78 TEKIIAIN CRETACE.
Le Milan Sou est assez large, mais peu rapide; sa profondeur
est trop considérable pour qu'on puisse le traverser
à gué, ainsi qu'on est Iiabilué de le faire (pendant l'été) à
l'égard de la majorité des cours d'eau de l'Asie Mineure.
La contrée doucement accidentée qui sépare l'embouchure
du IMilan Sou de celle du Sakaria [Sangarhis des anciens)
est revêtue de beaux taillis. Le Sakaria a, dans ces parages
également, une largeur considérable, mais peu de rapidité;
ses bords sont tellement bas que les fourrés de saules, de
peupliers, d'érables, etc., dont ils sont hérissés masquent
complètement son cours tortueux. Ce n'est qu'au-dessous
d'Indjirlu qu'il commence à être flanqué de quelques hauteurs;
dans ces parages, la rive droite du Sakaria est au
niveau d'une plaine, bordée du côté de l'est par des collines
boisées de grès jaune, auxquelles correspondent sur
la rive opposée des rochers de calcaire blanc qui la serrent
de près. Il est d'autant plus probable que le grès et le calcaire
sont du même âge, que l'un et l'autre ofl'rent la même
stratification horizontale, et que de plus, à 1 1 / 2 lieue environ
au sud-ouest-sud d'Indjirlu, le calcaire blanc apparaît
également sur la rive droite et y forme des hauteurs qui
limitent la plaine du côté de l'est. A mesure qu'on remonte
le Sakaria, en s'avançant d'Indjirlu vers Sinanoglou, cette
plaine devient de plus en plus ondulée, et on la voit
à 2 lieues environ au sud-ouest-sud d'Indjirlu, travei'-
les vents nord-est dominent, soit par leur force, soit par leur fréquence
sur le littoral septentrional de l'Asie Mineure, tandis que le rôle le plus important
est réservé au vent du sud-est sur le littoral opposé, bien que tel
ne paraisse pas être le cas dans le midi de l'Italie, où, dans la baie de
Naples, les arbres et les buissons ont leurs sommets aplatis inclinés au sudouest,
exactement comme sur la còte septentrionale de l'Asie Mineure.
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sée de l'ouest à l'est par une rangée de hauteurs, qui la séparent
d'une autre plaine revêtue de puissants dépôts superficiels.
Ces derniers forment, des deux côtés de la rivière,
des collines élevées très-boisées, en laissant percer sur
plusieurs points les grès et les calcaires qu'ils recouvrent.
Les calcaires, pour la plupart à cassure conchoïde et éclatant
sous le marteau conune de la pierre lithographique, se
présentent près de Sinanoglou en masses distinctement stratifiées,
dont les couches plongent au sud, sous des angles de
25 à 30 degrés. C'est de cette roche que paraît également
coinposée la colline allongée qui porte Sinanoglou, et qui
borde le Sakaria du côté de l'est. La rivière est ici peu
profonde, du moins je la traversai à gué le 1='' octobre 1818,
bien qu'à la vérité l'eau atteignît le ventre des chevaux;
les rives des deux côtés sont assez élevées et composées de
dépôts détritiques.
Lorsque, après avoir franchi le Sakaria, dans les parages
de Sinanoglou, on s'avance dans la direction d'Adabazar,
on voit la vallée du Sakaria, à une certaine distance du bord
gauche de la rivière, flanquée par une série de collines de
calcaire bleucâtre non stratifié, rappelant beaucoup le calcaire
dévonien du Bosphore ; cependant, comme ce calcaire
passe insensiblement au calcaire blanc, il devient probable
qu'on n'a ici affaire qu'à une roche localement modifiée du
même terrain crétacé, auquel appartient toute cette partie
de la péninsule bithynienne. Les calcaires soit blancs, soit
bleuâtres, sont sillonnés par de profondes vallées ; cependant
la contrée s'aplanit graduellement à mesure qu'on
s'avance vers Adabazar et le lac de Sabandja, en passant
successivement par Souzanlu, Sooutlu et Dagdibi, et en
même temps, les calcaires se trouvent associés à des grès et
ifiìsMte !