
Définition
des berceaux
d'eau.
Définition des
arbres.
Définition des
cafcades.
394 A rchitecture Hydraulique , L ivre IV.
allée; il eft compofé de trois gradins dont les formes font agréablement
variées, incruftés de marbre blanc & de Languedoc.
Ce buffet eft accompagné de deux figures, dont 1 une reprefente
un Fleuve, & l’autre une Nayade foutenant chacune une urne d ou
fort un gros bouillon ; aux côtés font deux dragons qui vomiflènt
l’eau dans un baffin. Ces eaux Sc celles de plufieurs champignons
& chandeliers d’eau qui fe trouvent difpofées avec beaucoup de
grâce, forment en retombant de baffins en baffins, plufieurs
pes qui font un effet merveilleux, par l’oppofition de leur blancheur
avec les différentes couleurs du marbre, &. la dorure des
fculptur.es. j- •
1441. On fait auffi des berceaux d'eau qu’on place ordmane-
ment dans les allées d’un bofquet ; on difpofe fur deux lignes e
long des plate-bandes plufieurs petits tuyaux qui repondent a e
plus gros, & qui forment par leur inclinaifon des. jets paraboliques
qui fe croifent d’un côté à l’autre, Se compofent des area es
fous lefquelles on peut paffer fans être beaucoup mouille , comme
dans les cinq ailées du bofquet de l’etoile a Verfailles. ^
1441. On peut encore, en faifant aboutir une conduite au pied
d’un arbre, en détacher des tuyaux appliqués fur la tige, pour aller
de-là fe répandre le long des branches par plufieurs petits rameaux,
difpofés de maniéré que l’eau jailliffe de toutes parts , ce qui produit
un effet charmant par fon mélange avec la verdure ; c eft ainli qu a
Verfailles on a difpofé avec beaucoup d art 1 arbre deau, ou chene
verd, fitué au milieu de la piece nommée le Marais.
1443. Une cafcade eft formée par une chute d’eau naturelle on
artificielle ; elle ne peut avoir lieu qu’autant qu il y a une erru-
nence, aufommet de laquelle on a de l’eau dont on peut dnpoler.
Si elle eft produite par une fource abondante,ou qu on 1 y ait amenee
par une faignée, tirée d’un étang ou d’une riviere qui (croit dans
le voifinage, alors c’eft une cafcade naturelle, comme eft la ra-
meufe cafcade de Tivoli , qui paflè pour une merveille ; au lieu
qu’on la nomme artificielle, lorfque l’eau qui la fournit eft elevee
par quelque machine, comme celle qui étoit autrefois dernere le
château de M arly, qu’on a détruite depuis quelques années ^quoiqu'elle
fut des plus magnifiques. Les cafcades font difpofées en
gradins de pierre ou de marbre, qui ont depuis dix jufqu a quinze
pieds de longueur, difpofés fur une rampe, comme les marches
d’un efcalier, foutenus de côté par des murs qui tiennent lieu de
limon ; tous ces gradins font creufés fur leur longueur , afin d avoir
des rebords qui faffent ondoyer l’eau qui en fort. Au fommet de. s
C hap. V. de la D écoration des Jardins. 395
cafcade eft un baffin qui reçoit l’eau de trois tuyaux, dont chacun
fe termine à la gueule d’un mafque qui la dégorge, ce qui leur a
fait donner le nom de dégueuleurs ; ils font appliqués contre un
mur, comme aux fontaines ordinaires; St l’eau, avant que de
tomber dans le baffin, eft reçue dans trois grandes coquilles fer-
vant à former autant de nappes d’eau qui parcourent enfuite la
cafcade depuis le haut jufqu’en bas.
1444. Je paflè fous filence les différentes cafcades que l’on voit
a Verfailles, mais je ne puis omettre celle de Saint-Cloud, placée
dans le jardin de ce château, au milieu d’un bois fur un coteau qui
régné le long de la riviere de Seine. Le jeu des eaux y forme un
fpectacle des plus raviflàns, accompagné d’un grand nombre de
pièces, qui font enfemble le plus beau morceau qui ait été exécuté
jufqu’ici dans ce genre.
On voit auffi à Sceaux une fort belle cafcade, accompagnée
de plufieurs feenes qui en rendent l’afpect admirable, fur-tout dans
un lieu auffi élevé que l’eft le jardin, où l’on ne devroit point
s’attendre d’y voirune auffi grande abondance d’eau; elle va fe terminer
dans un grand baffin au milieu duquel eft un fort beau jet d’eau.
1445. Quand les cafcades ont beaucoup de hauteur, on y fait
dans le milieu un palier ou repos , où l’on place des tritons, dauphins
, & autres figures qui vomiffent de l’eau pour varier Je fpectacle.
Ces eaux étant reçues dans un baffin pratiqué fur le palier
même, peuvent de-là être conduites par des tuyaux pour former
plufieurs jets au pied de la cafcade, tant dans le grand baffin que
dans ceux qu’on peut mettre à côté fur une même ligne. Alors,
lorfque ces jets font placés près à près, on les nomme grilles oa
cierges deau; & comme je fuppofe que les eaux qui fourniflènt le
palier font tirées du réfervoir d’en haut, les nappes qui viendront
de la rampe fupérieure fourniront la rampe inferieure.
1446. Pour accompagner une cafcade depuis en haut jufqu’en
bas par quelque chofe qui la termine agréablement de chaque côté,
on y fait deux rangs de petits baffins de marbre fervant à revêcir
le deflùs des murs rampans, que nous avons dit tenir lieu de limon.
Dans le milieu de chaque baffin eft un jet, dont l’eau, à mefure
qu’elle retombe, s’écoule par un tuyau qui la conduit pour fournir
à un autre jet, & de-la encore à un autre ; car c’eft toujours la
même qui fort & qui rentre. J’entends que des deux rangées de
baffins pratiqués fur chaque rampe, l’eau du premier, &C qui eft
par conféquent à la tête de la cafcade, paflè par un tuyau qui
fournit le jet du troifieme baffin, de-là celui du cinquième, ainfi
D d d ij
Expofition
des cafcades
des jardins de
Saint-Cloud
de Sceaux.
On fa it un p a lier
dans le milieu
des grandes
cafcades ,
lorfqu ’elles
ont beaucoup
de hauteur«
On - décampa-*
gne les cafcades
d'un grand
nombre de petits
je t s d’eau.