196 T E R R A I N TERTIAIRE INFÉRIEUR.
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la vallée du Bakur Tchaï, les rangées de montagnes qui la
bordent des deux côtés se rapprochent graduellement, ce
qui fait que dans les parages de Soma la vallée est considérablement
rétrécie. Le calcaire qui compose ces montagnes
est tantôt bleuâtre ou foncé, à texture cristalline, tantôt de
teinte jaunâtre et à faciès éminemment tertiaire. Cette dernière
variété domine entre Soma et Kirkagatch; mais à
mesure qu'on remonte le Bakur ïchaï en s'avançant jusque
près de ses sources, on voit les calcaires tour à tour disparaître
et surgir au milieu des trachytes et des basaltes, en
sorte que toutes ces roches présentent des enchevêtrements
tellement nombreux et compliqués, que même une carte à
très-grande échelle aurait de la peine à les exprimer.
Ce phénomène, si embarrassant pour le géologue, se
manifeste non-seulement entre Rirkagatch et Bäsch Gelembé,
mais encore (et même d'une manière plus prononcée) au
nord et au sud du dernier de ces villages, et notamment
d'un côté, entre Bäsch Gelembé, Baba Koï et Balikesri, et,
de l'autre côté, entre Bäsch Gelembé et Akhissar. Ainsi,
lorsqu'on se rend de Balikesri à Tchaousch Koï, on voit à
peu de distance au sud de Balikesri les granits et les trachytes
brusquement remplacés par un calcaire blanc à cassure
conchoïde, à texture quelquefois un peu friable. C'est
ce calcaire qui compose presque toute la contrée peu accidentée
comprise entre Balikesri et ïchaousch Koï. A 1 kilomètre
environ au sud de Tchaousch Koï la contrée devient
montagneuse; le calcaire y forme de beaux groupes de
rochers, il est souvent stratifié et présente un plongement
sud 1° est, sous des angles de 30 à /|0 degrés. Quekjuefois
les couches sont très-puissantes et composées de lames ou
de tablettes minces, se fendant avec tant de régularité
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qu'elles rappellent les schistes lithographiques de Sohlenhofen;
d'autres fois toute la roche est divisée en parallélipipèdes
qui revêtent toutes les surfaces de la contrée comme
d'un pavé artificiel, lii où la roche est chargée de concrétions
siliceuses, le sol est jonché de morceaux de silex, de
calcédoine, d'agate, etc. Aucune de ces variétés calcaires
ne m'a fourni de trace organique quelconque.
A 2 lieues au sud de Tchaousch Koï, on voit descendre le
long des hauteurs calcaires, des traînées de trachytes';
cependant, ces éruptions n'interrompent que çà et là la série
des dépôts calcaires qui reparaissent dans la proximité
immédiate des trachytes, mais ayant presque toujours leurs
couches plus ou moins fortement redressées, ce qui a notamment
lieu à 1 lieue environ au nord de Baba Koï, où les
calcaires et les marnes plongent au nord h" ouest, sous des
angles de 50 à 60 degrés. ,
La descente assez rapide qui de Tchaousch Koï conduit
à Baba Koï offre un très-beau coup d'oeil, on voit se
déployer le gracieux panorama de la vallée du Sousourou
Tchaï (nommé ici Simav Tchaï), bordée à l'est par un rempart
élevé, au pied duquel brillent les minarets de Bogaditch,
et à l'ouest par une autre chaîne qui constitue le bord
occidental de la vallée sur lequel est situé Baba Koï, à une
altitude de 300 mètres; cette chaîne est formée de hauteurs
considérables couronnées de masses trachytiques, tandis
que les régions inférieures sont composées de calcaire.
Baba Koï se trouve dans le domaine de ce dernier, mais
les montagnes qui s'avancent dans l'intérieur de la vallée
sont presque toutes trachytiques.
\. Voyez Roches érupiives, p. 40.