
Plufieurs fontaines
à Paris
reçoivent indifféremment
de Peau de
fource 6* de
Veau de rivière.
Defcription
d'une cuvette
propre à cet
ufage.
Plan. i .
Fig. 6 Sc 7.
Fig, 8.
Précautions
g u'il fa u t prendre
pour Jituer
avantageufe-
m ent les fon-
3 6 4 A r c h i t e c t u r e .H y d r a u l i q u e , L i v r e I V .
que toutes les fontaines ne feront point aufïï abondantes que?
de coutume; mais c’eft toujours un grand objet d’empêcher que
l’eau n’y manque jamais. Voilà le cas où il importe extrêmement
de faire les réfervoirs des fontaines les plus grands qu’il eftpoffi-
ble, afin de ménager l’eau pendant la nuit Sc dans les heures du
jour ou 1 on en fait une moins grande confommation.
1389. C éft ainfi qu’a Paris l’on a plufieurs fontaines qui reçoivent
indifféremment l’eau de la riviere Sc celle des fources d’Accueil.
Pour montrer de quelle maniéré les cuvettes doivent être
diflribuees en pareil cas, je vais rapporter pour exemple• celle
de la fontaine de la rue des Cordeliers, comme une des mieux
entendue.
Les figures 6 Sc 7 repréfentent le profil Sc le plan de cette cuvette,
partagée en deux parties égales Sc femblables ;ABCDE, Sc
E FGHA, qui font féparées par une plaque A E , fervant de cloi-
fon ; ainfi chacune peut être regardée comme une cuvette particulière
, dont les diftributions font les mêmes ; la première reçoit
des eaux de fources, venant de la fontaine S. Michel, Sc la fécondé
en reçoit de la riviere provenant de la fontaine S. Severin.
Pour ne m’arrêter qu’à la fécondé cuvette, dont la huitième figure
reprefente l’élévation en perfpeéfive, on remarquera que les
eaux qui fortent du tuyau I , font d’abord calmées par une languette
KLM, au-deflous de laquelle elle paflè pour venir couler par les
jauges pratiquées dans la face NOP ; enfuite elle rencontre encore
une fécondé languette QRS qui la calme de nouveau avant que de
fé répandre dans les balîînets que comprend l’efpace T FG H X V ,
d’où elle eft diflribuée comme à l’ordinaire.
Pour ne point multiplier les tuyaux defcendans, on faura que
chacun répond par une fourche au baffinet qui lui appartientdans
chacune des cuvettes ; ainfi l’eau de fource Sc celle de riviere coulent
dans les memes tuyaux pour fe rendre chez les concefîionnai-
res, 8c aux fontaines que celle-ci entretient. Par cet arrangement
il fuffit d avoir deux tuyaux montans, l’un pour des eaux de fources,
8c 1 autre pour celle de riviere, dont les-conduites peuvent
lervir au défaut lun de l’autre, 8c même enfemble, lorfque pour
eteindre un incendie, l’on veut faire pafïèr dans un quartier le
plus d’eau qu’il eft pofïible.
I39°* Quand on veut établir des fontaines publiques, il faut
bien prendre fes mefurcs pour les fituer avantageufement, choifir
les endroits les plus elevés 8c qui aboutifïènt à de grandes rues,
afin qu elles puiflènt être lavées par le fuperflu de l’eau, 8c que
C hap. IV. de la Recherche et C onduite des Eaux. 3^5
les conduites qui partiront de ces fontaines * pour fournir a d au- tames p *
très, fuivent des pentes qui en facilitent la déchargé lorfquil faudra
les vuider. . .
Il faut fur toute chofe que la cage des fontaines foit^commode,
8c oue la cuvette de diftribution foit ifolee de meme que les
tuyaux, pour que les Ouvriers puiffent piller autour des tuyaux,
8c les réparer fans faire aucune dégradation ; au lieü que faute de
cette précaution, il arrive fouvent que pour en rétablir Un qui fc
trouve couvert par d’autres, ôn eft oblige de Couper ccs derniers,
par conféquent de multiplier l’ouvrage, 8c d interrompt e pendant
quelque tems le cours de l’eau dans les endroits ou ils la portent.
11 convient auffi, lorfque les cuvettes font fort élevées, d’en fou-
lager le fond, en foutenant le poids des tuyaux defcendans par
des attaches pofés de io pieds en 10 pieds.
1391.-11 n’eft pas moins eftenfiel de faire les-cuvettes folides 80 DejuelUm^
d’une belle grandeur, afin que les diftributions en fôient corn- tes des
modes ; car il eft bon d’ôbferver qu’independafnment des bafîinets gaines doivent
dans lefquels l’eau coule journellement, il doit y en avoir encore
d’autres vacans pour s’en fervir au befoin ; c eft pourquoi, lorl- tùbuercommo-
qu’on conftruit une cuvette, on ne fauroit la faire trop grande, Us
afin d’y ménager beaucoup de bafîinets pour de nouvelles coneefiiônS..
# .. -
Lorfqu’urie fôntairie doit efi entretenir plufieurs autres , il faut
faire d’une raifonnable grandeur les bafîinets qui doivent recevoir
l’eau qui leur, eft deftinée, 8c percer dans leur languette plufiéufs
trous, indépendamment de ceux qui en détermineront la jauge,
mais que l’on tiendra fermés pour s’en fervir feulement dans les
occafions où il faudra envoyer à ces fontaines autant d eau que
leurs conduites pourront en foutenir, foit dans un cas d incendie
, oit dans la vue d’établir par la fuite des fontaines plus éloignées
qui recevroient leurs eaux des precedentes. ,
Il faut que les languettes dans lefquelles les jauges feront pratiquées
, foient faites de cuivre 8c non pas de plomb, pour éviter
les inconvéniens qui en peuvent réfulter, dont le principal eft que
les jauges percées dans des languettes de plomb, peuvent etre âife-
ment agrandies par des ouvriers ou par d autres personnes qui au-
roient intérêt de faire pafler chez des concefïionnaires plus d eau
qu’il ne leur en eft due; une jauge de ié lignes pouvant devenir
capable d’une dépenfe de 10 St de 15, fans que I on s en apperçoive,
au lieu que ces malverfations ne font pas fi aifees a commettre lur
le cuivre.