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ron au sud-est-sud de Sivrihissar, sur le sentier qui conduit
à Ipsili, la contrée devient montueuse ; c'est une succession
d e hauteurs séparées les unes des autres par des ravins
profonds ou par des vallées étroites, où l'on voit percer
partout les plaques ou dalles des schistes calcaires et talqueux,
inclinés au nord 15" ouest sous des angles de 50 à
6 0 degrés. Souvent les calcaires bleuâtres, ternes, passent
à un tallcschiste luisant, verdâtre, ou rouge de brique, trèscassant,
travei-sé par des filons de quartz blanc. A mesure
qu'on se rapproche du petit village Ipsili, la contrée, touj
o u r s fort accidentée, perd beaucoup de la riche végétation
qui caractérise toute cette région de la gracieuse péninsule
ionienne.
Sur les hauteurs mêmes qui portent Ipsili, le calcaire
bleuâtre plus ou moins talqueux, plonge au nord 25° ouest,
sous des angles de 70 à 80 degrés. Ces hauteurs bordent
du côté de l'ouest une belle plaine, oii se trouvent des
sources thermales très-remarquables, dont j'ai déjà rendu
compte dans une autre partie de cet ouvrage ^ Pour descendre
d'Ipsili dans la plaine, on franchit pendant une
heure entière des rochers de calcaire schisteux (le plus souvent
plissés et tordus en tous sens), du haut desquels on
aperçoit déjcà de loin, une longue traînée de vapeurs qui
marquent le ruisseau d'eau thermale, dont la plaine est
arrosée. Celle-ci ayant environ 2 lieues d'extension de l'ouest
cà l'est, est bordée par la mer du côté du sud. D'abord
assez large, elle se rétrécit à son extrémité sud-est, parce
que les hauteurs calcaires qui en constituent la limite orientale
se rapprochent de plus en plus du littoral, et acquiè-
1. Voyez Géographie physique comparée de l'Asie Mineure, p. 240.
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rent un développement considérable entre Ipsili et Guumez.
Dans la proximité de ce dernier petit village, on voit que
les hauteurs ne sont plus composées de calcaires et de
schistes, mais de conglomérais et de brèches à couches redressées,
plongeant le plus souvent au nord-ouest. Ces
conglomérats et brèches solides passent à leur tour à un
calcaire gris, siliceux, ti'ès-dur, renfermant de petits fragments
d'une roche foncée, ou bien à un grès siliceux rouge,
à grain fin, ce qui donne à ce grès l'aspect d'une roche
cristalline.
Sous le rapport de leurs conditions stratigraphiques,
les calcaires, grès, conglomérats et brèches de Guumez,
s'éloignent notablement des calcaires (soit schisteux, soit
massifs) et tallcschistes qui jouent un rôle si important dans
la région que nous venons de traverser, depuis Smyrne
j u s q u ' à Kelisman, et depuis ce dernier bourg jusqu'au village
Ipsili ; car, tandis que dans toute cette région le plongement
dominant des couches est au nord-ouest, celui des
dépôts signalés dans les parages de Guumez, est généralement
au sud-est; il en résulte qu'il devient très-difficile de
décider la question de savoir si les dépôts à stratification si
différente appar t iennent réellement au même terrain.
La vallée par laquelle la plaine d'Ipsili se termine du
côlé de l'est, débouche dans une gorge dirigée du sud-ouestsud
au nord-est-nord, et arrosée par un petit ruisseau
assez rapide. Elle est hérissée de hauteurs arrondies, sur
l'une desquelles se trouve le village Guniuldu, situé à une
altitude de 30 mètres de la manière la plus pittoresc[ue,
car il a pour panorama le beau golfe de Scalanova, limité
au sud par l'île classique de Samos qui s'élève telle qu'une
citadelle imposante au milieu des flots azurés.