3 yo A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v r e IV.
dant deflùs de la poudre dont nous venons de parler, jufqu’à cç
qu’on voie cette compolition filer, comme fi c’étoit de la théré-
bentine ; on la verfe dans un baquet pour la laiffèr refroidir, en-
fuite on la caflè par morceaux que l’on fait fondre quand on veut
s’en fervir. Si l’on s’appercevoit que le maftic fût trop maigre
pour fe bien joindre aux tuyaux, il faudrait, en le faifant fondre ,
y mêler de la graillé de mouton, ou de l’huile de noix. Cent livres
de ce maftic coûtent environ douze francs, 6c il en faut à peu près
trois livres pour chaque noeud des tuyaux de 4 pouces de diamètre
; ainfi des autres à proportion de leur calibre. Ces noeuds
fe forment avec de la filaflè; il en faut environ 3 livres pour ioo
toifes des mêmes tuyaux. On s’afîùre fi les noeuds font bien faits,
en détachant à petits coups de marteau le maftic qu’on a employé,
afin de voir s’il s’eft bien incorporé avec le grès.
Lorfque les tuyaux ont 5 ou 6 pouces de diamètre, 8c qu’ils
font par conféquent trop gros pour être aftèmblés avec du maftic
à feu, par la difficulté de les échauffer 8ç de faire de bons noeuds,
on fe fert d’un autre maftic compofé de chaux 8c de farine de ciment,
dont on garnit le dedans de la boîte 8é le deflùs de la vis,
qu’on poulfe en tournant de côté & d’autre, tant que leurs bords
le touchent 8c que le ciment regorge ; alors on le fert de celui qui
déborde pour en faire un noeud.
Je pallè fous filence, qu’avant que d’aflèoir les tuyaux, il faut
applanir le terrein, afin d’adoucir, le plus qu’il eft polîîble, tout ce
qui peut faire obftacle au libre paflàge de l’eau, obfervant d’enterrer
les tuyaux dans une tranchée allez profonde pour que la gelée
n’y puiflè pénétrer. J’ajouterai que de quelque maniéré qu’on falïè
une conduite, on ne doit point remplir la tranchée qu’on n’ait auparavant
éprouvé les tuyaux, pour voir s’il ne fe rencontre point
des défauts par où l’eau pourrait fe perdre.-Pour cet effet on bouche
la conduite par l’endroit le plus bas, 6c on lui fait foutenir
l’effort d’une colonne d’eau de quelques pieds plus haute que celle
qui doit y couler.
13 69. Les tuyaux de fer ne font en ufageque depuis 1672: M.
Francini s’eft avifé le premier d’en faire conftruire.de cette efpece;
leur longueur eft ordinairement de 3 pieds ; ils font accompagnés
d’un nombre de brides, à peu près proportionéA leur diamètre.
Avant que de joindre un tuyau à l’autre, on examine fi les brades
n’ont point quelques grains de fer qu’il faudra détacher, ou
quelques irrégularités qui empêcheraient les bords de fe joindre
C h a p . I V - d e l a R e c h e r c h e e t C o n d u i t e d e s E a u x . 3 5 1
immédiatement ; c’eft pourquoi il convient que les brides fe jettent
tellement en dehors, qu’il s’en faille environ deux lignes
qu’elles ne fe touchent, afin de fuppléer aux inégalités qui s’op-
poferoient à leur jonctions, qui ne le fait qu’apres avoir étendu
fur les brides une couche de mortier à froid qu on accompagne
d’une rondelle de cuir, enfuite on fe fert de vis 6c décrous corn-
pofés de bon fer. , , .
1370. Quand le fer coulé eft de bonne qualité, comme celui
qu’on tire des forges de Normandie, on donne aux tuyaux de
4 pouces de diamètre, 4 lignes d epaiflêur ; y lignes a ceux dont
le diamètre eft de-6 pouces, ainfi des autres de 8, de 10, de 12,
&c. pouces, dont l’épaiffeur croît d’une ligne à mefure que le
diamètre augmente de deux pouces. Au refte, il faut prendre gai de
de ne point recevoir ces tuyaux aux forges qu on ne lés aye bien
vifités, pour voir s’ils ont par-tout une égalé epaiflêur, ôc s ils font
exempts de foufflure.
Voici le poids 6c le prix de la toile courante des tuyaux de dif-
férens calibres de la fabrique de Normandie, que je tiens de M.
D d efpin e, Contrôleur de la Machine.de Marly.
4 pouces de diametrè, pefent Y 60 livres, a 125 liv. le millier, ce
qui revient à- . ., . • •. , ^ôliv. q Lia toile.
4 pouces, pefent 180 livres, au même prix. 2 2
y pouces , pefent 2 30 liv
y 7 pouces, pefent 2 y o
6 pouces, pefent 170
8 p.ouc. à 4 vis, pef. 320
8 pouc. à 6 vis, pef. 43°
12 pouc. à 6 vis, pef. 700
18 pôuc. à 8 vis, pef. 1100
31
33
40
Î 3
87
137
i'o f.
M
5
o la toile,
i f
10
10
Il y a auffi des forges en Champagne, où l’on fabrique des
tuyaux de fer ; j’en ai vu de 3 pouces de diamètre a trois vis, qui
pefoient -180 livres la toife, 8c qui coûtoient 125 livres le millier,
ce qui revient à 2 2 liv. 10 f. la toife. Je ne parlerai point prélente-
ment des tuyaux de plomb, parce que l’on ne s’en fertpasen plaine
campagne, étant d’une grande dépenfe 6c trop expofe a etre voles.
Je réferve de m’étendre fur tout ce qui leur appartient, en parlant
de la conduite des eaux dans les villes. Cependant il eft bon d’ob-
ferver que lorfqu’on eft obligé de faire faire un ou plufieurs coudes
Epaijfeur
des mêmes
tuyaux 3 leur
poids & leur
prix par toife
s , félon leur
diamètre.