146 TERRAIN CRÉTACÉ.
RÉSUMÉ.
qu'il en soit, déjà Rasseggev et Newbold avaient, bien longtemps
avant Figari Bey, distingué en Egypte deux étages du
ten-ain crétacé, dont l'inférieur, qualifié par Russegger de
grès de Nubie^ oiïrirait une stratification horizontale partout
cil il n'est pas en contact immédiat avec les roches éruptives.
Les quelques faits que je viens de rapporter sur le terrain
crétacé des contrées situées immédiatement au nord, à
l'est, au sud-est et au sud de l'Asie Blineure, sont de nature
à faire supposer que le cadre rétréci auquel ce terrain se
trouve réduit (du moins tel que nous le connaissons aujourd'hui
d'après mes seules explorations) dans la péninsule
anatolique constitue un fait local, qui ne se reproduit guère
dans les contrées susmentionnées (Russie d'Europe, Caucase,
Perse, Syrie, Egypte et Arabie), oii l'on voit le terrain
crétacé tantôt à l'état d'une formation pourvue presque de
la totalité de ses assises constitutives, comme dans le Caucase,
tantôt oiïrant un développement particulier de l'une de
ces dernières, ainsi que cela paraît être le cas dans quelques
parties de l'Arabie et du Beloutchistan, oii, d'après P. Blartin
Duncan, l'étage moyen (^upper green sand) se trouverait
représenté par beaucoup de fossiles caractéristiques ^
Il nous resterait maintenant à compléter notre parallèle
en comparant le terrain crétacé de l'Asie Mineure avec celui
des régions situées au nord-ouest et à l'ouest de la pénmsule,
c'est-à-dire avec la Turquie d'Europe et la Grèce.
1. Il paraîtrait en être de môme dans l'Inde, à en juger par le beau
travail récemment publié par Ferd. Stoliczka sur les céphalopodes crétacés
recueillis par lui (au nombre de 149 espèces) dans cette contrée ; or, c'est
l'étage moven correspondant à notre Gault qui y serait le plus largement
développé,"aux dépens (mais non à l'exclusion) du néocomien de l'Europe,
ainsi que de l'étage supérieur.
Autant qu'il est permis de juger de la constitution géologique
de la Tiu-quie d'Europe par les travaux de MM. Boué
et Viquesnel % l'existence, dans cette contrée, des étages
crétacés supérieurs et même inférieurs peut être considérée
comme un fait avéré. Il est vrai que, dans ce que M. Boué
qualifie' de sijstème crétacé inférieur de l'ilâemus, il ne
signale spécifiquement que trois Fucoïdes, savoir : Fucoides
(Chondrites) intricatus, Brong., accmlis, id., et furcatus, id.,
ainsi qu'une nouvelle espèce d'Orbitolite qu'il nomme Orbiloliles
bulgarica; mais pour ce qui est de son système crétacé
supérieur, les fossiles qu'il y indique permettent de
reconnaître la craie tulïeau, la craie blanche et la zone à
Hippurites; ainsi, à la première appartiendrait entre autres
Exogyra columba, Goldf., à la deuxième, Ostrea resicularis,
Lmk., Inoceramus mytiloïdes, Mant., Pecien ciuinquecostatus,
Sow., Terebratula octoplicata. id., T. lata, id., et T. voisine
de obesa, id.^ quoique V Ostrea vesicularis soit le seul
fossile vraiment caractéristique de la craie blanche, tandis
que tous les autres descendent également jusqu'au néocomien;
enfin, quant à la zone hippuritique, elle paraît avoir
une très-grande étendue dans la Bosnie, oîi M. Boué cite ,
(p. 268) Hippurites cornu-pastoris, Dsm., II. Fortisii, Cal.,
'I. Malheureusement l'ouvrage do M. Boué date d'une époque depuis
laquelle la géologie a éprouvé des transformations considérables, et quant
aux résultats purement géologiques des explorations do M. Viquosnel,
qu'une mort prématurée vient d'enlever à la science, précisément au moment
où il allait faire paraître la partie géologique de son grand ouvrage,
nous ne les connaissons que par quelques notes détachées, publiées dans
le Bull, de la Soc. géologique, tandis que la majorité de ses collections,
notamment les fossiles secondaires qu'elles renferment, n'ont même pas
encore été déterminées.
2. La Turquie d'Europe, etc., vol. I, p, 237.