
i$>4 A rch ite cture Hy d r a u l iq u e , L ivr e III.
Plan, i 6. »dans les fourneaux par la feulechûtede l’eau, ce qui fe fait ainfi.
Fig. i . » On a un tuyau de bois ou de fer blanc de 14 ou 1J pieds de hau-
»teur, 8c d’un pied de diamètre, [qui eftfoudé dans une médiocre
« cuve renverfée, dont le bas eft pofé fur le terrein, enforte que
» pour peu d’eau qui y tombe , elle ferme les ouvertures , 8c l’air
« n’y peu plus palier. On laiflè au haut du tuyau une ouverture de
» trois ou quatre pouces de diamètre, dans laquelle on met unen-
» tonnoir, dont le goulot eft de lamêmegroflèur; on y fait tomber
m de 1 5, 20, ou 30 pieds de hauteur, de l’eau de quelque fontaine ,
» dont la largeur en tombant eft à-peu-près égale à l’ouverture de
jl l’entonnoir, enforte qu’il ne peut s’y amafler de l’eau que de 5
» ou 6 pouces de hauteur. Cette eau en tombant entraîne avec elle
»beaucoup d’air qui la fuie jufqu’au-deflbus de 1 entonnoir , à
» caufe de la pefanteur de l’eau qui continue de tomber. 8c de la
» vîteflè de fon mouvement. On met à côté de la cuve , un tuyau
»qui va en étréciffant jufqu’auprès du trou du fond du fourneau
» où le charbon doit être fouiné ; l’air prefle 8c enferme dans la
» cuve ne pouvant fortir par en haut à caufe de la chute impetueufe
» de l’eau qui occupe le trou de l’entonnoir, ni par en bas a cauie
» de l’eau qui s’y amalTe, 8c qui s’élève d’un pied ou deux par deflùs
si les fentes qui relient entre la terre du fond 8c les douves de la
33 cuve , cet air eft contraint de fortir avec une tres-grande force
3s par le bout du canal, de maniéré qu’il fait le même effet pour
33 fouiller le charbon , que les plus grands foufflets de cuir dont
33 on fe fert ailleurs ». . .
J’ai appris par un de mes amis, qui a beaucoup voyagé en Italie,
que près de Salan fur le lac de Guarde 8c proche de Rome, dans
la montagne Tibùrtine, il y avoit des forges où les foufflets dont
nous parlons étoient employés.
H y.a «nïore - 1092. On a conftruit proche Valenciennes, en 1733 8c 17 34 3
une nouvelle une fonderie pour la fabrique des boulets de canon , dont le feu
Ifoujjlet exccu- fourneau eft animé par un fouffiet nouvellement imaginé en
tée i une fon- Angleterre ; l’ëau n’y a aucune part, il fe réduit à faire-circuler 1 air
iVaUnc'°Ch‘ ^’Une maniéré que l’on dit être fort ingénieufe, 8c qui produit un
effet furprenant. Comme je ne l’ai point vu , 8c qu’on'n a pu m en
donner qu’une idée fort imparfaite , je n’entreprendrai point de
l’expliquer préfentement, me réfervant d’en donner la defeription
auffi-tôt que je m’en ferai inftruit par moi-même : on la trouvera
dans le premier volume de la fécondé partie de cet ouvrage.
C h a p. IV. de la T héorie des Rompes. l 9 î
Defeription de la Machine de Marly.
1093. Il 11e paroît pas que l’on ait jamais exécuté de machine
qui ait fait autant de bruit dans le monde que celle de Marly ; elle
peut être mife au nombre de ces ouvrages rares qui étoient réfer-
vés à la magnificence de Louis le Grand. En effet, il n’appartenoit
qu’à ce Monarque de forcer une riviere comme la Seine à quitter
Ion cours naturel, pour s’aller rendre fur le fommet d’une montagne
auffi élevée que celle où elle coule préfentement. Les Poètes
ont fait faire à leurs héros des chofes merveilleufes avec le fecours
des Dieux ; mais ce grand R o i, fans avoir recours à la fiction, trou-
voit dans fes finances 8c dans l’habileté de ceux qui cherchoient à
contribuer à fa gloire , tout ce qu’il falloit pour accomplir fes
grands deffèins. La fituation qu’il choifit lui-même dan? la forêt
de Marly pour y„ faire bâtir un château , peut palier pour une des
plus belles du monde ; une expofition heureufe 8c une vue charmante,
fournifloient du côté de la nature tout ce que l’on pouvoir
defirer, excepté de Peau.Et comment pouvoir s’en paffèr, dans un
lieu que l’on vouloit enrichir de tout ce que l’imagination peut fe
repréfenter de plus riant, de ces lieux enchantés que les romans
nous décrivent avec tant de pompe ? Cet obftacle auroit rebuté un
Prince moins puiffant,maisil voulut montrer qu’il pouvoir venir
a bout des plus grandes entreprifes. Il parle, auffi-tôt tout ce qu’il
y a d’habiles gens en France 8c dans les pays étrangers, attirés par
les bienfaits dont il récompènfoit le mérite, fe dilpütent la gloire
de le fervir.
Comme alors il fuffifoit qu’on eut quelques talens pour être écouté
favorablement desMiniftres, un nommé Rannequin, du pays
deLiege, homme d’un génie excellent pour les machines,fut allez
hardi pour entreprendre de rendre les eaux auffi abondantes a
Marly 8c à Verfailles que fi elles y eullènt coulées de fource. La
machine qu’il a exécutée pour cela, a commencé d’agir en 168 2 :
on prétend qu’elle a coûtée plus de huit millions. J’ai héfité long-
tems de la rapporter dans cet ouvrage, par la difficulté de la bien
décrire 8c d’en avoir un deflein exaeft ; d’ailleurs fon exécution
étant d’une auffi grande dépenfe, il mè paroiffoit ridicule de la
donner pour modelé à ceux qui auroient recours à mon livre pour y
chercher les moyens d’élever de l’eau. Cependant j’ai confideré que
cette machine ayant fait jufqu’ici l’admiration de toute l’Europe,
les curieux ne feroient pas fâchés d’en avoir les développemens,