234 T E I Ì R A I N TERTIAIRIÎ INFÉRIEUR. C H A P I T R E III. m
tie calcaire blanchâti-e, de marnes et de grès rouges et
bleus qui rappellent par leur aspect les environs de Sivas,
moins la riche végétation qui manque à ces derniers. Ces
roches sont tantôt horizontalement stratifiées, tantôt verticalement
redressées.
Lorsqu'on traverse le rempart susmentionné pour se
rendre de la vallée de Hammamia Sou dans celle de l'Aratch
Sou, on atteint une altitude de 800 mètres, d'où l'on jouit
d'une vue magnifique sur la première de ces deux vallées;
le Hammamlu Sou s'y présente encadré entre des rochers
sourcilleux richement boisés, et se partageant en plusieurs
bras pour tourner brusquement au sud. Le panorama a
quelque chose des pittoresques paysages de la Suisse.
Il faut environ deux heures de marche pour atteindi-e le
point culminant de la chaîne qui sépare le Hammamlu Sou
de l'Aratch Sou et dont les régions supérieures renferment;
beaucoup d'Alvéolines, associées à quelques Nummulites.
La descente qui conduit dans la vallée d'Aratch se fait
par un sentier très-caillouteux, au milieu de beaux taillis de
pins et de chênes. De tous côtés on ne voit que des masses
arrondies de grès friable ou de brèche, l'un et l'autre
coloriés par l'oxyde de fer, ce qui imprime à la contrée un
certain aspect qui rappelle les dépôts rouges gypsifères de
la vallée du Kizil Trmak; raison de plus pour ranger ces
derniers dans le terrain tertiaire inférieur, car, bien que les
grès friables et les brèches dont il s'agit ne soient point
caractérisés par des fossiles, ils se rattachent si intimement
aux calcaires blancs à Nummulites, très-répandus dans la
vallée d'Aratch (ainsi que nous le verrons tout à l'heure),
qu'il est impossible de séparer les uns des autres.
En descendant dans la vallée d'Aratch par le village
Tchaililar, on la voit bordée au nord par une série de hauteurs
ondulées derrière lesquelles s'élève la chaîne de l'Aratch
Dagh, qui n'est en quelque sorte que le prolongement oriental
du Dourna Dagh; les contours de l'Aratch Dagh sont
linéaires, et ses surfaces symétriquement rayées par les bancs
horizontaux de calcaire blanchâtre qui les composent. A
mesure que l'on remonte la vallée, l'Aratch Dagh se rapproche
de plus en plus de cette dernière et finit par en constituer
directement le bord septentrional; quant aux hauteurs
qui longent la rive méridionale de l'Aratch Sou, elles s'aplanissent
graduellement pour être remplacées, plus à l'est,
par des hauteurs beaucoup plus considérables formant les
contre-forts de l'ilkas Dagh.
Dans son cours inférieur le lit de l'Aratch Sou est fort
large, et se trouve Çcà et là bordé de petites prairies ou pelouses
verdoyantes, ombragées par de superbes peupliers et
noyers; souvent elles impriment à ces lieux ce caractère
gracieux et suave qui rappelle les jolies vallées de la côte
asiatique du Bosphore, et notamment celle de Hounkiar Iskelessi
(échelle du Grand Seigneur) \
Dans toute cette partie de la vallée, et malgré son élévation
assez considérable, les chaleurs sont intenses pendant
l'été; ainsi, le 20 août (1850), à une altitude de
520 mètres, mon thermomètre indiquait à midi /|8%3 au
soleil, et 27°,6 à l'ombre.
A 2 1/4 lieues environ à l'ouest du village Samatly, les
montagnes, toujours composées de bancs horizontaux de calcaire
nummulitique, se rapprochent en formant une espèce
d'arc, de manière à ne laisser qu'un intervalle pour le pas-
I. Voyez mon Bosphore et Coiislanlinople, p. 41.