3iì TEURAIX TlîirriAIlilî INFÉlidiUIÌ. r, HA PIT lì K V. 323
Pour se rendre d'Agiasan à l'exlrémité mcridionale du
cap d'Egerdir, on traverse, de l'ouesL à l'est, la vallée où
se Irouve ce village. A mesure qu'on la descend, le long de
r.Vglasan Sou (aniuenl supérieur de l'AkSou), elle devient
de plus en plus pittoresque et se revêt d'une magnifique
végétation. Les hauteurs boisées qui, dans la proximité
d Aglasan, bordent la vallée, sont composées d'un calcaire
blanc cristallin, se présentant tantôt en masses non stratifiées
sous forme de rochers poinlus ou arrondis , tantôt disposé
en couches qui plongent-au nord 5° est, sous des angles
de /|0 à 50 degrés.
A 3 lieues environ à l'est d'Agiasan, la vallée, qui dans
ces parages a une altitude de 11/|9 mètres, se trouve réduite
à luie gorge profonde et inaccessible, resserrée entre les
taiits <lo cette antique cité, puisqu'on y voit les restes de vastes amptiitliéàtres
où les représentat ions ont dû se faire àciel ouvert, ce qui, fort praticable
en été, a dû être impossible en hiver, car même une toiture improvisée en
étoile quelcon(|ue eût pu abriter les spectateurs contre la neige ou la pluie,
mais non les garantir contre les froids intenses, inséparables d'une altitude
s u p é r i e u r e au point culminant (^420 mètres) du passage du Brenner (on
Tyrol). ITun autre côté, lorsqu'on considère la position de Sagcdassus,
bâti sur des rochers abrupts et nus, dont les murailles de la ville suivaient
tous les contours avec une surprenante hardiesse, on conçoit facilement la
réputation qu'eut Srt^ritossîis d'être un point stratégique de p remier ordre,
puisque, même aujourd'hui, Boudroun passerait pour tel, si on le fortifiait
d ' a p r è s les principes de l'art moderne; mais ce qu'on a peine à concevoir,
c'est qu'une ville située dans des conditions aussi défavorables au commerce
et d'ailleurs entourée par une contrée plus ou moins aride et à sol caillouteux,
quoique fort pi t toresque, ait pu réunir dans son enceinte d'immenses
richesses, parmi lesquelles brillaient les produits de l'agriculture. Or, c'est
cependant ce qui résulte des témoignages de plusieurs auteurs anciens, (jui
nous donnent l'énumération des fournitures que Sacjalassiis a dû faire aux
liomains, à titre de contribution de guerre, dont cette ville se trouvait frappée
cliaquo fois qu'on parvenait à s 'en emparer, ce qui n'avait lieu qu'après
massifs boisés de Toplcayadjik et Yamourtacli, qui font pai'lie
du grand groupe désigné par le nom collectif de Dauras
Diigh. Les deux massifs ne sont séparés l'un de l'autre que
par une ouverture connue dans le pays sous le nom de
Kapou (porte), au travers de laquelle l'Aglasan Souse précipite
avec fracas au milieu d'épais taillis, et va se ]ierdi'e dans
un goulTre que l'on ne peut toiu'ner qu'en escaladant péniblement
la montagne qui le borde du côté droit. Rien de
plus imposant que le coup d'oeil dont on jouit du haut de
la montagne, sur cette Porle gigantesque, que la nature a
élevée au milieu du Taurus pisidien comme l'un de ses chefsd'oeuvre
les plus grandioses!
Les massifs de Topkayadjik et Yamourtach sont composés
d'un calcaire grisâtre, marneux, à cassure conchoïde,
des efforts inouïs de la part des assiégeants. Ainsi, dans la liste que donne
Tite-Live (lib. XXXV!I[, 13, l/i, -15) des villes soumises à des réquisilions
militaires par le consul Manlius, lors de sa campagne contre les Galates, on
voit mentionnée Sagalassitsj qui, dans une seule saison (en été), dut fournir
40,000 viedimnes de froment et d'orge (20,400 hectolitres) sans conqiter
un subside en monnaie de 50 talents d'argent (jirès de 300,000 francs).
D'ailleurs en signalant la résistance héroïque des Sagalassiens, Tite-Live
(lib. CXV) fait observer qu'elle était due à l 'extrême ferlililé do leur pays
et au chiffre élevé de la population : « Agri fecimdiias et mullitudo homi-
.nmum , i n d e in agru Sagalassum ventum, uberem ferlilemque omnium
genere frugum. » Ce frappant contraste entre le passé et le présent, est
sans doute l'un des exemples les plus curieux que puisse présenter l'Asie
i l ineuro de l'incroyable métamorphose qu'elle a subie; car ici, il n'est pas
([uestion seulement de splendides et populeuses cités converties en informes
amoncellements de pierres, ainsi que cela se voit à chaque pas dans la classique
péninsule, mais il s'agit d'un phénomène de transformation complète
d e la nature du sol, puisque celui d'Agiasan ne saurail se prêter aujourd'hui
à une rructuenso exploitation agricole, et n'a pu être productif qu'à l'aide
m
d e ces moyens artificiels dont dispose une riche et industrieuse population,
seule capable de convertir les rochers ou les marais en terre fertile.