
C hap. IV. de la Recherche et C onduite des Eaux. 339
C H A P I T R E IV.
De la recherche, conduite & difiribution des eaux.
1349. L a plupart des Philofophes anciens 8c modernes ont attribué
à diverfes caufes l’origine des fontaines ; les uns ont cru Opinions des
que l’eau de la mer couloir dans des canaux fouterreins vers les
différens endroits où l’on voit des fources, 8c depofoit en filtrant des fontaines.
dans le fein de la terre le fel dont elle eft chargée ; fans confidérer
que fi cela étoit, les fontaines feroient toujours dans le même état,
puifque la mer leur fourniroit en tout tems une égale quantité
d’eau; ce qui n’arrive pas, prefque toutes étant fujettes à augmenter
8c à diminuer.
D ’autres ont cru qu’il s’élevoit des vapeurs du centre de la terre
qui rencontrant vers fa furface de grandes cavités en forme de
voûtes, s’y attachoient comme au chapiteau d’un alambic, 8c cou-
loient enfuite vers le bas pour former les fontaines; mais peut-on
croire qu’il y ait un affez grand nombre de pareilles cavernes, car
il en faudroit à peu près autant que de fontaines ; 8c quand meme
on voudroit les admettre, il paraît que ies vapeurs réduites en
gouttes d’eaü, devraient retomber perpendiculairement vers l’endroit
d’où elles font parties, ou bien il faudroit néceffaireroent qu’il
y eût au-defTous de ces voûtes un lit continu de terre glaife ou de
pierres pour recevoir ces gouttes ; 8c en ce cas, comment les vapeurs
auroient-elles pu pénétrer un pareil lit ?
Quelques autres, en fuivant une opinion à peu près femblable,
ont foutenu que l’eau de la mer fe rendoit dans des abîmes, que
là un feu central la faifoit bouillir 8c la réduifoit en vapeur, qui
s’élevant vers la furface de la terre, étoit condenfée par le froid
8c réduite en eau, qui couloit enfuite dans plufieurs canaux fou-
terreins ; à quoi l’on peut encore objecter que fi cette opinion'avoit
quelque vraifemblance, les fontaines ne diminueraient point dans
les tems de féchereflè, 8c les pluies n’auroient aucune part à leurs
accroifïèmens.
. . 13 50 .. Sans nous arrêter davantage aux différentes opinions qui t a eau f i des
ont été écrites fur ce fujet, il fuffit de dire que le plus grand nom-
bre des Savans conviennent aujourd’hui, qu’une partie de l’eau des 4 eaucoup de
pluies, en tombant fur la terre, formeles torrens, groffit les rivie- m&tt&Êm
res, 8c que 1 autre partie abreuve, pénétré la lurtace julqua la. &àU
Vu ij