
354 A rchitecture Hydraulique, Livre IV.
tâtonner long - teins en faifant des fouilles confidérables.
Les tuyaux doivent être pofés fur des taffeaux élevés de deux
pieds au-deflùs du fond, pour la commodité des Ouvriers : comme
il n’y a pas grand-chofe à dire fur ces fortes d’aqueducs, qui
ne foit commun à tous les ouvrages de maçonnerie qui fe font fous
terre, je ne m’y arrêterai pas davantage ; j’ajouterai feulement qu’il
eft néceffaire d’en faire fous les grands chemins pour mettre les
tuyaux à l’abri d’être caffés par l’ébranlement des voitures, l’expérience
faifant voir que les meilleurs de fer coulé, n’y réliftent
pas.O
n peut encore fe fervir des aqueducs fouterreins pour amener
l’eau tout naturellement jufqu’à fa deftination, fans être oblige
de fe fervir de tuyau, lorfque le terrein le permet.; alors on fait
un petit canal bien pavé en mortier de ciment dans le fond de
l ’aqueduc, accompagné de deux banquettes, pour en faire la vifite
& en faciliter le curement.
Defcription 1374. Un des plus beaux aqueducs fouterreins que nous ayons
de l'aqueduc. en France, eft celui d’Arcueil, qui fert à conduire dans une rigole
rcucl ' l’eau de plufieurs tranchées de recherches faites en pierrées, dans
les campagnes de Rungis, Paret, Coutin. Cet aqueduc a 7000
toifes de longueur ; il eft conftruit en pierres de taille depuis le
vallon d’Arcueil jufqu’au château d’eau qui eft à la porte faint
Jacques ; fa pente eft de 6 pouces fur 200 toifes, & la rigole eft
accompagnée de deux banquettes de 18 pouces de largeur, fur
lefquelles on peut marcher jufqu’au-deflus du village d’Àrcueil.
Sa hauteur, depuis le fond de la rigole jufqu’au défions de la clef,
eft de 6 pieds, excepté en quelques endroits où on a été obligé
d’en donner moins pour s’aflùjettir aux grands chemins fous lef-
quels il paflè.
D efcription 1375. Un autre aqueduc de cette efpece, eft celui de RocquanaJticqmncourt
court, qui amené l’eau à Verfailles ; fa longueur eft de 1700 toifes ,
ayant en tout 3 pieds de pente , qui eft tout ce qu’on a pu lui en
donner. Pour le conftruire, on a été obligé en plufieurs endroits
de faire des fouilles de 14 toifes de profondeur ; ce qui en a rendu
l’exécution très-difficile. On fit 150 regards fur la longueur de cet
aqueduc, quifl’étoient point placés à diftance égale, mais feulement
aux endroits qui pouvoient faciliter le tranfport des matériaux;
80 furent revêtus en maçonnerie, Sc les 70 autres, qui ne
dévoient fefyir que pendant le travail , furent feulement coffrés
en bois, St bouchés enfuite par une maçonnerie en cul de four, SC
comblés de terre jufqu’au niveau de la campagne.
C ha p. IV. de l a R echerche et C onduite des Eaux. 355
Cet aqueduc, qui a coûté 325 ooo’ livres, n a donne que 6 pouces
d’eau depuis 1675 jufqu’én 167 8 , St quelquefois n en don-
noit que 5 ; 4 , 3 , 2, fuivant que les féchereffes étoient de plus
longue durée.; mais en 1685 , on fit à la tete de cet aqueduc
un étang pour deffécher une campagne appellée lrou d bnjei, Sç
depuis lors il a donné 10 à 12 pouces d eau , ce qui iem e £Çn-
firmer l’opinion qui attribue aux eaux de pluie 1 origine des Pon-
tâincs
1376. Lorfqu’on trouve des facilites pour conduire l’eau dans
une rigole, St qu’on ne peut fe difpenfer de la faire palier par des
vallons profonds, il faut néceffairement, pour continuer le niveau
de pente , foutenir les eaux fur des aqueducs de maçonnerie élevés
par arcades ; c’eft ainfi qu’en ont nié les Romains pour amener
les bonnes eaux dans les villes, comme le font voir les vertiges
qui relient de leur magnificence, aux- environs de Nîmes,
d’Arles, de Fréjus, Sic. & qui n’ont été imités jufqu’ici que par
Louis le Grand, qui en a fait conftruire plufieurs à grands riais,
pour conduire des eaux à Verfailles St à Marly. On aura une 1 e
de ces aqueducs, en confidérant la première Planche fur laque e
on a développé celui-qui a été commencé proche de Maintenon ,
on voit qu’il eft élevé par trois cours d’arcades, dont 1 objet eit
de former en l’air la rigole A , accompagnée de deux banquettes
B , C , St d’un parapet de 'chaque côté, afin' de pouvoir parcourir
la rigole fans danger, pour la curer de tems en tems. Les piles du
premier Sc du fécond étage ont été percees dans le milieu 1J e
leur épaiffeur , pour faciliter les communications au tems de la
conftruélion de l’ouvrage, St pour fervir auflî en cas de réparations.
A l’égard du profil de l’aqueduc élevé dans la plaine de Bue ^ que
l’on voit marqué fur la même Planche, St qui fert à conduire a
Verfailles les eaux que l’on tire de la plaine de Sçale , on remarquera
qu’il a l’avantage de pouvoir fervir en meme tems de c au ^ ec
aux voitures publiques ; je ne m’y arrête pas davantage, parce qu on
en trouvera le devis dans la fécondé Partie de cet Ouvrage.
1377. Il eft affez difficile de déterminer au jufte la pente quil
convient de donner aux rigoles, félon la quantité d eau qui oit
y couler. Vitruve veut qu’elles ayent 6 pouces de pente fur ioo
pieds de longueur, ce qui eft beaucoup trop, plufieurs expériences
faifant voir que 2 pieds pour 1200 toifes fuffifent lorfque la rigo e
{ne fait point de coudes, ou que les retours font tellementadoucis
qu’ils ne peuvent caufer une altération fort fenlible a la .vitelle e
fbau.
Y y fi
Des aqueducs
élevés par arcades,
en.tr'autres
de celui
de Maintenont
6* de celui qui
eft élevé dans
la plaine de
Bue.
P&AN. I?
Quelle eft la
moindre pente
que l'on peut
donner aux ri~
goles, ;.