m T I Ì K R A I N TERTIAIRE INFÉRIEUR.
pace qui sépare ce groupe montagneux du grand massif
trachytique de l'Ala Dagh, vu de cette élévation, se présente
comme un plan parfaitement horizontal se déployant
presque sans interruption jusqu'aux parages de Boli, en
sorte que les nombreuses rangées de hauteurs trachytiques
dont est hérissée la plaine, que l'on traverse en descendant
du revers septentrional de l'Ala Dagh pour se rendre à
Keredi, n'apparaissent que comme autant d'ondulations à
peme perceptibles sur la surface unie de l'immense nappe,
qm se déroule à perte de vue du coté de l'est et de l'ouest,'
et ne paraît être limitée d'une manière tranchée (ju'au sud,
où le gigantesque rempart de l'Ala Dagh vient brusquement
barrer l'horizon.
IV.
Lorsque de Keredi on se rend à Baïndir, on voit, suiune
ligne d'environ 5 lieues, la chaîne du Keredi Dagh
s'abaisser graduellement dans la direction de nord-est
et se confondre de plus en plus avec les hauteurs arrondies
qui bordent la vallée du côté opposé, ce qui contribue
cà exhausser et à renfler cette dernière, en sorte qu'à 3
lieues environ à l'est de Keredi, elle atteint une altitude
de 1,520 mètres; cependant, après avoir franchi un défilé,
on voit la vallée revêtir le caractère d'une plaine ondulée,'
peu boisée, dans laquelle se trouve, au milieu de marais,
le lac Kara Gueul (lac noir) dont l'eau a un goût légèrement
saumâtre. La plaine respire cet air d'une zone
froide qui ne rappelle en rien la latitude de la contrée;
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aussi nous la traversâmes, le 17 août (1850), affublés de jios
manteaux comme en plein hiver.
Sur tout l'espace compris entre le Kara Gueul et la
ville de Keredi, les montagnes qui constituent le prolongement
oriental du Keredi Dagh offrent exactement la même
composition que présente la chaîne immédiatement audessus
de la ville de ce nom, c'est-à-dire que ce sont toujours
des masses arrondies de brèches et de conglomérats
solides. Cependant, à mesure que l'on s'avance dans la direction
de l'est, on les voit s'associer à des marnes bleues,
vertes ou noires très-compactes, ainsi qu'à des grès rouges,
chamarrés de très-petits fragments de quartz blanc qui
leur donnent l'apparence d'une roche cristalline, notamment
d'un trachyte. Ces grès rappellent souvent ceux de
Kastamouni caractérisés par des fossiles éocènes, tandis
que les marnes noires et vertes ont de l'analogie avec les
conglomérats marneux compactes, qui dans les parages de
Yuzgat renferment des fossiles également du terrain tertiaire
inférieur.
Au reste, les marnes, les calcaires sableux, les brèches
et les conglomérats qui composent cette contrée, ont plus
d'un rapport avec la vaste formation de grès rouges de
Yuzgat, de ïchengri, de Sivas, etc. ; seulement il leur
manque les dépôts de gypse si caractéristiques pour ces
dernières régions. Dans tous les cas, on est involontairement
porté à admettre que toutes ces roches, y compris
les calcaires gris cristallins, ne constituent qu'un seul
ensemble géologique, et lorsque plus loin on voit les
marnes compactes et les grès passer à des masses désagrégées
d'un calcaire sableux jaunâtre, très-analogue à
celui qui tout près de Keredi (p. 223) renferme des fossiles