270 T E R R A I N TERTIAIRE INFÉRIEUR.
de la contrée, l'altitude en est assez considérable pour masquer
la vallée du Kizil Irmak et même la chaîne du Kousch
Dagli, car en traversant les surfaces à peu près horizontales
qui se déploient entre Bayad et Ivouroutchaï, je n'ai
pu voir ni la vallée ni la chaîne dont il s'agit; aussi l'altitude
moyenne de ces surfaces n'est pas au-dessous de
700 mètres. Presque toutes les sources de ces parages
(comme en général de la région située entre Iskelib et
Tchengri) ont une eau plus ou moins saumâtre.
Entre Mehmed Tchiflik et Ovadjik, et ce dernier et
Baglabag, la contrée est composée tour à tour de plaines et
de plateaux, sillonnés par des ravins profonds ou hérissés de
hauteurs de gypse ; cette dernière roche tantôt compose à
elle seule des masses entières, tantôt alterne avec un grès noir
à grain très-fin, rappelant beaucoup les grès noirs de Yuzgat
caractérisés par des fossiles tertiaires inférieurs. Toutes ces
roches ont leurs couches plus ou moins fortement redressées;
souvent les grès foncés sont remplacés par des grès
rouges qui colorent le pays de teintes vives, comme c'est
entre autres ie cas avec la chaîne aux contours pointus qui
s'étend au nord-est d'Ovadjik et dont les bancs de grès
rouge plongent au sud-ouest. L'altitude de la plaine dans
les parages d'Ovadjik est de 907 mètres.
<\ i kilomètre environ au sud-ouest de Baglabag se
trouvent les exploitations de sel gemme connues dans le
pays sous le nom de salines de Baglabag. Plusieurs de ces
dépôts sont situés sur les flancs des hauteurs coniques qui
bordent une vallée étroite, hauteurs composées de gypse à
couches verticalement redressées. La saline la plus proche
du village est à environ 800 mètres au sud-ouest de ce
dernier; malheureusement, au moment oii je visitais ce
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gîte de sel, il était envahi par l'eau à laquelle les Turcs
l'ont cédée, n'ayant ni les moyens ni le désir de se mesurer
avec leur ennemi. Deux autres salines, aujourd'hui
en pleine exploitation, se trouvent à 1 kilomètre environ au
sud-ouest de Baglabag; ce ne sont que des excavations peu
spacieuses et presque au niveau de la surface du sol, car
on se contente d'attaquer les parois sans aller dans le sens
vertical, en sorte que les travaux se bornent à un certain
nombre de galeries horizontales, très-peu favorables aux
observations, et à peine protégées contre les éboulements
par les parlies de la roche laissées intactes et figurant autant
de piliers naturels. Comme on ne creuse point de puits, les
dénudations sont peu étendues, et ne permettent guère d'apercevoir
la roche qui sert de base aux dépôts de sel. Ceuxci
consistent en des masses irrégulières et non stratifiées,
auxquelles des dépôts de gypse superposés à des marnes
bleuâtres compactes paraissent servir de toit. C'est ce même
gyspe qui compose toute la surface extérieure de la montagne,
et il est probable qu'il renferme les dépôts de sel à
l'état de nids ou de coins, dont pour le moment il est impossible
d'apprécier les dimensions verticales et horizontales. Le
peu qu'on en voit constitue déjà une masse de plus de
3 mètres d'épaisseur.
A 2 1/2 lieues au nord-ouest de Baglabag se déploie la
vallée de Tchengri qu'arrose le Tchengri Sou (affluent gauche
du Kizil Irmak), dont le large lit ne contient en été qu'un
mince filet d'eau, et se trouve blanchi par des efflorescences
de sel. L'altitude de la vallée prise dans la partie inférieure de
la petite ville de Tchengri est de 895 mètres; un peu au-dessous
de cette dernière, la vallée est bordée du côté de l'ouest
par des hauteurs de médiocre élévation, composées de con