356 TERRAIN TERTIAIRE INFÉRIEUR.
11 devient extrêmement difficile de constater les points
de contact entre les couches horizontales qui revêtent le
revers extérieur (celui qui regarde le village de Gulek) du
Kalé Dagh ' et les couches redressées du calcaire cfui compose
le revers intérieur (celui qui regarde le défilé) ; la
relation entre les roches des deux revers non-seulement n'est
point nettement indiquée par leurs rapports de superposition,
mais cette relation est encore masquée ou dissimulée par
la similitude qu'elles présentent dans leur composition respective,
car souvent elles ne diffèrent que par des nuances
peu prononcées. Toutefois, malgré cette fusion apparente,
qu'un examen plus minutieux, mais surtout plus prolongé,
fera sans doute disparaître, les dépôts des deux revers
se distinguent l'un de l'autre par deux particularités
essentielles : la première, c'est la divergence frappante dans
leurs conditions stratigraphiques, et la deuxième, c'est la
présence de fossiles dans l'un et leur absence complète
dans l'autre. Ces points de dissemblance suffisent pour faire
admettre c[ue les deux revers du Kalé Dagh appartiennent
à deux époques géologiques dilïérentes, dont la plus ancienne
est antérieure à celle du terrain tertiaire moyen. Mais
c'est aussi là tout ce que, pour le moment, il est permis
d'avancer; car, tant epe des recherches ultérieures n'auront
pas éclairci la question, le Kalé Dagh pourra toujours être
comparé à une médaille dont les deux revers sont évidemment
composés de deux plaques de métaux différents, mais
soudées de manière à n'avoir pas encore laissé découvrir
leurs points de contact.
1. Littéralement chiUeau-monlagne [Kalé, château, Daghj montagne),
nom qui se rapporte probablement plutôt aux formes do la montagne
qu'aux restes insignifiants d'anciennes maçonneries que l'on y trouve.
CHAPITRE YI. 357
VIII.
Maintenant qu'après avoir coupé en deux sens opposés
le versant méridional du Boulgar Dagh, nous sommes
parvenus à l'extrémité nord-est de ce massif, à l'endroit où
il se trouve traversé du nord-ouest-nord au sud-est-sud
.par une longue et étroite vallée, dont l'extrémité sud-estsud
fortement rétrécie constitue le défilé si célèlire sous le
nom de Pyles ciliciennes (Gulelf Boghaz d'aujourd'hui),
nous remonterons ce défilé jusqu'au point où il débouche
dans la vallée traversée par le Bozanta Sou; puis, sans descendre
cette vallée, nous la franchirons obliquement, afin de
nous diriger le long du versant méridional de l'Ala Dagh
vers Karsanty Ogiou, en passant par le village de Kizildagh ;
c'est exactement la voie que nous avons déjà suivie^ pour
étudier les serpentines de cette conti'ée, tandis que cette fois
nous en examinerons les dépôts sédimentaires.
Quand on est descendu du village de Gulek dans le défilé
qui porte le même nom^ et cfu'on traverse ce dernier du
sud-ouest au nord-est, on débouche sur un plateau nommé
Tekir, bordé à l'ouest par des massifs élevés, revêtus en
partie de belles forêts ^ Le plateau de Tekir ne paraît être
qu'un renflement local du défilé, car, après avoir franchi ce
plateau, on descend (à 3 lieues environ au nord-est de Gulek)
dans une gorge cpi continue sans interruption jusqu'à
1. Voyez Roches eruptives, p. 435-439.
2. La longueur du défilé do Gulek Boghaz proprement dite, peut-êtreévaluée
à '1 lieue, sa largeur n'a sur quelques points que do 8 à 10 mètres.
3. Le '17 juillet 1853, lorsque je traversais ce plateau, quelques-unes
des sommités du Boulgar Dagh étaient revêtues do neige.