70 TE R RAIN CRÉTACÉ.
minces feuillets, tantôt en plaques de médiocre épaisseur
qui forment souvent autant de palissades (soit verticales,
soit inclinées au sud 70° est), dont sont hérissées les hauteurs.
A 2 lieues environ à l'ouest de son embouchure vers
le Filiyas Tchaï, la vallée de Karaderessi se divise en deux
bras, séparés l'un de l'autre par des hauteurs boisées de
grès jaunâtre, souvent friable comme celui de certaines
mollasses tertiaires. Le plus méridional de ces deux bras
(tous les deux dirigés du nord-ouest au sud-est) formé par
le ruisseau nommé Touzcleressi, est creusé au milieu de
rochers élevés de calcaire blanc, marneux ou siliceux à
couches fortement redressées, souvent verticales; sur plusieurs
points de ces rochers j'ai aperçu des empreintes
d'Ammonites rappelant d'une manière douteuse A. varians,
mais associées à d'autres empreintes et moules qui permettent
de reconnaître VJnoceraimis Lamarkii^. Dans les
parages de Kayalar, la vallée de Touzcleressi devient, trèsétroite
et ne se trouve séparée que par quelques hauteurs,
à la vérité considérables, de la vallée de l'Arslan Irmak.
En descendant dans cette dernière, on voit tout d'abord
les calcaires interrompus par quelques rochers de trachyte,
qui, un peu plus bas, font à leur tour place aux calcaires
marneux; ces alternances se répètent à plusieurs reprises.
A 1 lieue environ à l'ouest de Karabounar, on voit sur les
flancs des hauteurs qui bordent des deux côtés la vallée,
des dépôts assez considérables, horizontalement stratifiés,
que je n'ai pas été dans le cas d'examiner de près, mais
1. Tous ces rochers ainsi que les montagnes limitroplies sont revêtus
de belles forêts de Querciis cerris, Carpimts orien talis, Pimis lariccio
elpmea, Acer ohlusifoliitm, Alnus ghuinosa, Juglans regia, etc.
CHAPITRE II.
à en juger par les fragments et les galets probablement
fournis par ces dépôts, ces derniers paraissent être composés
de grès, analogues aux grès crétacés fossilifères que nous
allons voir tout à l'heure dans la proximité immédiate
d'Eregli.
Dans les parages susmentionnés (à 1 lieue environ a
l'ouest de Karabounar) le niveau de la vallée offre de
brusques variations, en sorte que l'Arslan Irmak apparaît
tantôt comme un torrent se précipitant avec rapidité, tantôt
comme une flaque d'eau stagnante, tant les montagnes qm
encadrent la vallée que les bords des ruisseaux qm l'arrosent
sont revêtus de magnifiques taillis.
Les calcaires, marnes et grès interrompus plusieurs
fois par les trachytes, reparaissent en massifs considérables,
à 2 lieues à l'ouest de Karabounar; ces massifs à crêtes
tranchantes surgissent d'une manière pittoresque des deux
côtés de l'Arslan Trmak, en formant des remparts verticalement
rayés par les couches, et façonnés avec tant de
symétrie et de régularité qu'ils semblent être autant de
gigantesques pièces de maçonnerie. Les têtes redressées
des couches percent dans le lit même du torrent, où, disposées
sur des lignes parallèles, rapprochées les unes des
autres, elles simulent de petits canaux. C'est dans ces
parages (à 2 lieues environ à l'ouest de Karabounar) que
les calcaires marneux me présentèrent de nouveau des empreintes
et moules de Vlnoceramus Lamarkii, ainsi que quelques
empreintes confuses d'Ammonites; les couches qui
renferment ces traces organiques, sont tantôt verticalement
redressées, tantôt plongent au sud-est ou au nord 30° ouest
sous des angles de 60 à 70 degrés, ce qui n'empêche pas
qu'à peu de distance des couches fortement redressées et