
Maniéré de tenir
la baguette
pour la faire
tourner à fou-
h a it, en quel-
qu endroit que
te fa it .
344 A rchitecture Hydraulique , L ivre IV-
nifés d’avec ceux qui ne le font pas, 6c que c’eft ainfi que la fille
d’un nommé Martin, Marchand 'de Grenoble, a découvert des
Reliques.
1358. Sans nous mettre en peine de la conftellation fous laquelle
il faut être né, pour fe fervir heureufement de la baguette
divine, je crois qu’il n’y a perfonne qui ne puifle en jouer aufli-bien
que Jacques Aimar, lorfqu’on s’y prendra de la maniéré fuivante,
que j’ai cru devoir accompagner des principales cérémonies pref-
crites par les Auteurs qui ont bien voulu employer leurs veilles à
nous donner des inftruétions fur un fujet -aufli intéreflànt.
Il faut choifir une fourche de coudrier franc 6c rouge, le couper
d’un feul coup de tranchant environ le z % Juin, lorfque le fo-
leil entré dans le ligne du Cancer, êc s’il fe peut, choifir le tems
de la pleine lune, 6c bien mieux encore un mercredi à l’heure
planétaire de Mercure. Il faut pour bien faire que les deux branches
de la fourche ayent trois ou quatre lignes de diamètre, réduite
à 18 ou 20 pouces de longueur, 6c que la tige en ait 22 ou
23, enforte que les trois parties de la baguette compofent un Y.
Pour en faire ufage, on empoigne les deux branches, de maniéré
que le dedans des mains regarde le ciel, 6c on les éleve à la
hauteur des épaules, obfervant de maintenir La ti%e parallèle à L’ho-
rifon, enfuite l’on marche d’un pas grave 8c modeftement vers le
lieu où la baguette doit rendre lès oracles ; c’eft ainfi que Jacques
Aimar la tenoit quand il alloit, difoit-il, faire quelque découverte.
Ce qu’il y a de vrai, c’eft qu’aulli-tôt qu’on l’aura mife dans
cette fituation, on fentira qu’elle fera effort pour s’incliner, 8C
qu’on fera obligé d’employer toute fa force pour la maintenir ho~
rifontale, 6c peut-être n’y parviendra-t-on pas ; car auflî-tôt qu’elle
fort de cette diredtion, elle fuit la détermination qu’elle a prife,
foit vers le ciel ou vers la terre, jufqu’à l’inftant où elle a atteint
la verticale. C ’eft un fait que je ne contefte pas : mais il eft effèntiel
de remarquer que comme ce mouvement peut être caufé par l’ex-
tenfion des fibres du bois, elle tourne indifféremment dans tous les
lieux où fe trouve placé celui qui la tient, quoique l’on foit bien
sûr qu’il n’y a dans les environs ni fources ni tréfors cachés. Or,
comme c’eft principalement de la maniéré de la tenir que dépend
fa vertu de tourner ou de ne tourner pas, il arrive que lorfque
ceux qui prétendent être en poffeflion de cette merveille apperçoi-
vent dans la campagne des lignes purement naturels, qui accompagnent
les endroits où il y a ordinairement de l’eau, ils cheminent
de ce côté-là, 6c à mefure qu’ils avancent, ferrent plus étroitement
C hap. IV. de la R echerche et C onduite des Eaux. 345
tement les branches, alors la baguette s’incline, 8c ils annoncent
avec confiance qu’on n’a qu’à creufer 6C qu’on trouvera de l’eau ,
ce que tout autre auroit pu deviner de même.
■ 135p. Si l’on voit que la baguette joue entre les mains de certaines
gens, 6c non pas entre celles des autres, un peu d’exercice
de la part de ces derniers les mettra bientôt au pair, fur-tout s’ils
ont foin d’eflàyer différentes baguettes pour en rencontrer une dont
la groflèur convienne à leurs mains 6c à leur degré de chaleur,
afin que la feve puifle travailler dans les fibres. Ils pourront même
fe fervir de tout autre bois que celui de coudrier, 6c parvenir
a faire tourner la baguette au grenier comme à la cave, fans
qu’il foit néceflàire « que les particules aqueufes 8c les vapeurs
M qui s’exhalent de la terre s’infinuent dans la tige de la branche
» fourchue pour en chaffèr Pair, ou la matière du milieu, qui, félon
» le Pere Régnault, dans fes Entretiens Phyfiques, revient fur la
« tige, lui donne la direction des vapeurs ôc la fait pencher vers la
» terre pour vous avertir qu’il y a fous vos pieds une fource d’eau
« vive. La raifon qu’il en donne, eft qu’ordinairement les branches
” des arbres qui font le long des rivières ou fur le bord des fontai-
» nés, penchent vers l’eau, parce qu’elle leur envoie des particules
« aqueufes qui chaflènt l’air, pénètrent les branches, les chargeur,
« les affaiffènt, joignant leur pefantcur au poids de Pair fupérieur,
« 6c les rendent enfin, autant qu’il fe peut, parallèles aux petites
» colonnes de vapeurs qui s’élèvent de la furface de Peau ; ainfi les
« vapeurs qui s’infinuent dans les plantes avec tant de facilité, pé-
« netrent la baguette 8t la font pencher. Que fi cette baguette n’a
>5 pas le même effet entre les mains de tout le monde, cela vient
» de ce qu’une tranlpiration de corpufcules abondantes,groffieres,
33 forties des mains ôc du corps ôc pouffées rapidement, peut rom-
33 pre, écarter le volume ou la colonne des vapeurs qui s’élèvent de
>3 la fource, ou tellement boucher les pores 6c les fibres de la ba-
>3 guette qu’elle foit inacceflîble aux vapeurs ; 8c fans l’action des
33 vapeurs, la baguette ne dira rien
1 3 <30. Pour ne point m’arrêter davantage fur un fujet aufli frivole
, on peut conclure qu’il en eft de la baguette comme de cette
fameufe dent d’or, qui a tant fait de bruit en Allemagne. Sur la fin
du fcizieme fiecle, .un homme de Siléfie voulant profiter de la crédulité
populaire, annonça un fils âgé de fept ans, que la nature
avoir gratifiée d’une dent d’or ; auffi-tôt on vint de toutes parts
voir cette merveille, 6c plufieurs Savans * crurent qu’un phénomène
aufli extraordinaire méritoit bien d’être expliqué par des dif-
J. Partie. Tome II. X x
Explication
Phyfique des
vertus de la
baguette , par.
le Pere Régnault,
Jéfuï-
te.
Hijloire d'uni
dent d’or qui a
fa it beaucoup
de bruit en A l lemagne
pendant
plufieurs
années y &
qu’on peut
\ mettre aunom-
'■ bre des merveilles
que Von
‘ débite fu r la
baguette.
* Dans les
années 1693
16948c 169 ƒ,