•IG8 TKRRAIN TERTIAIRE INFÉRIEUR. CHAPITRE PREMIER. 169
el Tchanavlchi, je signalerai à peu de distance, au sud-est
de celle dernière localité, sur le bord aplati de la vallée
et presque vis-à-vis du petit village Kastania, un aftleurement
d'une roche désagrégée, schisteuse, bleuâtre, fortement
imprégnée de substances ferrugineuses. JMalgré sa
stratification presque horizontale, la roche rappelle certaines
variétés de thonschiefer du Bosphore, et contraste
d'une manière tranchée avec les dépôts blancs de calcaire
et de marne qui l'entourent comme un îlot noir; en sorte
qu'il est vraisemblable que cette butte n'est qu'un affleurement
local du terriiin dévonien. Quant aux calcaires et
marnes distinctement superposés à l'espèce de thonschiefer
qui compose la butte, elles paraissent renfermer, à peu de
distance au nord de celte dernière, de très-grosses huîtres
que Si. l'ingénieiu- Riller m'a assuré y avoir observées.
D'après ce que ce savant m'en a dit, elles appartiennent
probablement soit à VOstrea crassissima, soit à VOstrea
rarUamella, Mellv., seules Ostracées de grande taille cjue
j'aie jamais été à même de recueillir dans les dépôts éocènes
de la presrju'ile cfe ï h r a c e . Cette supposition devient d'autant
plus vraisemblable, que le terrain tertiaire inférieur a
été positivement constaté par M. Yiqifesnel \ à peu de
distance au sud de ïehanaktchi, notamment sur le mont
Saint-Elie, oil les dépôts nummulitiques atteignent une altitude
de 700 mètres, et se trouvent recouverts de marnes et
de calcaii'e marneux renfermant des coquilles d'eau douce.
M. Mquesnel nous apprend ' également que sur le
'Seman Tepé, situe à k lieues au sud-ouest du mont Siiinl-
1. Voyez Bull. Soc. géol. France, 2" série, t. X, p. 454.
2. Ibid.
Élie, les dépôts nummulitiques ayant pour suL^tralum le
laïcité et le quartzite (terrains de transition?) ont leurs
couches fortement redressées et presque verticales. Le terrain
tertiaire inférieur offrirait donc ici nn centre de perturijalion
semblable à celui qui se manifeste autour du lac de Derkos.
.La présence du terrain tertiaire inférieur dans les parages
de Seman Tepé et du mont Saint-Élie, ainsi que son extension
ininterrompue depuis ces localités jusqu'au voi.sinage du
Bosphore, sont de nature à confirmer l'opinion de M. Viques--
nel, qui, il y a déjà près de quatorze années, avait dit '
qu'à l'époque éocène il e.vistait un canal bien antérieur à
celui du Bosphore, réunissant dans les parages du lac de
Derkos la mer Noire avec la mer de Marmara; seulement,
comme depuis les travaux de M. Viquesnel, mes explorations
ont considérablement développé l'extension du terrain tertiaire
inférieur de la Thrace, dont MiAL Viquesnel et Hommaire
de Hell n'avaienl connu que quelc[ues lambeaux isolés,
on ne peut plus aujourd'hui assimiler cette partie de la mer
éocène au canal du Bosphore, puisque l'antique bras de
mer dont il s'agit, a dû avoir, entre Saint-Georges et le
mont Saint-Élie, une largeur d'au delà de 30 kilomètres,
c'est-à-dire plus de dix fois celle du célèbre détroit de
Thrace; et cependant cette largeur ne représente que la
partie aujourd'hui connue du terrain nummulitique situé
immédiatement à l'ouest du Bosphore, tandis que des études
ultérieures auront sans doute pour résultat de reculer considérablement
les limites de ce terrain, car il est probable
([u'il s'étend à travers une grande partie de la Roumélie et
n'est séparé que par une bande pliocène, comparativement
I. Voyez liiM. Soc. géol. France, 2'' sér., Uvii, p. 514, et t,X,p.454.