364 T E R R A I N TERTIAIRE INFÉRIEUR.
i *
brèches. Lorsque de Farasch on se rend à Bogaz Koï, on
s'élève d'abord pendant une heure et demie environ à travers
des masses de conglomérats, interrompues çà et là par
les calcaires blanchâtres et bleuâtres sur lesquels les premières
paraissent reposer, et l'on gravit ensuite successivement
quatre plateaux principaux, séparés les uns des autres,
à des distances très-inégales, par des rangées de hauteurs
ou de renflements.
Le premier plateau situé à 1 lieue 1/2 environ à l'ouest
de Farasch, peut avoir une extension de 2 Idiomètres de
l'est à l'ouest; son extrémité orientale se renfle en une
masse conique de calcaire blanchâtre, éclatant sous le marteau
comme une dolomie, et divisé en bancs verticaux qui
représentent peut-être autant de couches. On descend de ce
renflement irrégulier pour franchir une deuxième intumescence
composée de conglomérats solides, de calcaires, de
grès rouges et de marnes jaunâtres, plus ou moins horizontalement
stratifiés. Si, comme cela est probable (ainsi que
nous le verrons en étudiant le terrain tertiaire moyen), ces
dépôts font partie du terrain miocène, il en résulterait que ce
dernier pénètre assez avant dans le massif central de l'Ala
Dagh, et s'y élève à une altitude de plus de 1,500 mètres.
Le deuxième plateau est circulairement entouré de pics
et d'aiguilles de calcaire blanchâtre, également très-cassant;
il faut environ une heure pour parcourir cette surface de
l'est-nord-est à l'ouest-sud-ouest, après quoi on gravit de
nouveau, pendant une demi-heure, des hauteurs assez
élevées, composées des calcaires blanchâtres susmentionnés,
pour descendre sur un troisième plateau, complètement nu,
entouré, comme les précédents, de hauteurs calcaires plus
ou moins pointues.
C H A P I T R E VI. 36S
Le troisième plateau est sillonné par plusieurs vallées,
dont la plus importante (à h lieues environ à l'ouest-sudouest
de Farasch) a une altitude de 2,0/i9 mètres. On pourrait
la désigner par le nom du petit village de DeliktaschS
situé à une altitude très-considérable, probablement non de
beaucoup inférieure à 3,000 mètres, sur le versant nordouest
de la crête dentelée qui flanque la vallée du côté
sud-est. Les montagnes déchiquetées, qui des deux côtés
bordent la vallée, sont composées de calcaire blanchâtre,
éclatant sous le marteau, et alternant çà et là avec des
masses de serpentine et de talkschiste ; ces roches sont disposées
en couches puissantes, souvent tordues et plissées,
ou plongeant soit au sud, soit au sud 30° est, sous des
angles de Z|0 à 70 degrés; le calcaire devient quelquefois
très-foncé et exhale sous le marteau une odeur bitumineuse.
La vallée de Deliktasch constitue le point culminant du
sentier qui, sur une ligne de 9 lieues, traverse l'Ala Dagh,
depuis Farasch jusqu'à Bogaz Koï; elle a une longueur de
près de 3 lieues du nord-est au sud-ouest, et s'exhausse
progressivement dans cette direction en se terminant par un
plateau, le quatrième parmi ceux que l'on a à franchir
depuis Farasch. Le revers sud-ouest du plateau forme une
longue rampe ayant environ 2 lieues du nord-est au sudouest,
par laquelle on descend dans la gorge à l'extrémité
sud-ouest de laquelle est situé le petit village de Bogaz Koï.
Cette gorge creusée au milieu d'énormes masses calcaires
dont les éboulements l'encombrent de blocs, qui rendent
1. Go village n'est composé que d'une dizaine de huUes servant d'abri
aux ouvriers, qui exploitent dans ces parages un gîte de galène argentifère
Cju'on m'a assuré être fort riche.