, ayant la liberté
de s’échapper par les ventoufes qui fe trouvent ouvertes.
Comme ces robinets ne fervent que pour évacuer l’air lorfqu’on
veut remplir les tuyaux, 8c que ce feroit une grande fujétion d’être
obligé d’ouvrir ceux qui répondent à la partie du tuyau où l’air que
l’eau a entraînée avec' elle fe trouve cantonné, on peut à chaque
regard fouder lùr la conduite un bout de tuyau vertical de 4 à 5
pouces, fermé par une foupape chargée de plomb, pour être en
équilibre avec le poids de la colonne d’eau, afin quelle nepuidè
s’ouvrir que par l ’effort dont pourra être capable le redort de
l’air condenfé, qui s’échappera par cette ventoufe dans des cife
tendances à peu près femblables à celle de l’article 1 ipS.
B
C hat. IV. de la R echerche et C onduite des Eaux. 355
1372. Il s’engendre quelquefois des racines dans les tuyaux de
conduite , qui proviennent apparemment des graines que l’eau entraîne
6c dépofe dans des petites cavités où il y a de la terre ; ces
racines, que les Fontainiers nomment queues de Renard, fe multiplient
fi fort par la fuite, qu’elles parviennent à remplir la capacité
des tuyaux.
Il fe forme auffi des pétrifications caufées par le limon graveleux
que l’eau charie, qui s’arrêtant aux parties faillantes des parois
, s’y accrochént 6c groffidènt à force d’addition, jufqu’à boucher
entièrement la conduite. J’ai vu des cylindres de 6 pouces de
diamètre, compofant un corps auffi dur que la pierre, provenant
des pétrifications qui s’étoient formées dans la conduite des eaux
d’Arcueil, qui étoient réduites à ne pouvoir plus couler que par
un diamètre de 9 à 10 lignes.
Les pétrifications naiflent ordinairement dans les coudes qu’on
efl: obligé de faire faire aux conduites, parce que l’eau y coulant
avec moins de vîteflè, elle a plus de tems pour dépofer le fable
dont elle eft chargée. Le feul rcmede à cet inconvénient eft d’adoucir
les coudes ou croiffans, en leur faifant faire une portion de
circonférence qui ait le plus grand rayon qu’il eft poffible, 6c d’augmenter
Ja groflèur de la conduite en cet endroit, afin de fuppléer
aux obftacles qui s’oppofènt au cours naturel de l’eau.
Lorfqu’on foupçonne qu’il fe forme des engorgemens à quelques
endroits d’une conduite, on peut pour s’en affiner, en attachant
au bout d’une double ficelle bien forte un morceau de liège
proportionné à la groflèur du tuyau, le lâcher à l ’entrée de l’eau ,
pour voir s’il fortira au premier regard, ou ayant porté l’un des
bouts de la ficelle, on pourra y attacher quelqu’inftrument propre
à détourner tout ce qui pourroit former un engorgement. S’il fe
rencontroit une pétrification affez forte pour arrêter abfolument
le morceau de liege, il indiquera au moins l’endroit ou il faut remédier
, qui fera aifé à diftinguer par la longueur de la ficelle qui
répond au morceau de liege.
1373. Quand on eft obligé de faire paflèr des tuyaux de conduite
par une éminence beaucoup plus haute quelafource, qui contraint,
pour fuivre la pente que doit avoir l’eau, de creufer une
tranchée fort profonde, on ne peut gueres fe difpenfer de les loger
dans un aqueduc de maçonnerie en façon d’égout, ou Ion
puiffè manoeuvrer commodément. Pour cet effet il faut que la
Voûte foit percée de diftance en diftance par des regards ou
cheminées, afin d’appercevoir les fautes, fans être oblige de
I. Partie. Tome I I . Y y
Il s ’engefP
dre des racines
dans les
tuyaux 3 & il fi ics pétrifications.
Moyens de
remédier à ces
inconvénient*
I l y a des oc*
cafions où on
ne peut f e difpenfer
de loger,
les tuyaux
dans des aque*
ducs fouter?
reins.