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d'une violente action perturbatrice. C'est ainsi qu'à côté de
Batikoyoundji les dépôts calcaires affectent une disposition
colonnaire, de manière que de loin on croit voir des corniches
basaltiques, tandis que sur d'autres points les couclies
sont plissées et tordues en tout sens. Il est probable
que ces phénomènes sont dus aux éruptions trachytiques
que j'ai déjà signalées dans la proximité de Batikoyoundji \
Entre ce village et Baba Eyub, la contrée devient
moins accidentée et n'offre que des collines à contours fort
doux ; elles sont composées de conglomérat compacte et de
grès disposés en couches horizontales, et représentant
probablement un dépôt lacustre tout à fait local (non
indiqué sur ma carte géologique), car dans les parages
de Baba Eyub il est remplacé par des calcaires à couches
presque verticalement redressées. Ainsi que nous l'avons
vu 2, à i lieue 1/2 au sud de Baba Eyub, ces calcaires
sont percés par des trachytes qui n'occupent dans ce sens
qu'une étendue peu considérable, puisque les calcaires
reparaissent à peu de distance et composent exclusivement
la région qui de là s'étend jusqu'à Sivri, village situé à une
altitude de 990 mètres. Entre ce dernier et Ilidja, les calcaires
tantôt blancs et friables comme de la craie, tantôt
grisâtres, compactes, à cassure conchoïde, passent à des
marnes bleues, feuilletées et alternant avec des grès calcaires
jaunâtres et des marnes blanches massives ; les couches
redressées et diversement colorées donnent un aspect
particulier aux hauteurs c{u'elles composent et qu'elles
découpent en zones parallèles avec une admirable symétrie.
'1. Voyez Roches éruptives, p. 92.
2. Ibid.
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Ces roches passent par des transitions tellement insensibles
aux roches fossilifères de Batikoyoundji, qu'il devient
fort probable qu'elles font partie du même horizon géologique
et que, par conséquent, le terrain jurassique embrasse
dans son extension du nord-est au sud-ouest l'ensemble de
la région comprise entre Batikoyoundji et Ilidja, tout en se
trouvant localement interrompu par des roches éruptives
qui le percent, ou des dépôts plus récents qui le masc{uent.
Il est de même assez probable que, dans la direction de
l'ouest, les dépôts jurassiques de Batikoyoundji s'étendent
jusqu'aux parages limitrophes de Sivrihissar, car parmi les
dépôts sédimentaires que M. W. Hamilton signale dans la
contrée cju'il traversa depuis Batikoyoundji jusqu'à Sivrihissar,
en passant par Beyesch et Mulk, il en est beaucoup
c[ui, sous le double rapport stratigraphique et pétrographiqiic,
rappellent les roches fossilifères de Batikoyoundji.
En effet, si d'un côté le savant anglais signale des dépôts
horizontalement stratifiés qui pourraient bien être des
dépôts lacustres, il nous apprend que, dans les parages de
Slulk, ces dépôts reposent sur ce qu'il qualifie de formaiion
crétacée à couches plongeant à l'ouest, c'est-à-dire à peu
près dans le même sens que les calcaires à ammonites de
Batikoyoundji \
Conformément à cette hypothèse, que comme de raison
je n'admets que provisoirement, le domaine jurassique situé
au sud-ouest d'Angora serait limité au sud par une ligne
droite dirigée de l'ouest à l'est, partant des parages limitrophes
d'Ilidja et aboutissant au bord occidental de la
'1. Voyez pour les délails relatifs à l'ilinérairo de M. Ilaraillton : Roches
éruptives, p. 93.