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 Pour  se  rendre  d'Agiasan  à  l'exlrémité  mcridionale  du  
 cap  d'Egerdir,  on  traverse,  de  l'ouesL  à  l'est,  la  vallée  où  
 se  Irouve  ce  village.  A mesure  qu'on  la  descend,  le  long  de  
 r.Vglasan  Sou  (aniuenl  supérieur  de  l'AkSou),  elle  devient  
 de  plus  en  plus  pittoresque  et  se  revêt  d'une  magnifique  
 végétation.  Les  hauteurs  boisées  qui,  dans  la  proximité  
 d  Aglasan,  bordent  la  vallée,  sont  composées  d'un  calcaire  
 blanc  cristallin,  se  présentant  tantôt  en  masses  non  stratifiées  
 sous  forme  de  rochers  poinlus  ou  arrondis  ,  tantôt  disposé  
 en  couches  qui plongent-au  nord  5° est,  sous  des  angles  
 de  /|0  à  50  degrés.  
 A  3  lieues  environ  à  l'est  d'Agiasan,  la  vallée,  qui  dans  
 ces  parages  a  une  altitude  de  11/|9  mètres,  se  trouve  réduite  
 à  luie  gorge  profonde  et  inaccessible,  resserrée  entre  les  
 taiits  <lo  cette  antique  cité,  puisqu'on  y  voit  les  restes  de  vastes  amptiitliéàtres  
 où  les  représentat ions  ont  dû  se  faire  àciel  ouvert,  ce  qui,  fort  praticable  
 en  été,  a  dû  être  impossible  en  hiver,  car  même  une  toiture  improvisée  en  
 étoile  quelcon(|ue  eût  pu  abriter  les  spectateurs  contre  la  neige  ou  la  pluie,  
 mais  non  les  garantir  contre  les  froids  intenses,  inséparables  d'une  altitude  
 s u p é r i e u r e  au  point  culminant  (^420  mètres)  du  passage  du  Brenner  (on  
 Tyrol).  ITun  autre  côté,  lorsqu'on  considère  la  position  de  Sagcdassus,  
 bâti  sur  des  rochers  abrupts  et  nus,  dont  les  murailles  de  la  ville  suivaient  
 tous  les  contours  avec  une  surprenante  hardiesse,  on  conçoit  facilement  la  
 réputation  qu'eut  Srt^ritossîis  d'être  un  point  stratégique  de  p remier  ordre,  
 puisque,  même  aujourd'hui,  Boudroun  passerait  pour  tel,  si  on  le  fortifiait  
 d ' a p r è s  les  principes  de  l'art  moderne;  mais  ce  qu'on  a  peine  à  concevoir,  
 c'est  qu'une  ville  située  dans  des  conditions  aussi  défavorables  au  commerce  
 et  d'ailleurs  entourée  par  une  contrée  plus  ou  moins  aride  et  à  sol  caillouteux, 
   quoique  fort  pi t toresque,  ait  pu  réunir  dans  son  enceinte  d'immenses  
 richesses,  parmi  lesquelles  brillaient  les  produits  de  l'agriculture.  Or,  c'est  
 cependant  ce  qui  résulte  des  témoignages  de  plusieurs  auteurs  anciens,  (jui  
 nous  donnent  l'énumération  des  fournitures  que  Sacjalassiis  a  dû  faire  aux  
 liomains,  à  titre  de  contribution  de  guerre,  dont  cette  ville  se  trouvait  frappée  
 cliaquo  fois  qu'on  parvenait  à  s 'en  emparer,  ce  qui  n'avait  lieu  qu'après  
 massifs  boisés  de Toplcayadjik  et  Yamourtacli,  qui  font  pai'lie  
 du  grand  groupe  désigné  par  le  nom  collectif  de  Dauras  
 Diigh.  Les  deux  massifs  ne  sont  séparés  l'un  de  l'autre  que  
 par  une  ouverture  connue  dans  le  pays  sous  le  nom  de  
 Kapou  (porte),  au  travers de  laquelle l'Aglasan  Souse  précipite  
 avec  fracas  au milieu  d'épais  taillis,  et  va  se  ]ierdi'e  dans  
 un  goulTre  que  l'on  ne  peut  toiu'ner  qu'en  escaladant  péniblement  
 la  montagne  qui  le  borde  du  côté  droit.  Rien  de  
 plus  imposant  que  le  coup  d'oeil  dont  on  jouit  du  haut  de  
 la  montagne,  sur  cette  Porle  gigantesque,  que  la  nature  a  
 élevée  au milieu  du  Taurus  pisidien  comme  l'un  de  ses  chefsd'oeuvre  
 les  plus  grandioses!  
 Les  massifs  de  Topkayadjik  et  Yamourtach  sont  composés  
 d'un  calcaire  grisâtre,  marneux,  à  cassure  conchoïde,  
 des  efforts  inouïs  de  la  part  des  assiégeants.  Ainsi,  dans  la  liste  que  donne  
 Tite-Live  (lib.  XXXV!I[,  13,  l/i,  -15)  des  villes  soumises  à  des  réquisilions  
 militaires  par  le  consul  Manlius,  lors  de  sa  campagne  contre  les  Galates,  on  
 voit  mentionnée  Sagalassitsj  qui,  dans  une  seule  saison  (en  été),  dut  fournir  
 40,000  viedimnes  de  froment  et  d'orge  (20,400  hectolitres)  sans  conqiter  
 un  subside  en  monnaie  de  50  talents  d'argent  (jirès  de  300,000  francs).  
 D'ailleurs  en  signalant  la  résistance  héroïque  des  Sagalassiens,  Tite-Live  
 (lib.  CXV)  fait  observer  qu'elle  était  due  à  l 'extrême  ferlililé  do  leur  pays  
 et  au  chiffre  élevé  de  la  population  :  « Agri  fecimdiias  et  mullitudo  homi- 
 .nmum  , i n d e  in  agru  Sagalassum  ventum,  uberem  ferlilemque  omnium  
 genere  frugum.  »  Ce  frappant  contraste  entre  le  passé  et  le  présent,  est  
 sans  doute  l'un  des  exemples  les  plus  curieux  que  puisse  présenter  l'Asie  
 i l  ineuro  de  l'incroyable  métamorphose  qu'elle  a  subie;  car  ici,  il  n'est  pas  
 ([uestion  seulement  de  splendides  et  populeuses  cités  converties  en  informes  
 amoncellements  de  pierres,  ainsi  que  cela  se  voit  à  chaque  pas  dans  la  classique  
 péninsule,  mais  il  s'agit  d'un  phénomène  de  transformation  complète  
 d e  la  nature  du  sol,  puisque  celui  d'Agiasan  ne  saurail  se  prêter  aujourd'hui  
 à  une  rructuenso  exploitation  agricole,  et  n'a  pu  être  productif  qu'à  l'aide  
 m  
 d e  ces  moyens  artificiels  dont  dispose  une  riche  et  industrieuse  population,  
 seule  capable  de  convertir  les  rochers  ou  les  marais  en  terre  fertile.