14i T E R R A I N CRÉTACÉ.
KÉSOMÉ. 143
De plus, tandis qu'en Asie jMineure le terrain crétacé
se montre presque toujours parfaitement isolé au milieu des
dépôts plus récents mais non infraposé à ces derniers , le
contraire se présente dans la Russie d'Europe et dans le
Caucase \ Ainsi, à Kamichine et à Antipofka (rive droite du
Volga, au sud de Saralof) , les dépôts éocènes revêtent si
exactement les dépôts crétacés, et les deux terrains passent
si insensiblement l'un à l'autre, que ce sont de semblables
localités qui ont suggéré à Sir Roderick Murcbison l'opinion
que, dans la Russie méridionale, il existe une transition graduelle
entre les roches secondaires et tertiaires, sous le
double rapport de leurs conditions pétrographiques et strat
i g r a p h i q u e s D ' u n autre côté, en Crimée, toute la série
normale des terrains, depuis le jurassique jusqu'aux tertiaires,
sont régulièrement superposés les uns aux autres
et plongent dans le même sens (au nord), phénomène tellement
saillant, qu'ainsi que le rappelle Ed. de Verneuil % il
avait déjà frappé Pallas, qui le premier fit observer qu'en
Crimée les montagnes se terminent au sud par des falaises
abruptes, en sorte que ces montagnes paraissent de loin
comme si elles étaient taillées en forme de scie à leurs
bords.
1. Le phénomène de cette indépendance du terrain crétacé de l'Asie
5Iineure relativement aux terrains tertiaires se reproduit sur une trèsgrande
échelle dans les vastes contrées situées entre le golfe de Perse et
la côte deCoromandel, le Beloutchistan, le Sinde, le Pendjab et le long du
versant sud et sud-est de l'Himalaya; ainsi que M. d'Arcliiac l'a déjà dit
iloc. cil.j t. V, p. 419), partout où dans ces contrées le substraiim des
dépôts nummulitiques a pu être observé, ces derniers ne reposent nulle
part sur le terrain crétacé, mais toujours sur des roches plus anciennes.
2. The Geology of Russia, etc., v. I, p. 27B-278.
3. Mémoires de la Soc. geol. de France, t. Ill, p. 35.
Or, d'après M. Abich S un phénomène analogue se présente
également dans les provinces caucasiennes, car il nous
apprend qu'un ploiigement au nord ou au nord-est, est caractéristique
pour tous les dépôts sédimentaires de ces provinces;
il en résulte que, tandis que le versant septentrional
du Caucase descend doucement dans les plaines du Terek
et du Kouban, le versant opposé s'élève de plus en plus
dans la direction de la mer Noire et s'y termine en falaises
abruptes. M. Abich admet en consétiuence que la charpente
fondamentale du Caucase, composée de roches cristallines
et métamorphiques, aura subi dans sa partie centrale un
affaissement considérable.
Maintenant si, en continuant notre parallèle, nous opposons
l'Asie Mineure aux contrées situées à l'est, au nordouest
et à l'ouest de la péninsule, c'est-à-dire à la Perse, à
la Turquie d'Europe et à la Grèce, nous n'aurons guère que
bien peu de termes de comparaison, parce que nos connaissances
de la constitution géologique de ces contrées,
surtout en ce qui regarde les terrains secondaires, sont encore
très-restreintes et très-imparfaites.
Dans l'étroite zone septentrionale de la Perse ( le long
du littoral méridional de la Caspienne) , la seule qui ait été
tant soit peu géologiqtiemeat explorée, d'abord par les ingénieurs
russes (particulièrement par le colonel Woskoboïnikow)
des travaux desquels le D'' C. Grewingk a donné un excellent
résumé % et plus récemment par Hommaire de ïïell et
Loftus, le terrain crétacé paraît avoir un développement con-
1. Loc. cil., p. 99.
2. Die geognost. und orograph. Yerhàllnisse des nordl. Persiens,
Saint-Pétersbourg, -1853, avec une carte géologique (particulièrement
d'après Woskoboïnikow).