d u r e que les fossiles éocènes disséminés sur la rive méridionale
du lac provenaient de la région du cap Karabouroun,
et c[ue, par contre, les fossiles miocènes appartenaient réellement
à celle comprise entre le lac et les parages de Kadin
Kevi, parages parfaitement caractérises par des fossiles
tertiaires inférieurs. Telles furent les considérations qui me
déterminèrent à admettre dans cette parlie de la Thrace
un lambeau miocène, que j'ai approximativement indiqué
sur ma carte géologique du Bospliore, publiée en I86/1.
Mais, depuis cette époque, mes collections paléontologiques
ayant été soumises à un nouvel examen, et tous les fossiles
qu'elle contenait soigneusement décrits dans la Paléontologie
de VAsie Mineure, il s'est trouvé que les polypiens qui
avaient été pris pour des espèces miocènes, se rapportent
au contraire au terrain tertiaire inférieur. Dès lors, le lambeau
miocène figuré sur ma carte devait disparaître pour
faire place au terrain tertiaire inférieur, qui, de cette manière,
non-seulement embrasserait les deux rives du lac
Derkos, mais encore formerait une nappe ininterrompue,
depuis ce lac jusqu'aux parages de Kadin Kevi cl de Saint-
Georges.
I I .
La partie du terrain tertiaire inférieur de la Thrace
visitée par moi constituerait donc une large bande située
immédiatement à l'ouest du domaine dévonien du Bosphore,
limitée du côté du nord par des dépôts quaternaires du littoral
de la mer Noire, et du côté du sud par le terrain tertiaire
supérieur de la mer de Marmara; malheureusement
C H A P I T R E - P R E M I E R .
j e n ' à i p u t r a c e r c e t t e limite méridionale que d'une manière tout
à fait provisoire, aiusi que je l'ai déjà fait observer ailleurs ^
La physionomie générale du pays occupé par le
terrain tertiaire inférieur ainsi délimité, respire un certain
caractère de monotonie et d'aridité plus ou moins prononcé,
à l'exception toutefois de la partie occidentale qui, dans la
région traversée par les nombreux affluents du Karasou,
oliVe un relief varié et ne manque pas de sites pittoresques.
De même la vallée par laquelle on remonte de l'extrémité
septentrionale du golfe du Petit-Pont vers le plateau aride
d'Ayos-Georgios, est une espèce d'oasis verdoyante qui
contraste avec les surfaces nues de la contrée limitrophe.
Enfin les environs du lac Derkos offrent un aspect assez
agréable. Ainsi le bord méridional du lac est découpé en
un grand nombre de caps à contours variés, séparés les uns
des autres par des plages souvent sablonneuses, mais quelquefois
se déployant en belles prairies. D'ailleurs, tous ces
promontoires, de même que les hauteurs assez considérables
dont ils ne sont que des saillies locales, sont revêtus de
taillis touflus, qui donnent à ces parages une physionomie
pleine de fraîcheur. C'est au milieu de ces hauteurs, ou
dans le fond des vallées qui les sillonnent, que se trouvent
situés les nombreux villages (pour la plupart bulgares) qui
animent le pays, entre autres : Derkos (orné encore des rmnes
de l'antique Derkon), Ayakadin, Delinous, Lazar Kevi,
Hadji Omer, Aga Tchiflik, etc. lîn s'éloignant davantage
au sud du lac, on voit la contrée sillonnée par de profondes
vallées qui, telles que celle où se trouve Tchanartchi, se rattachent
déjà au système du massif montagneux connu sous
1. Le Bosphore el Conslaniinople, p. S-M.