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Quelle ejl la
meilleure f i-
tuation qu'on
peut donner
.auxjets S eau.
D e la grandeur
qu^ïl convient
de donner
aux bajfins
390 A rchitecture Hydraulique, Livre IV.
de Verfailles offrant des exemples de toutes les pièces dont je
viens de parler, nous y aurons recours comme aux plus magnifiques
qu’il y ait dans le monde, Se nous ne ferons qü’une légère
mention des autres que l’on rencontre ailleurs.
J’aurois bien voulu enrichir ce chapitre par un nombre de belles
planches qui euflènt préfenté l’effet de toutes les pièces dont je
vais donner une idée ; mais comme cela n’auroit pu fc faire fans
une grande dépenfe,quiauroit augmenté confidérablement le prix
de ce volume, pour un fujet qui n’intérefTe pas effentiellement les
befoins de la vie, je me fuis contenté de raffembler dans la pfe-
miere planche de ce chapitre plufîeurs morceaux qui compofent
enfemble un fort beau tout, dont la fîmple infpettion fuffira pour
donner une idée de l'effet que produifent les eaux jailliflàntes dans
un jardin.
1433 . Perfonne n’ignore qu’un jet d’eau s’élance perpendiculairement
en forçant "d’un trou circulaire que l’on nomme ajutage,
qui détermine la groffeur du jet, pratiqué à l’extrémité d’un bout
de tuyau vertical, que l’on nomme fauche de l’ajutage , placé au
milieu d’un baffin qui reçoit l’eau du jet. Ce baflîn fe fait circulaire
ou ovale ; quelquefois on lui donne la figure d’un exagone ou d’un
octogone ; on le place au milieu d’un parterre, ou au bout d’une
grande allée, en face du corps de logis. Quand on a beaucoup
d’eau, au lieu d’un jet on en fait plufîeurs, donc la fîtuation dépend
de la difpofition des lieux; cependant il faut faire,enforte en les
plaçant, que des principaux endroits du jardin on puifle les voir
d’enfilade ; cette répétition partage agréablement la vue qui fem-
ble les appercevoir en plus grand nombre qu’ils ne font effeétive-
ment. Pour cet effet, il faut que les parties du jardin foient affu-
jetties à la diftribution des eaux, & que les allées foient percées
avantageufement, afin de découvrir de loin, dans les bofquets ce
qu’on y aura pratiqué d’intérefîànt.
.1434. A l’égard de la grandeur qu’il convient de donner aux
baffins, il eft aflêz difficile de la déterminer, puifqu’elle dépend
de plufîeurs circonftances qu’on ne peut appercevoir que dans le
tems de l’exécution; mais on fent bien que dans un petit efpace,
on auroit tort d’y faire un grand baffin, 6c qu’au contraire dans
un jardin d’une grande.étendue, un petit baffin y conviendroit fort
mal; cependant l’on préférera toujours les grands baffins aux petits,
quand ils pourront avoir lieu fans rien gâter au deffein général.
De quelque grandeur qu’on les fallè, il ne faut pas leur
donner plus de 10 à' 24 pouces de profondeur, à moins que ce ne
C hat. V. de la D écoration des Jardins- 391
Ibic de grandes pièces d'eau, cômme celles dont nous ferons mention
dans la fuite.
1435. Une gerbe d’eau eft une efpece de faifceau compofé de
plufîeurs petits jets de peu de hauteur, placés dans le milieu d’un
baffin. Pour bien faire, il faut qu’ils s’élèvent par étage, afin de
compofer une efpece de pyramide, ce qui fe fait par le moyen de
plufîeurs rangées de petits tuyaux placés à la ronde autour d’un
autre plus gros, qui forme le jet du milieu; telle eft la gerbe que
l ’on voit à Chantilly au bas du grand perron. D ’AviLer, dans fon
Diclionnaire d'AiduüBure, parle d’une efpece de gerbe qu’il
nomme girande d’eau, qui eft auffi un faifceau compofé de plu-
fieurs jets qui s’élèvent avec impétuofité, ôt qui par le moyen de
l’air renfermé imitent le bruit du tonnerre, la pluie 6t la neige,
comme les deux girandes d’eau de brejeaü près de Rome. .
143<3. Quand un baffin eft d’une belle grandeur, il peut comprendre
plufîeurs jets d’èau accompagnés de figures de marbre ôc
de bronze tirées de la fable, comme on en rencontre un grand
nombre à Verfailles d’une beauté merveilleufe; tel eft, par exemple,
le baffin de Latone fitué au-deffous du parterre d’eau. Trois
figures de marbre blanc qui font au milieu, repréfentent Latone Sc
fes enfans, accompagnée des Payfans changés en grenouilles, de
bronze doré. Plus bas, au bout de l’allée royale, eft un autre baffin
dans le milieu duquel eft Apollon placé dans un char de triomphe
tiré par quatre chevaux ; à les côtés font les figures des quatre vents
qui-, foufflant dans leurs conques, jettent de l’eau de tous côtés.
Sur la même ligne , on découvre la grande piece .d’eau, qui eft un
canal de 750 toifes de longueur, fur 40 de largeur 6c 7 pieds de
profondeur.
Définition des
gerbes d 'eau.
On voit auffi près du labyrinthe un baffin occupé par Bacchus
accompagné de Satyres êc de jets d’eau ; le tour de ce baffin eft
revêtu de pampres 6c de grappes de raifins de métal. Dans le bof-
quet oppofé eft un autre baffin occupé par Cerès ; du milieu fort
un jet d’eau d’une groffeur prodigieufe, environné de huit autres;
fes bords font revêtus de gerbes de bronze doré.
Plus loin, on rencontre encore un baffin donc le milieu eft occupé
Defcriptionde
plufieurS bafi-
fin s du jardin
'de VerJailles.
par Flore ; cette Déefîè eft environnée d’un grand nombre
de jets d’eau, du milieu dcfquels s’en éleve un au-deffus des autres
en formant une agréable aigrette. A côté de ce baffin eft celui
d’Encelade, où l’on voit ce Géant accablé fous les rochers qu’il
avoit entaffés pour efcalader le ciel ; la proportion de cette figure
eft quatre ou cinq fois plus grande que nature. De fa bouche fort