308 T E R R A I N TERTIAIRE INFÉRIEUR.
C'est une des vallées les plus riantes de l'Asie Mineure,
ornée de beaux platanes et de baissons d'olivier sauvage.
Dans les parages de Melikler, l'Ak Sou est peu considérable
et presque desséché en été; ses rives assez élevées sont
composées de dépôts de sable et de galets. La contrée offre
parlout des contours variés, et, bien que le fond de la vallée
soit revêtu d'une nappe diluvienne passablement unie, sa
surface est sillonnée par plusieurs rangées de hauteurs, qui
figurent comme autant de caps allongés, projetés parles remparts
dont la vallée est bordée, remparts qui sont en grande
partie de calcaire blanc, tandis que les hauteurs qui parcourent
l'intérieur de la vallée sont composées de grès et
marnes, disposés en couches plus ou moins minces, souvent
seulement de quelques centimètres d'épaisseur. A cause
des nombreuses dénudations, l'ensemble de ces couches
donne à la contrée une physionomie particulière; on ne voit
d e tous cotés que des surfaces horizontalement ou verticalement
striées, car les conditions stratigraphiques présentent
les plus grandes variations, sur les espaces les plus restreints.
La vallée de Pambouk Ova n'offre que peu de culture, cà
l'exception de quelques plantations de cotonnier {Gossijpium
herbaceam) qui ont donné leur nom à la vallée^ Le petit
villiige 3[elikler n'est composé que de huit à dix bicoques
qui lors de mon passage (le 25 mai I8/18) étaient vides depuis
un mois, les habitants s'étant retirés avec leurs troupeaux
dans les Vaïta. La partie de la vallée où se trouve
Melikler est parfaitement horizontale, à quelques buttes calcau'es
près; c'est sur une de ces collines qu'est situé le
-1, Pamboiik, colon; ova, vallée, plaine.
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village, à une altitude de 370 mètres. Excepté ce village, la
vallée de Pambouk Ova n'a d'autres habitations que quelques
chaumières ou tentes clair-semées ; la seule industrie
de cette mince et misérable population, consiste dans la
culture très-restreinte du cotonnier et l'élève de chèvres et
de moulons, bien que cette vallée, de même ([ue presque
toutes celles qui sillonnent la Pisidie. n'attende que la main
do l'homme pour fournir tous les éléments nécessaires à
l'activité industrielle et commerciale.
Pour se rendre de Melikler à Baoulo, on franchit le large
rempart du Baoulo Dagh en suivant un sentier extrêmement
pénible, qui parcourt des hauteurs sourcilleuses séparées les
unes des autj'cs par des précipices et des gouffres. Plusieurs
de ces derniers ont une forme toute particulière : c'est ainsi
q u ' à o lienes 1/2 au nord-est de Melikler, la vue plonge dans
une espèce d'entonnoir profond, ti'aversé par le Vartak Sou
(ruisseau parfaitement à sec pendant l'été) et qui se présente
comme un gigantesque cratèi'e, bien qu'aucune roche
éruptive ne se manifeste dans sa proximil;é.
Toutes ces masses sont composées d'un calcaire blanc
j a u n â t r e à cassure conchoïde, éclatant sous le marteau
comme une dolomie; cependant, de même que dans le massif
du Kalran Dagh, ici encore, les grès et les marnes occupent
généralement les régions inférieures; c'est ce que l'on
voit notamment lorsque de Meliklei- on commence à gravir
le versant occidental de la chaîne de Baoulo.
Les calcaires blancs des régions centrales ou supérieures
offrent de grandes variétés, tant sous le rapport de l'orientation
du plongement. que sous celui des angles d'inclinaison;
ces derniers sur plusieurs points ne dépassent guère
10 à 15 degrés, tandis que sur d'autres ils sont de 80 et