200 TERRAIN TERTIAIRE INFÉRIEUR.
On voit que les conglomérats dont est composée la rive
droite du Geurduk Tchaï et lesquels probablement doivent
leur naissance à ce cours d'eau s'élèvent à 6 mètres au-dessus
de son niveau actuel. Des dépôts détritiques, selon toute
apparence du même âge, revêtent la partie inférieure de
la vallée du Geurduk Tchaï en s'étendant jusqu'à Akhissar.
Ap rès avoir eiTectué une coupe au nord et au sud de
Bäsch Gelembé, le long d'une ligne ininterrompue depuis
Balikesri jusqu'cà Akhissar, nous allons retourner vers le
Bakur Tchaï, afin de tracer deux autres lignes presque
parallèles à celle que nous venons de suivre. En conséquence,
nous nous dirigerons d'abord de Soma à Balikesri,
et puis de Bergama à cette dernière ville, en passant par
Erkut et Jvrindi.
V I L
Quand on se transporte de Soma à Balikesri, en traversant
successivement Kiresen, la partie centrale de l'Ouzoun
Yaïla et enfin Keserven, on franchit d'abord, entre Soma et
Kiresen, une contrée accidentée composée de hauteurs
arrondies de calcaire blanchâtre; la texture de la roche est
tantôt caverneuse rappelant celle des calcaires d'eau douce,
tantôt compacte ou à grain très-serré et plus ou moins
schisteuse. Sous le rapport stratigraphique, ces dépôts
varient depuis la plus parfaite horizontalité jusqu'au
redressement vertical ; les plongements les plus fréquents
sont au nord-est et au sud-ouest. Dans les variétés caverneuses
la loupe permet de distinguer des cavités laissées
par des coquilles turriculées (Limnées?), ce qui serait un
CHAPITRE II. 201
motif de plus pour leur attribuer une origine lacustre, mais
peut-être d'un âge antérieur à celui de la majorité des
dépôts d'eau douce de l'Asie Mineure, si éminemment
caractérisés par leur stralification horizontale. Cependant
dans l'incertitude où l'on se trouve à ce sujet, et eu égard
aux transitions insensibles entre les calcaires caverneux à
aspect lacustre, et les calcaires compactes très-analogues à
ceux qui figurent souvent en Asie Mineure dans le terrain
tertiaire inférieur d'origine pélagique, c'est dans ce terrain
que je range provisoirement les uns et les autres.
Ce sont ces calcaires qui dominent dans la région comprise
entre Kiresen et la chaîne de l'Ouzoun Yaïla; mais à
mesure qu'on se rapproche de cette dernière, ils deviennent
de plus en plus riches en rognons siliceux généralement de
teinte rougeâtre. Tous près de Kiresen (au nord-est de ce
village) et un peu avant d'entrer dans le domaine montagneux
de l'Ouzoun Yaïla, les dépôts calcaires se trouvent
localement interrompus par des masses de serpentine plus
ou moins sctiisteuse. Au reste, ce phénomène se répète fréquemment
dans les régions mêmes de la montagne, où les
roches éruptives ainsi que les talcschistes et les chloritoscliistes
viennent se mêler aux dépôts calcaires, décidément
dominants dans cette partie de la chaîne de l'Ouzoun
Yaïla, chaîne qui ici, comme dans les endroits traversés par
notre coupe précédente (entre Baba Koï et Bäsch Gelembé,
p. 198), se présente sous forme d'un massif comparativement
peu élevé, composé de hauteurs arrondies, presque
toujours boisées, que séparent des vallées ou des plateaux
verdoyants, de manière à rendre le passage de cette partie
de la montagne fort commode en n'olTrant que des montées
ou des descentes plus ou moins douces. En général